| Sujet: lucky ► j'préfère les pétards aux pétales et un peu la boisson. Jeu 18 Juil - 21:20 | |
| Abigail Lucky Ipswich Carte d'identité date et lieu de naissance: le 23 novembre 1992, à Ipswich, du moins c'est ce qu'on a marqué sur ses papiers d'identité. âge: vingt ans nationalité: anglaise, suppose-t-on groupe sanguin: O négatif métier ou études: sans emploi fixe, ancienne revendeuse à Glasgow (UK), voleuse à la sauvette de temps en temps orientation sexuelle: partout et nul part à la fois. mais une préférence pour les hommes. statut: célibataire situation financière: plus que catastrophique groupe: glory in illness THIS IS WHO I AM
Impulsive, Lucky l'a toujours été et ne cessera sûrement jamais de l'être. Elle ne réfléchit que très rarement aux conséquences de ses actes ce qui peut sûrement expliquer en grande partie pourquoi elle se retrouve actuellement à la rue. Personne n'a jamais été présent pour lui imposer de limites et par conséquent, elle n'a jamais été capable de se les fixer par sa seule volonté. Pour arriver à ses fins, elle n'hésite pas à user de moyens peu légaux. Entre vols, violation de domicile, manipulation, drogue, le casier judiciaire de la petite orpheline est long et loin de se stabiliser tant qu'elle vivra dehors. En dehors de ces défauts créés par un parcours compliqué, Lucky éprouve beaucoup de difficulté à se lier aux autres sincèrement et à lâcher du lest pour accorder sa confiance. En dehors de cela, Lucky reste une ado comme les autres. Elle aime rire, se mettre en avant quand ça lui est possible. Une chance que le vintage soit revenu à la mode, de sorte que son look sorti des poubelles n'a plus l'air tellement étrange finalement dans la capitaine anglaise. Livrée à elle-même depuis toujours, elle est autonome et n'a jamais eu besoin de personne pour se sortir de ses ennuis ou encore pour se débrouiller. D'ailleurs, il n'est même pas sûr qu'elle accepte un jour qu'on s'occupe d'elle. Son indépendance est autant sa plus grande force dans ce monde qu'une de ses grandes faiblesses. Elle aime déconner, comme tous les ados de son âge, vivre à la rue ne l'empêche pas de mener une existence comme celle des gens ordinaires.. Lucky ne peut pas rentrer dans un magasin sans repartir avec un truc dans la poche ou dans le large sac à dos qu'elle trimbale partout. Elle a toujours une cigarette sur elle, au cas où, profitant la plupart du temps de la générosité des étudiants qu'elle croise dans la rue. Quand elle rencontre des gens, elle ne peut s'empêcher de leur raconter une histoire différente sur sa vie, préférant que les autres ignorent sa situation précaire. |
WHAT'S WRONG WITH ME?
Dossier Médical: Traînant dans le monde de la drogue depuis ses quinze ans, c'est en particulièrement mauvais état que Lucky a débarqué en Australie, dans cette clinique. La peau ravagée par les effets de la drogue et les dernières maltraitances du gang ainsi que des années d'errance, il a fallu combattre avec force l'addiction pour enfin se tirer de ce cauchemar. Aujourd'hui, elle compte les jours de sa rémission comme sa plus grande fierté, une nouvelle chance qu'on lui offre pour enfin vivre la vie qu'on lui a volé. Mais rien n'est si simple et il lui arrive souvent de craquer pour un joint, au grand détriment des neurologues et des infirmières chargées de ses contrôles réguliers. Replonger dans la drogue dure risquerait de mettre en péril sa santé, elle en a pleinement conscience sans vouloir réellement l'admettre. Il lui arrive encore souvent de subir des crises de manque, accompagnées de tremblements violents, de sueurs froides et d'autres réjouissances qui l'ont forcé au départ à trouver un hôpital où se faire soigner. |
That's the thing about pain, it demands to be felt Tu crois que la vie, ça se résume à une petite enfance tranquille ? Je crois que finalement, je pourrais tenir le scénario d'une mauvaise série télé. Sûrement que ça ferait un joli succès. En héroine principale, la gosse qu'on a laissé à l'abandon dans un aéroport du sud de l'Angleterre. Aujourd'hui, tout ça me fait rire. Peut-être que je devrais pas, que ça fait mauvais genre. C'est le cas. Mais au fond, qu'est-ce que ça peut changer ? Les gens ne me regarderaient pas différemment de toute façon. A vrai dire, je sais même pas exactement comment on a fini par me retrouver. Pas de prénom, pas d'identité. Juste une petite fille rousse avec de grands yeux verts, un lapin en peluche serré contre son coeur et une jupe plissée. J'étais sous l'escalator des départs. Mon premier souvenir, cette femme blonde qui me dépose là, pose un doigt sur ses lèvres roses en me faisant un clin d'oeil. "On joue à cache-cache, ne bouge pas, je viendrais te chercher." Sauf qu'elle n'est jamais revenue. La seule personne que je vais ensuite, c'est ce type en uniforme, avec sa moustache grisonnante et ses grands airs de sauveur. Une chose est sûre, il a vite perdu sa superbe de grand seigneur quand j'ai compris où j'avais fini par atterrir. C'est à Glasgow qu'on m'a placé pour la première fois en famille d'accueil. Quand je suis arrivée, à 5 ans, qu'est-ce que vous vouliez qu'on fasse de moi ? Trop petite pour pouvoir me débrouiller seule, trop grande pour qu'on puisse avoir envie de m'adopter. Finalement, se retrouver en orphelinat, c'était un peu comme se retrouver à la SPA des enfants. Les gens aiment les petits êtres mignons, ceux qu'ils espèrent pouvoir façonner comme ils l'entendent, sans qu'on vienne leur poser de questions. A 5 ans, on parle déjà, on marche, on en a fini des gagas et des petites maladresses touchantes. Et ça, on le comprend rapidement, aussi jeune qu'on soit. Dans une famille alors, soit je m'y étais fait. Et puis sur le papier, ça n'avait pas l'air si terrible que ça. Ils avaient deux enfants à eux, trois qu'ils accueillaient déjà. Peut-être que j'allais trouver là la famille qui manquait tellement à ma vie. En tout cas, c'est ici que j'ai rencontré Freak. Bien sûr, ce n'était pas son prénom. Mais avec sa gueule de travers et la cicatrice qui barrait sa joue droite, ça lui allait plutôt bien. On a passé toute notre enfance ensemble, à traîner nos vieilles godasses dans les rues de la ville. On avait même pas le loisir de pouvoir se considérer comme des rebelles qui enfreignent les règles, les couvre-feux et les obligations que devraient vous donner des parents normaux. Tout simplement parce qu'on en avait pas. Les enfants oubliés de l'Angleterre. Ceux dont tout le monde se fichait, peu importe ce qu'ils allaient devenir. C'est lui qui nous a foutu dans ce bordel monstrueux, celui où on aurait très bien pu laisser notre peau. Il avait 16 ans, moi 15, on avait pas la moindre idée des conséquences de nos actes. Ou alors on s'en fichait, j'ai encore du mal à faire la part des choses. Ces types me faisaient un peu peur, mais ma fierté m'interdisait de faire marche arrière alors que Freak, lui, semblait tellement déterminé à aller au bout. Ils ont fini par décréter que ma gueule de gentille fille ferait une parfaite couverture. Je n'avais pas mis les pieds dans un lycée depuis des mois, préférant sécher les cours que d'acquérir des connaissances inutiles. Et au final, j'y ai pas vraiment étudié. Se faire repérer dans le bahut par la bande des grandes gueules et il ne suffisait plus qu'à leur ouvrir le stock en échange de l'argent. On faisait pas beaucoup de pourcentage dessus, mais pour des gamins qui avaient jamais rien eu de leur vie, c'était pas si mal que ça. De temps en temps, on touchait de l'herbe en échange et ça nous arrangeait aussi. Un joint, un peu de fumée, l'impression d'oublier pour un moment tous nos soucis. Pour nous c'était ça la liberté en fin de compte. "Un jour, on se cassera de cette merde. Je te le promets Lucky." Les promesses, les on-dits, à croire que c'était devenu une espèce d'habitude dans mon destin. Certains se demanderont pourquoi Lucky, pourquoi pas un surnom à la con, simplement détourné du prénom débile qu'on m'a donné avant de me placer en foyer ? L'ironie aurait eu moins d'effet, vous pouvez en être sûr. Et pourtant, qui aurait cru que parmi tous ces gens qui m'avaient promis monts et merveilles pour ma vie, ce soit Freak le seul et l'unique, du haut de ses 19 ans à ce moment-là, qui tint sa parole ? On avait prévu de se faire la malle en passant par Londres. Quitter Glasgow pour de bon et nous débarasser de ce trafic qui ne faisait que nous bouffer. Même pas adultes et déjà accro aux pilules qu'on nous glissait pendant longtemps en guise de paiement. Et c'est ce qu'on a fait sans trop y croire, baluchon sur l'épaule, sans prévenir personne, se cachant des autorités pour ne pas finir à nouveau dans un foyer. J'avais peut-être pas encore dix huit ans, mais il y a une chance dont j'étais sûre, c'est que j'étais parfaitement capable de m'occuper de moi-même et que je le faisais bien mieux que tous ces services sociaux incompétents qui n'avaient fait que nous enfoncer un peu plus dans une existence pathétique. C'était un jour de septembre, pluvieux et froid, comme souvent dans l'automne précoce londonien. On avait rencontré que peu de difficultés finalement. Les dealeurs n'avaient pas vécu notre perte comme un véritable problème apparemment, même pour eux on avait pas tellement d'importance au final. On gagnait un peu d'argent de temps en temps dans les métros en faisant la manche. Avec mon visage d'ange, j'en embobinais plus d'un, ça m'amusait encore à cette époque de leur faire des yeux de chien battu pour attirer leur pitié. Et quand on avait besoin de nouveaux vêtements, il suffisait de se servir. La gentille banlieue n'en avait rien à faire de fermer leurs porte-fenêtres, tout au fond de leur jardin qu'ils jugeaient extrêmement bien protéger. Leur naïveté nous était plus que favorable et au moins, on avait pas l'air de vrais clochards, à profiter de leurs salles de bain, de leur dressing, de leur piscine. Avec le recul, je me dis qu'on aurait peut-être mieux fait de rester là, à continuer nos petits vols qui passaient inaperçus pour ces gens qui avaient du matériel à foison. Mais Freak m'a convaincu et j'ai suivi, sans poser de questions, comme toujours finalement. N'allez pas vous méprendre. Il ne s'est jamais rien passé entre nous, Freak, c'est le seul frère que j'ai jamais eu dans ma vie et le seul que j'aurais jamais. Il est celui qui m'a sorti de la galère d'une certaine façon, même si selon lui, on était mieux en constante cavale que poser quelque part. C'est à l'aéroport qu'on s'est dit adieu. De faux passeports dans nos sacs qu'il nous avait dégoté, je sais même pas comment, et je crois que je préfère ne même pas le savoir. On allait embarquer et le chien de l'agent de sécurité s'est mis à s'agiter. On avait décidé de ne pas passer le même portique, de se taire quoiqu'il arrive et de continuer comme si de rien n'était. Ils lui ont ordonné d'ouvrir son sac et sans que je comprenne ce qui s'était passé, il a disparu derrière une porte en me regardant, neutre et impassible, comme on fixe quelqu'un au hasard, dans la foule. Mais pour nous, ça avait une autre signification. Celle d'un adieu sans mot, sans un geste en arrière. J'ai passé la sécurité, j'ai embarqué sans chercher à savoir où j'allais réellement. C'est lui qui avait choisi nos billets, de sorte à ce qu'on se retrouve côte à côte dans l'avion. Il savait que j'aurais peur dans cette machine. Et assise seule dans l'habitacle, la place vide à côté de moi me tordait les tripes. J'y ai cru jusqu'au dernier moment, jusqu'à ce que les portes ne se verrouillent et que l'engin remonte la piste de décollage. J'ai glissé la main dans la poche de mon jean, avalé un des cachets qu'il réussissait toujours à se dégoter et j'ai tâché d'oublier où j'étais. D'oublier qui je perdais, d'oublier que je n'avais pas la moindre idée de ce qui allait suivre. Une année, longue et courte à la fois, sans que je réussisse vraiment à reprendre le contrôle de mon existence. Tomber dans la dépendance, c'était facile maintenant que Freak n'était plus là pour me dire de m'arrêter et de me calmer. Alcool, pilules, pilules, alcool, des mains étrangères, des lèvres violentes, je préférais fermer les yeux et m'abandonner au monde onirique qui s'épanouissait dans ma tête. J'avais l'impression de flotter dans un trou noir sans fin. Mon premier réveil ressemblait beaucoup à une mélodie, une mélodie composée d'une unique suite de notes, répétitives à l'infini. J'ai ouvert les yeux sur un habitacle blanc et il m'a fallu longtemps pour comprendre que je n'étais pas morte. J'avais envie de sortir de là. Mes ongles se sont refermés sur le bras de quelqu'un, j'ai griffé, hurlé, jusqu'à ce qu'une aiguille s'enfonce dans ma chaire et pour qu'à nouveau, je rejoigne mes ténèbres familiers. C'est dans une chambre d'hôpital que j'ai à nouveau ouvert les yeux. J'ai voulu bouger, me lever mais rien à faire, des liens me maintenaient au lit. J'ai hurlé, hurlé encore plus fort quand les types en blouse blanche ont accouru dans ma chambre. Les jours suivants étaient sans saveur. Assommée par les calmants, je restais calme dans mon lit, attendant qu'une nouvelle crise de manque vienne me prendre et qu'à nouveau, on m'injecte leurs drogues bien à eux qui finiraient par me tuer tout aussi bien que celles que je prenais avant. C'est lentement qu'il a fallu se relever, avec de la patiente, pas vraiment de détermination, un sevrage sans que je n'en ai vraiment le choix. La première fois que je me suis levée, j'avais l'impression que mes muscles avaient disparu, comme si j'étais amputée. C'est chancelante que j'ai atteint le miroir de la salle de bain. Mes cheveux auparavant roux flamboyants étaient ternes. Mes yeux étaient cernés de noir, ma peau couverte de bleus et de crevasses, le visage ravagé par les effets de la drogue. Je me faisais peur. Mais au final, c'est peut-être ce qui m'avait le plus motivé à suivre leur programme, du moins, de la façon dont je l'entendais. J'allais au rendez-vous avec le psychiatre, je suivais leurs examens neurologiques, j'étais même polie et serviable. Mais ce n'est pas pour autant que je m'empêchais d'aller faire mon petit marché de pilules multicolores dans les ailes de l'hôpital. Les doses qu'on m'administrait étaient bien trop faibles à mon goût, trop faibles pour calmer mes tremblements. Mais au moins j'avais meilleure mine. Je ne sais pas ce qui m'attend par la suite, je vais sûrement retourner errer de foyers d'accueil aux églises offrant la charité, en attendant mes autres rendez-vous à l'hôpital. Vivre au jour le jour, comme je l'ai toujours fait, et peut-être un jour, m'en sortir. |
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