Hôpital de Sydney.
J’avance d’un pas lent vers le lit d’hôpital où mon père se trouve allongé. Le visage fermé et les yeux pleins de larmes, je me penche vers lui pour l’embrasser. Il ouvre les yeux avec difficulté et scrute la pièce en attendant de se rendre compte qu’il se trouve à l’hôpital. Il essaye de bouger mais n’y parvient pas, je pose ma main directement sur son épaule pour lui interdire de faire un quelconque geste. Les médecins disent qu’il a des côtes brisées et un léger traumatisme crânien. Il me regarde fixement. « Où est ta mère ? Et ta sœur ? Elles n’ont rien ? » Ce sont ses tout premiers mots. Un silence glacial vient finalement s’installer entre nous. Ma gorge est nouée, mon ventre serré et je sens que je vais éclater en sanglots. Ce qui ne manque pas, les larmes coulent le long de mes joues et je me retiens pour ne pas m’écrouler au sol.  « Elles sont parties papa… » dis-je avec la voix tremblante. Il ne dit rien, seul son visage peut parler à sa place. A ce moment là je peux sentir du désespoir, de la tristesse ainsi que de la culpabilité. Il conduisait la voiture lorsque cet accident est survenu. Un camion qui roulait sur la voie d’en face a glissé et a percuté leur voiture. Ma mère et Anna, ma petite sœur sont décédées sur le coup alors que mon père a réussi à survivre pour finalement se laisser mourir la nuit suivante.

Solitude & désespoir.
J’ai dix-sept ans aujourd’hui et cela fait un mois jour pour jour que c’est arrivé. Un mois que je vis mais n’existe pas. Un mois que je souffre chaque jour, chaque minute, chaque seconde. Un mois que je suis condamnée à être seule pour tout le reste de ma vie. La solitude, on croit connaître la définition mais on la connaît seulement lorsque ça nous arrive. La solitude, quand on a l’impression de n’avoir rien ni personne autour de nous, d’être enfermé dans une pièce vide au fin fond du monde, de crier sans que rien n’aboutisse. Voilà un mois que je vis seule, que je ne sors que par obligation pour aller au lycée, et encore. Assise sur le canapé du salon, vêtue seulement d’un long tee-shirt et d’un boxer, les jambes recroquevillées, je sanglote et pleure depuis tellement longtemps qu’une douleur atroce vient me serrer le crâne comme s’il allait exploser. Quelques minutes plus tard je me retrouve devant le miroir de la salle de bain. Je me regarde longuement dans celui-ci, peux apercevoir ma peau irritée par les larmes sur mes joues encore rouges. Mon regard a beau être vidé, mes yeux sont remplis de larmes qui ne cherchent qu’à s’échapper. J’allume le robinet pour passer de l’eau froide sur mon visage mais quand je relève la tête, je vois la même personne. La même adolescente seule et désemparée, qui n’a plus goût à rien et qui n’aime pas la vie. Tremblante, ma main va attraper la lame de rasoir avec laquelle j’ai l’habitude de me faire mal. Plusieurs fois par semaine, le soir, je me réfugie ici pour le faire. Je ne vais jamais au bout, mais je me fais terriblement mal et c’est déjà bien. Sauf que cette fois-ci, j’ai la conviction que je vais aller au bout, que je n’ai plus envie de vivre une minute de plus. A quoi bon vivre ? A quoi bon aimer la vie maintenant ? Si l’on ne sert à rien, si l’on se sent stupide, il vaut mieux en finir. Ma famille s’en est allée, c’est à mon tour maintenant. Je vais les rejoindre et ma vie sera beaucoup mieux à leur côté. Au moment où je tranche mon bras pour la première fois, j’ai l’image de mes retrouvailles avec ma mère, au ciel. Cette image me fait sourire, presque rire nerveusement. Et puis je continue, encore et encore, regardant le sang couler de mon bras en me disant que ce sont mes dernières minutes. C’est la dernière fois que j’ai à souffrir.

Clinique Waters, Rockhampton.
«  Rosalie,
Je ne pense pas que tu puisses imaginer ce que je ressens à cet instant précis, et à tous les autres moments de la journée. Chaque seconde est une épreuve que j’ai à affronter, chaque jour et une nouvelle guerre. J’ai conscience que je devrais te remercier du fond du cœur de m’avoir sauvée, ce soir-là, et de m’avoir fait entrer à Waters. Je sais aussi que tu as fait ça pour mon bien, que tu es ma meilleure amie et que je suis trop jeune pour m’en aller. Pourtant Anna était jeune aussi, elle n’avait que 14 ans. La vie ne voulait plus d’elle mais elle veut encore de moi alors que je ne veux pas d’elle, moi. Pourquoi ?
Sais-tu au moins comme je me sens vide et désespérée ? Sais-tu que je n’aime pas la vie, qu’à chaque seconde je ne pense qu’à une seule chose : la mort ? La mort m’entoure, la mort est partout autour de moi et je sais que je dois partir maintenant. Je le sens. Je sens que c’est le moment où je dois rejoindre ma famille, où je dois aller les retrouver et quitter ce monde.
Cette clinique est morose, elle me fait peur. Les gens me font peur, les médecins me font peur. Tout me fait peur. Je t’en supplie, sors-moi de là. Ils m’obligent à manger, à prendre des tonnes de médicaments dont je ne connais pas l’utilité, ils m’obligent à parler à un psychiatre. Je ne suis pas malade Rosalie, je suis triste. C’est tout. Pourquoi tout le monde pense que je suis malade ?
J’ai peur.
Sors-moi d’ici, par pitié.
Je t’en supplie.
Léa. »

La voie de la guérison. deux ans plus tard.
« Vous pouvez y aller, mademoiselle Kendall. N’oubliez pas, une visite chaque semaine chez le psychiatre, et pensez à prendre votre traitement. » il me tend un sac plastique dans lequel se trouvent trois boites des médicaments que je dois prendre tous les jours, deux fois par jour. Je le remercie poliment avec un geste de la tête et sors de la clinique avec ma valise. Les médecins disent que je vais mieux, que j’ai repris goût à la vie et que je guéris, doucement mais sûrement. Ils estiment que je peux vivre seule et être indépendante. Je lève la tête, inspire, expire, regarde un peu tout autour de moi. Le monde extérieur m’avait manqué. J’aperçois des gens qui marchent, qui discutent, des voitures arrêtées aux feux rouges, d’autres qui roulent, j’observe tout ça pendant un bon moment avec un léger sourire. Je sors la lettre de Rosalie dans laquelle elle m’indique le chemin pour me rendre à l’appartement qu’elle a trouvé pour moi, celui-ci se trouvant juste à quelques mètres de la clinique. Une fois arrivée à l’appartement, je découvre un loft assez spacieux, plutôt joli et moderne. Sur la table du salon, je trouve un mot. ‘Je dois retourner à Sydney pour le boulot, j’espère que l’appartement te convient. Je viendrai te voir le mois prochain. Appelle-moi dès que tu es sortie de Waters. Je t’aime. Rosa.’ Je repose le morceau de papier et ne peux m’empêcher de sourire. Je fais le tour du propriétaire comme une petite fille qui découvre une nouvelle maison. C’est plus gai qu’à la clinique, même si ça fait bizarre de se retrouver toute seule. Je file directement dans la salle de bain pour prendre une douche. Avant, je m’observe dans le miroir. Mes cheveux blonds sont devenus assez longs, mon visage est fin et ma peau est douce. Je me reconnais enfin.

Te voilà donc.   
Bienvenue parmi nous.

Saez
Bienvenue ici

Bienvenue ♥

Bienvenue officiellement parmi nous Bon courage pour ta fiche

Bienvenue

(Re)bienvenue mademoiselle!

Merci tout le monde.  

Welcome!  

Merci.  qu'elle est mignonne Emily.  

Bienvenue

Merci.  

ZIPPORA. :bave: Excellent choix.
Bienvenue parmi nous.

Merci.  

Merci beaucoup.