Mon histoire a commencé en Angleterre où ma mère, une jeune Londonienne de bonne famille, est tombée follement amoureuse de l’Amiral Preston Jones, Australien basé depuis peu dans la capitale anglaise.  Une grande et belle histoire d’amour est née entre eux, et l’année suivante ils convolaient en justes noces en grandes pompes devant des invités venus du bout du monde pour assister à l’événement.  Maman savait qu’un jour ou l’autre elle devrait quitter son Angleterre natale, mais ça ne lui faisait pas peur.  Aussi, quand au bout de trois ans la nouvelle tomba, c’est presque avec enthousiasme qu’elle fit ses bagages pour le plus long voyage de sa vie.  A cette époque, elle était déjà enceinte mais ne le savait pas encore, et la surprise fut d’autant plus grande qu’elle n’attendait pas un, mais bien deux enfants !

Ainsi Evan et moi sommes venus au monde un joli mois de mai, il y a trente cinq ans de ça.  Notre famille était aisée, nous n’avons jamais manqué de rien, mais comme dans toutes les bonnes familles, la sévérité est de rigueur dans l’éducation.  Mes parents sont des gens biens, mais ils n’ont jamais été très démonstratifs avec nous.  Les câlins n’étaient pas vraiment considérés comme utiles, nous dire qu’ils nous aiment non plus, même si on sait que c’est le cas.  Du coup, Evan et moi avons toujours eu ce problème de communication avec les autres, et on ne savait jamais exprimer ce qu’on ressentait, comme si c’était honteux de le dire.

Les choses ont quelque peu empiré pour moi quand je suis rentrée à l’école.  Etrangement, j’étais plus grande que mon frère, et que tous les autres enfants de ma classe.  «L’asperge», «le bâton», «la grande brindille», autant de surnoms qui m’étaient amicalement donnés par mes petits camarades.  Ca me mettait dans une colère noire, mais quand je me défendais, ça me retombait immanquablement dessus.  Alors comme je ne pouvais plus le faire, je me suis renfermée de plus en plus, essayant d’ignorer les moqueries.  Même quand ça a cessé, je suis restée dans mon coin, préférant ne pas me mêler aux autres.  J’étais par contre toujours collée à mon frère.  Evan et moi étions dans une relation fusionnelle, il me protégeait, me rassurait, et j’adorais quand nous étions rien que tous les deux.  Là enfin je pouvais m’ouvrir, être moi, une fille finalement plus gaie et plus drôle que celle que je montrais à tout le monde.  En dehors de ça, j’étudiais, lisais beaucoup.  Je préférais rester dans ma chambre, mes parents ne comprenant pas vraiment pourquoi j’étais comme ça, ils avaient tendance à me houspiller pour que je sorte de mon mutisme, et j’ai même un jour surpris une conversation entre eux où ils parlaient de leur inquiétude à l’idée que je ne sois pas «tout à fait normale».  Ca m’a peinée, et terriblement déçue.

A partir de là, je leur en ai voulu, terriblement.  Ils n’avaient pas le droit de me juger sans essayer de me comprendre, je me sentais trahie par les miens.  Je venais d’entrer dans l’adolescence, période de rébellion par excellence, et l’ambiance à la maison était de plus en plus tendue.  Physiquement, je commençais par contre à devenir plus jolie.  Mes formes se dessinaient de façon plus harmonieuses et les garçons commençaient à me tourner autour.  A quinze ans j’avais ma première relation que je considérais comme «sérieuse», même si elle n’a duré que six semaines en tout et pour tout, et j’avais cette envie de me venger du passé en devenant quelqu’un.

Mais comment devenir quelqu’un quand on est deux ?  L’heure était venue pour moi d’entrer à la fac, j’avais décidé d’étudier le journalisme, mais mon frère de son côté s’est inscrit à l’école militaire, il voulait suivre les traces de notre père.  Vous savez quoi ?  Cette nouvelle m’a rendue dingue.  Déjà parce qu’on allait être séparés pour nos études et que je ne savais pas comment gérer ça, et aussi parce que j’avais peur des conséquences de cette carrière.  C’était dangereux, je le savais bien, et j’étais terriblement inquiète qu’il lui arrive quelque chose.  Cette peur m’a poussée à boire, j’avoue que j’étais la première à vouloir boire un verre pour «me détendre», en fait pour oublier tout ça.  J’étais seule, inquiète, et l’alcool me réconfortait.  Pas terrible, hein ?  Je sais, mais chacun gère comme il peut.  Sauf que quand Evan s’en est aperçu, il m’a fait une scène mémorable, et c’est quand il m’a dit en criant que je le décevais que j’ai eu l’électrochoc... Fallait que j’arrête de boire, pour qu’il soit à nouveau fier de moi, coûte que coûte.  Ca n’a pas été facile, j’étais plus loin que je le pensais, mais j’ai fini par y arriver.  Quand j’ai obtenu mon diplôme, je n’avais plus bu une goutte d’alcool depuis un an, Evan était là pour la remise des diplômes, et je crois que ça a été un des plus beaux jours de ma vie.

La fin des études signifie également l’entrée officielle dans l’âge adulte.  Ca a été le début des petits boulots, jusqu’à ce que j’en déniche un plus important dans un magasine féminin à succès.  Je gagnais bien ma vie, les hommes entraient et sortaient de mon existence, à chaque fois dérangés par la présence d’un frère trop présent à leur goût dans mes pensées.  J’en arrivais à me dire qu’il faudrait que je rencontre un homme qui avait un jumeau ou une jumelle pour qu’il me comprenne !  Ma plus longue relation aura quand même duré trois ans, mais cette fois elle s’est terminée sur un adultère.  Perdre son petit ami et une amie en même temps, ça n’allait pas m’aider à soigner mon problème de confiance.

Mais le pire allait seulement arriver.  Je lui avais pourtant dit que c’était dangereux, la moto... Il m’avait répondu en riant que j’étais une soeur trop protectrice, que le simple fait de marcher dans la rue était dangereux, de nos jours.  Mais ce n’est pas en marchant dans la rue que la mort l’a fauché.  Evan est mort à trente trois ans d’une défaillance de la direction de sa moto.  Il a foncé droit dans un mur et est mort sur le coup.  Moi, j’ai eu l’impression de mourir avec lui.  Après avoir appris la nouvelle, j’ai rempli ma salle de bains et je me suis ouvert les veines.  Mais mes parents avaient prévu le coup, mon père est arrivé quelques secondes après que le sang ait commencé à couler et je me suis retrouvée dans une unité psychiatrique de l’hôpital de Brisbane.  J’en suis sortie deux semaines plus tard, on estimait que j’avais agit sous le coup du choc de l’annonce, que maintenant j’avais juste besoin de temps pour faire mon deuil.

J’ai pourtant recommencé quelques jours plus tard, cette fois à l’aide de médicaments.  Mes parents m’avaient ramenée de force à la maison familiale, mais j’avais espéré que la nuit suffirait pour que le cocktail que j’avais ingurgité fasse son effet et qu’au petit matin il soit trop tard.  Ca ne s’est pas passé comme prévu...  Ils me surveillaient, et j’avais laissé les boîtes de médocs dans la salle de bains.  Me voilà donc à nouveau saine et sauve, et cette fois les médecins n’étaient pas prêts de me lâcher.  Le psy en charge de mon cas a parlé d’un hôpital situé à environ six cent kilomètres de Brisbane, à Rockhampton, l’hôpital Waters.  Là bas il y avait un service spécialement conçu pour les dépression graves, et les séjours y étaient de longue durée.  Un an, deux ans, trois, quatre si c’était nécessaire... On ne vous lâchait pas tant qu’on n’était pas sûr que vous aviez envie de redémarrer sur de bonnes bases.

Je me retrouvais dans cette bâtisse vieillotte en me demandant ce que je foutais là.  Je n’avais pas envie de guérir, j’avais juste envie de mourir, ne pouvait-on me foutre la paix et me laisser faire ?  Les premiers mois ont été terriblement difficiles, j’étais dans le rejet de toute aide, je ne comprenais pas comment on pouvait me garder là de force.  Mais j’ai fait la connaissance de Julian, et ça a tout changé.  Julian, c’est un infirmier du service.  Le seul qui ait pris le temps de s’assoir à côté de moi avant et après son service pour me parler, pour essayer de me faire penser à autre chose qu’à cette thérapie et la mort de mon frère.  Il a été patient, il n’a jamais abandonné, et peu à peu j’ai pris confiance, je me suis rendue compte qu’il réussissait à faire naitre chez moi des sourires que je pensais avoir banni à jamais de ma vie.  Quelques frôlements de ses doigts sur les miens, un baiser inattendu, et nous démarrions une relation secrète, car interdite par le règlement de l’hôpital.  Julian s’en inquiète parfois, il sait qu’il peut perdre son travail à cause de ça, mais moi je ne veux pas que ça s’arrête.  Il me fait du bien, je commence à me dire que peut être ça vaut la peine que je m’en sorte... Et ça, ça vaut toutes les thérapies.

MA CASEY  

Merci encore de la tenter :bave: Si tu as la moindre question, n'hésite surtout pas  
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Welcoooome O/

Merci tout le moooooooonde !!!!  

Julian, j'espère que ma version de Casey te plaira  

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Merci beaucoup !  

Bienvenue !

J'adore ce que tu en a fait
Tu as parfaitement cerné le perso en te l'appropriant totalement, j'adore

Vu que je suppose qu'il faut mon avis, pour moi je n'ai rien à redire

YEAAAAAAAAHHHH !  

Merci pour la validation, et ravie que la fiche te plaise Julian !  

CHARLIZE THEROOOOOOOOOOOOOOOOON
Bienvenue sur le forum en retard

Merci Ashley !!!  

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