Sujet: we're still kids in buses, longing to be free (romy) Mar 20 Aoû - 17:52
Être étudiant, ça pourrait être bien. Surtout en littérature. Tous ces auteurs à découvrir, tous ces livres à lire, tous ces modes de pensée différents à comprendre et analyser, tous ces univers dans lesquels se plonger... Ouais, ça pourrait même être génial... s'il n'y avait pas d'examens. Et comme n'importe quel élève qui se respecte, je déteste les partiels. Mais je n'ai pas vraiment le choix si je veux réussir mon année. C'est donc sans la moindre once de motivation que je me dirige vers la bibliothèque, mon bloc-note dans une main et mon appareil photo dans l'autre. Il m'accompagne partout où je vais, après tout on ne sait jamais sur quoi je pourrais tomber... Je ne peux m'empêcher de retarder mon arrivée malgré moi, en empruntant un chemin plus long qu'à l'accoutumée et en marchant avec une lenteur sans doute plus qu'exaspérante pour la personne qui marche derrière moi. Je lève la tête vers le ciel. La lumière est belle, et le moment serait idéal pour aller faire des photos. Mais au lieu de ça, je dois aller m'enfermer pendant plusieurs heures pour faire des recherches et potasser mes cours. J'ai beau adorer ce que je fais, ça me déprime de me dire que les rares jours où je n'ai pas cours, je dois quand même travailler. En plus, ici, ce n'est pas comme en Russie où il fait froid et mauvais la plupart du temps, et où j'étais obligé de me méfier de tout le monde dès que je mettais un pied dehors et de regarder sans cesse derrière mon épaule pour vérifier que je n'allais pas me faire agresser à chaque coin de rue. Il faut dire qu'ils n'aiment pas trop les gens comme moi, là-bas... Mais ici, c'est différent. Ici, même en hiver il fait chaud. C'est comme si le soleil avait élu domicile dans ce ciel presque toujours bleu et qu'il avait décidé de ne plus jamais le quitter. Ici, il y a la mer, avec ses reflets turquoises, et l'air embaume l'eucalyptus. Ce n'est définitivement pas un pays qui incite les étudiants à rester cloîtrés chez eux pour réviser... J'ai beau vivre à Rockhampton depuis plus d'un an, je ne peux m'empêcher de m'émerveiller encore devant tout ce que je croise, moi qui n'avais connu jusque là que la banlieue terne et glacée de Moscou.
Malheureusement, même avec tous mes efforts pour avancer le plus lentement possible, je n'ai mis qu'une trentaine de minutes à rejoindre la bibliothèque. Avec un soupir résigné, je monte les marches de l'entrée et m'engouffre à l'intérieur. Il est encore tôt, il n'y a pas l'air d'y avoir beaucoup de monde. Tant mieux. Du calme et du silence, c'est tout ce dont j'ai besoin pour palier aux précieuses heures de sommeil que j'aurais pu être en train de rattraper en ce moment même, si je n'avais pas ces fichus examens à réviser... Je me glisse sans bruit entre les étagères où trônent une multitude de livres soigneusement alignés et commence à chercher les ouvrages dont j'ai besoin. Après une quinzaine de minutes passées à rêvasser en lisant les quatrièmes de couverture, je finis par réaliser que le livre que je cherche ne se trouve pas ici. Il doit être trop vieux, sans doute... Je pousse un long soupir à l'idée de devoir aller demander aux archives, mais je n'ai pas le choix. Mais où peuvent-elles bien être, ces fichues archives ? Je reviens sur mes pas et regarde autour de moi d'un air dubitatif. Je suis sûr d'être passé devant en arrivant. Ah bah tiens, qu'est-ce que je disais... À trois mètres devant moi trône une porte sur laquelle on peut lire ARCHIVES écrit en gros. Je soupire à nouveau, avant de toquer doucement. Il me semble entendre une voix étouffée à l'intérieur. J'entrouvre la porte et me glisse à l'intérieur. Ça sent le renfermé... Je sens soudain qu'on me tapote l'épaule et je sursaute violemment avant de me retourner et de me retrouver nez à nez avec une jeune femme... aux cheveux multicolores. Je hausse un sourcil, à la fois déconcerté et ébahi. Je sais que c'est la mode de se teindre les cheveux, mais c'est bien la première fois que je croise quelqu'un avec autant de couleurs sur la tête. D'abord rose vif, sa chevelure se fond vers le milieu en un bleu turquoise, pour finir par se métamorphoser en vert clair sur les pointes. Un sourire enjoué se dessine peu à peu sur mes lèvres, et c'est alors que je me rappelle pourquoi je suis venu. Elle doit sûrement se demander ce que je fais là. C'est donc avec l'impression de passer pour un parfait abruti que je me décide enfin à lui adresser la parole. « Bonjour ! Excusez-moi, je... Je cherche un livre. »
we're still kids in buses, longing to be free (romy)