Sujet: as seasons shift, lonely minds will drift (chloe) Mar 20 Aoû - 21:23
Nom de Dieu, heureusement qu'y a de la place que pour deux personnes dans cet appart, parce que referai pas ça une deuxième fois !... Me dis-je en m'affalant de tout mon long sur le canapé. Voilà plus de deux heures que je nettoie mon appartement de fond en comble et que j'essaye tant bien que mal de faire de la place pour l'arrivée de Chloe. Je meurs de chaud, quelle galère de faire le ménage ! Si j'étais un peu plus riche, je me payerais volontiers une femme de ménage, je ne sais même pas où elles trouvent la force de faire un métier pareil, quelle horreur... Après avoir poussé un long soupir agacé, je décide d'aller me servir un verre de coca, je l'ai bien mérité après tout. Mais je n'ai même pas le temps de faire trois pas et voilà que je me prends les pieds dans le fil de l'aspirateur, manquant de m'étaler sur le parquet. Je me rattrape au bord de la bibliothèque et laisse échapper un juron dans ma langue natale. C'est tellement moins fatiguant d'habitude... Il faut dire que je me casse moins la tête, en général. Il y a même des fois où j'ai tellement la flemme que ce sont les énormes moutons de poussière sous mes meubles qui me rappellent que le ménage ne va malheureusement pas se faire comme par magie. J'ai beau être ordonné, la flemmardise l'emportera toujours. Une fois mon verre terminé, je me décide à aller ouvrir la fenêtre du salon. On étouffe ici, un peu d'air frais ne peut pas faire de mal. J'observe un instant la rue. Les passants se pressent sur les trottoirs et les voitures klaxonnent au loin, comme d'habitude. Un léger rayon de soleil matinal s'invite gentiment dans mon appartement, faisant danser dans sa lumière pâle les grains de poussière qui flottent encore ça et là. Je souris. C'est la seule source de lumière, tous les autres volets sont fermés. J'ai un peu pris l'habitude de vivre dans l'obscurité, à cause des photos que je développe moi-même et du fait que je n'ai pas de vraie chambre noire. Après cette courte pause, je repars dans une autre pièce en sifflotant un air d'opéra de Dvorak qui passe à la radio, poussée à plein régime. J'adore écouter de la musique quand je fais le ménage, c'est plus fort que moi. Il va falloir que je trouve un nouvel endroit pour stocker tout mon matériel, maintenant... J'avais l'habitude de ranger mon agrandisseur, mon trépied et mes divers appareils photo et objectifs dans la chambre d'ami, jusqu'alors inutilisée, mais étant donné que Chloe emménage aujourd'hui, ce système de rangement me semble assez compromis. Je termine de les réunir dans un carton, ramassant au passage quelques oiseaux en origami qui traînent ça et là, et je parviens ensuite à glisser le tout tant bien que mal dans ma commode déjà bien remplie. Je retourne enfin m'asseoir dans le salon, en nage, et je ferme les yeux pour faire le point sur ce qu'il me reste à ranger. La chambre d'ami, c'est fait. La salle de bain et la cuisine, c'est fait. Le salon... Je rouvre les yeux et parcours la pièce du regard. Les meubles sont époussetés, la table est rangée, et mes livres sont empilés proprement et ne s’amoncellent plus à même le sol en tas informes. C'est fait. Il ne reste plus que mes photos et mes négatifs, accrochés avec des pinces à linges sur une multitude de fils qui traversent la pièce de part en part. Mais j'ai vraiment trop la flemme de les enlever, Chloe n'aura qu'a se baisser. Bon, eh bien il n'y a plus qu'a attendre qu'elle arrive, maintenant. J'inspecte mon portable, à la recherche d'un éventuel sms qu'elle aurait pu m'envoyer pour me dire où elle en est, mais ma messagerie est vide. Je soupire. Je vais pouvoir me reposer un peu, avant de devoir monter tous ses cartons à elle, ce qui ne m'enchante pas vraiment, je dois bien le reconnaître. Je ferme à nouveau les yeux et me laisse emporter par la musique qui résonne toujours dans tout l'appartement. C'est la première fois que je vais me retrouver en colocation, que je ne vais plus me retrouver tout seul, et je suis aussi pressé qu'anxieux. Et si Chloe ne se plaisait pas chez moi ? Je ne préfère même pas y penser. Je préfère me dire que tout se passera bien. Ce serait tellement formidable, qu'il y ait enfin quelque chose qui marche correctement dans ma vie... Des coups rapides frappés à la porte me font alors sursauter et me tirent brusquement de ma rêverie. Je me lève pour aller ouvrir, et esquisse un grand sourire quand mon regard croise enfin celui de mon amie. « Pile à l'heure. »
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Sujet: Re: as seasons shift, lonely minds will drift (chloe) Mer 21 Aoû - 12:07
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Sa Dodge Ram noire ne contenait presque rien; tout au plus quatre cartons et un sac poubelle où elle avait roulé ses vêtements à qui mieux-mieux sans chercher à faire dans le détails. Chloe n'avait aucun meuble, aucun aménagements: elle avait tout laissé à consigne pour payer ses deux moins de loyer en retard, sachant pertinemment que Thanatos avait déjà tout ce qu'il faudrait dans son appartement pour vivre décemment. Ainsi n'avait-elle que ses affaires personnelles, peu sentimentale avec les objets; comme avec les gens finalement: elle n'aimait pas s'encombrer. Mais avec Thanatos c’était autre chose; c'était son ami. Son meilleur ami et s'il existait quelque chose au dessus de cette catégorie, le russe serait encore un cran au dessus. Au temps de la clinique, dans l'aile psychiatrique, ils se sont rencontrés et une amitié profonde est née; Thanatos avait, avec patience, apprivoisé le renard. Il avait réussi à aller au delà de la rage constante de Chloe pour lui offrir autre chose de de la peur et de la frustration. Il avait prit son temps, mieux que les psychiatres, pour la laisser l'approcher.
Elle l'aimait, comme elle n'aimait nul autre; autant qu'un frère, qu'une partie d'elle-même et si elle avait été un homme, elle ne l'aurait pas laissé filé, pour sûr. Mais c'était ce constant entre les deux qui lui plaisait: il n'y avait aucune ambiguïté puisque tout deux étaient gays, aimant leurs propres sexes. C'était une amitié pure et dénué de tout doubles sens. Un truc magique qu'on ne rencontre qu'une fois en plusieurs vies; une amitié unique et précieuse, qui prenait toute la place dans le coeur très exclusif de Chloe: tant qu'elle avait Thanatos, elle ne voulait aucun autre pote parce que seul le russe pouvait la comprendre et lui offrir ce dont elle avait besoin; elle serait à l'égale sa béquille morale quand il en aurait besoin, quand il se sentirait à nouveau persécuté. Elle ne savait pas bien de quoi il souffrait exactement, n'ayant jamais voulu aborder le sujet, par pudeur surement. Mais elle lui avait dit être là, et qu'elle le protégerait; et elle n'était pas le genre de femme à faire des promesses stériles.
Elle gara son 4x4 en bas de l'immeuble qui n'était finalement pas très loin de celui de son frère ainé, Pryam; elle connaissait bien le quartier, à vrai dire. La brune ne téléphona pas à son ami, ni ne se fit entendre: elle se contenta de monter ses cartons toute seule, ne désirant aucune aide; elle n'avait pas grand chose. Son chien Lucky -un Jack Russel un peu névrotique- sauta au bas du siège passager et manqua de se prendre le trottoir, jappant joyeusement et tournant autour de sa maitresse qui du le réprimander pour ne pas se le prendre dans les pieds. Elle s'essuya le front et s'octroya une clope bien méditée, fumée du bout des lèvres en déposant le sac poubelle face contre les cartons devant la porte, le jetant presque contre avec nonchalance. La jeune femme, les cheveux relevé en un chignon vite expédié, ne portait que du noir pour ne pas déroger à ses coutumes: jeans rentré dans ses bottes paramilitaires toutes griffées à la coque, T-Shirt estampillé du groupe Iron Maiden avec une chemise à carreaux grise à manches courtes, sur lesquelles elle tira un peu avant de sortir son cendrier de poche pour y jeter sa cigarette sur laquelle elle avait tiré comme si elle voulait lui faire mal.
Quelques coups à la porte pour s'annoncer, son chien dans les pattes et voilà déjà Thanatos sur le seuil pour l’accueillir. Alors elle lui sourit, presque timidement, de l'air de ceux qui ne savent pas pleinement sourire sans être gênés; elle attend et ne dit rien, un peu penaude: mais quand elle parle, sa voix trahit toute l'affection qu'elle avait pour cet étrange ami qui lui avait tant de fois sauvé la mise. Et encore une fois avec cette colocation; une fois n'est pas coutume.
"Euh...", elle demeura silencieuse encore un instant, "... j'peux entrer?", elle désigna ses maigres bagages, "j'ai trois fois rien, j'ai déjà tout monté. Putain Lucky, sage! Con de chien, arrête de me tourner autour ou jte..."
Chloe esquivait son débile de chien qui avait visiblement choisi son moment pour vouloir jouer à lui tirer le pantalon avec les dents, jappant joyeusement avant de se tourner vers le russe en se roulant à ses pieds.
"Con de chien. Il est excité du voyage, excuse. A la maison il est plus calme en général, il te fera pas chier."
Le chien regarda Thanatos avec de grands yeux plein d'amour-seconde, battant bêtement de la queue tandis que sa maitresse passa le seuil de la porte pour pénétrer dans l'appartement tout propre avec un sifflement admiratif, prenant un carton à bout de bras.
"Wow, sympa chez toi... putain c'est tout propre!", elle rit, donnant un coup d'épaule à son ami, "tu viens de finir le ménage, c'est ça, hein?"
Chloe souriait rarement, mais avec Thanatos c'était différent: même si elle ne le faisait pas souvent, tout les sourires dédiés au russe, rares, étaient sincères et venant du plus profond d'elle-même.
Sujet: Re: as seasons shift, lonely minds will drift (chloe) Ven 23 Aoû - 15:01
Elle me sourit en retour, l'air un peu gênée. J'imagine que ça ne doit pas être facile pour elle, de devoir déménager, et c'est à moi de faire en sorte qu'elle se sente bien ici. « Euh... J'peux entrer ? J'ai trois fois rien, j'ai déjà tout monté. » Je regarde les cartons à ses pieds et pousse un soupir mi amusé, mi contrarié. J'aurais du deviner qu'elle allait vouloir se débrouiller sans aide, et je me sens un peu inutile pour le coup. « Putain Lucky, sage ! Con de chien, arrête de me tourner autour ou jte... » Je me mets à rire, avant de m'écarter pour la laisser entrer. Je finis de ramasser les quelques affaires qui demeurent encore dans l'entrée et vais les poser sur le canapé. Mon regard se pose lors sur le petit Jack Russel tacheté qui essaye tant bien que mal d'attraper le pantalon de sa propriétaire avec les dents, et je souris à nouveau. « Con de chien. Il est excité du voyage, excuse. A la maison il est plus calme en général, il te fera pas chier. » L'intéressé s'approche de moi en jappant et se roule à mes pieds en me dévisageant avec ses grands yeux marrons. Je ne peux m'empêcher de le soulever et de le prendre dans mes bras, ce qui lui arrache un aboiement de joie. « Ne t'inquiète pas pour Lucky, tu sais que je l'adore... » J'observe Chloe qui inspecte mon appartement avec curiosité. Elle laisse échapper un sifflement admiratif, et se retourne vers moi. « Wow, sympa chez toi... Putain c'est tout propre ! Tu viens de finir le ménage, c'est ça, hein ? » Lance-t-elle en m'assénant un coup de coude amical dans les côtes. Je la regarde avec des yeux ronds et me mets à rougir. C'est si évident que ça ? C'est pourtant pas comme si j'avais laissé traîner l'aspirateur ou quoi que ce soit... « Merci. Hmpf... Comment tu sais ? » Je ris à nouveau, puis dépose le petit chien sur le tapis. Il se met aussitôt à fureter partout, et finit par se mettre à jouer avec un oiseau en papier qui devait sans doute traîner quelque part derrière le canapé. « Bon, eh bien... Fais comme chez toi. » Dis-je sur un ton espiègle. « Tu veux boire quelque chose ? Je crois qu'il me reste du café quelque part... » Sans attendre sa réponse, je me dirige vers la cuisine et commence à fouiller dans mes placard un par un à la recherche du pot de café soluble, que je finis par trouver caché derrière une boîte de céréales, accompagné de quelques sachet de thé Oolong. Je mets de l'eau à chauffer, en regardant les sachets d'un air suspicieux et en espérant qu'ils ne soient pas périmés. « Bah viens, reste pas toute seule dans ton coin ! » Dis-je en passant la tête par la porte de la cuisine. Ça fait tellement longtemps que personne d'autre que moi n'a mis les pieds dans mon appartement que je suis tout content de pouvoir sortir mon service à thé, et tout simplement d'avoir quelqu'un a qui parler. J'ai le sentiment que maintenant que Chloe est là, mes soirées ne seront plus jamais mornes et solitaires, et le simple fait de le réaliser me donnerait presque envie de courir partout comme Lucky.
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Sujet: Re: as seasons shift, lonely minds will drift (chloe) Mer 28 Aoû - 9:40
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Chloe remarqua l'air un rien contrait de son ami et lui tira simplement la langue en passant le seuil, riant avec lui: elle n’aimait pas recevoir d'aide, cette grande fille qui détestait tant dire merci qu'elle ne le disait jamais, même pas à son frère ou son meilleur ami, aussi proches soient-ils. Elle se douta bien que Thanatos voudrait prendre quelques cartons restant dans le couloir et ne chercha pas vraiment à le décourager, ne voulant pas discuter alors même qu'elle venait d'arriver. La jeune femme déposa ses maigres affaires dans la pièce que le russe lui indiqua et tandis que son chien quémande son attention, la brune se dit qu'elle va devoir racheter quelques petites choses: elle avait vendu son canapé-lit -dégueulasse au passage- pour quelques dollars pour payer une partie de son retard de loyer; tournant la tête vers Thanatos, elle se dit qu'elle dormirait simplement quelques temps dans le salon. Elle lui en parlerait plus tard.
La jeune femme sembla attendrie sans oser le marquer réellement en voyant son ami prendre son chien dans ses bras; l'animal heureux lécha le menton de Thanatos en jappant comme un beau diable et Chloe eut une de ses habituelles moitié de sourire un peu vague, pudique. Elle lui sourit plus franchement sans rien ajouter lorsqu'il lui dit adorer Lucky; c'était agréable à entendre: elle n'avait aucune envie d'imposer un animal à son ami, mais Lucky était autant son compagnon à quatre pattes qu'une partie de son traitement, quelque part. Elle avait prit un chien pour tenter de se sociabiliser et surtout se responsabiliser.
La grande brune prit alors la décision de découvrir un peu le coin où elle allait vivre avec Thanatos; autant elle était extrêmement proche de lui, autant elle n'était jamais venue chez lui; étrange? Chloe était quelqu'un de farouche pour qui l'intimité avait des formes parfois très incongrues; elle ne se sentait pas prête à ce moment pour découvrir la vie de Thanatos en dehors de la clinique et avait attendu le moment propice. C'était drôlement propre, d'où qu'elle regardait; elle se souvint avec un sourire du bordel de son petit studio aux fenêtres toujours fermées, où il faisait toujours très sombre. Voyant la mine surprise et confuse de son ami, la brune éclata d'un rire gaillard, les mains dans les poches et le corps vacillant d'avant en arrière avant de lui donner une nouvelle accolade, enserrant ses épaules en se postant à ses cotés.
"T'es mignon quand tu rougis", elle lui offrit un sourire amusé jusqu'aux oreilles, "j'ai pas l'air, mais j'suis une femme; et les femmes ont un radar pour certaines choses."
De son côté, le petit Jack Russel nerveux avait trouvé un nouveau jouet en la présence d'un oiseau en papier qu'il heurta du bout de la truffe, aboyant mollement dessus, en position de jeu avant de le saisir entre ses dents et d'aller se cacher derrière le canapé pour commettre son méfait. Elle lâcha finalement le russe après l'avoir amicalement secoué comme elle le faisait toujours: ses gestes d'amitié avaient toujours une sorte de brutalité maladroite semblable à celle d'un jeune garçon qui roule des mécaniques. Elle ne l'attendit pas pour chercher ses marques, débarrassant rapidement ses derniers cartons pour tout ranger dans sa chambre, lui répondant depuis celle-ci:
"J'ai pas droit au café. De la tisane si tu as."
Depuis la clinique, Chloe était interdite d'excitants: pas de caféine, pas de théine, pas de boissons énergisantes. On lui avait conseillé d'arrêter le tabac mais elle n'en avait pas la force; pourtant sa consommation d'alcool avait très largement diminué, bien qu’elle ne buvait que très peu malgré les apparences: tout au plus un peu de bière, mais rarement de quoi être saoule. Surement l'addiction de son frère aîné l'empêchait-elle de se laisser aller à le suivre sur cette pente glissante, cherchant à lui montrer l'exemple pour être un terrain sûr pour lui: Chloe s'occupait à présent de Pryam comme lui s'était occupé d'elle. Parce qu'ils s'aimaient profondément sans se le dire. Un peu comme elle affectionnait Thanatos sans jamais le lui avoir dit.
Chloe revint auprès du russe une fois sa besogne achevée, se dirigeant vers la cuisine en remarquant sa tête qui dépassait de l'encadrure de la porte. Amusée, elle pressa le pas pour le rejoindre, les mains dans les poches, observant un instant l'ensemble de la cuisine; la décoration, le plan de travail; les trucs sur le frigo. C'était agréable et joli: elle n'avait jamais vécu dans un endroit aussi accueillant. Glissant à côté de Thanatos, elle se pencha pour saisir un cure-dent depuis sa boite et le glisser entre ses dents, s'amusant à le faire tourner pour échapper à l'envie de fumer: pas tout de suite, quand même; le geste lui donnait son habituelle allure de mauvaise fille pas féminine pour un sou, mais elle s'en fichait. Thanatos ne l'avait jamais jugé, comme elle ne l'avait jamais fait en retour. Sans pouvoir s'en empêcher puisqu'elle était réellement contente d'être avec lui, elle lui donna une nouvelle bourrade de l'épaule, doucement, contre la sienne.
"C'est marrant quand même...", elle regarda l'eau bouillir, "... pas de sucre", elle chercha dans les armoires sans se gêner pour en tirer deux tasses et des petites cuillères, "je pensais pas que je vivrai un jour avec un mec. Et toi, tu imaginais vivre avec une femme?"
Chloe ne parlait pas souvent avec Thanatos du point commun qu'était leur homosexualité. Par-ci par-là, quelques réflexions, quelques plaisanteries pas toujours de bons goûts de sa part. Elle ne se sentait pas bien avec lui parce qu'il était gay, mais parce qu'ils avaient un rapport amical privilégié; être homosexuel pourtant apportait un plus non négligeable car si Chloe n'avait rien contre les hommes -elle n'était pas le stéréotype de la lesbienne misandre ou revancharde- force était d'avouer qu'ils savaient parfois la mettre mal à l'aise. En outre il y avait à présent des questions qui la taraudaient, maintenant qu'elle allait être sa colocataire, comme:
"Je me suis toujours demandé...", elle lui sourit, "c'est un sacré prénom, Thanatos."
Une simple manière d'être étonnée avec pudeur que des parents décident de nommer leur enfant d'après le nom d'un dieu qui régissait le concept de la mort; c'était quand même assez étrange. Mais c'était un prénom qu'elle aimait; la brune aimait sa sonorité, amie, réconfortante. Ce Thanatos-là était son ami, loin de la mort et de la peur. Son meilleur ami, à elle.
"Et je sais qu't'aimes le cinéma, on en avais causé mais... la musique? Pas que je te passes un truc qui te ferai chier."
Chloe fit glisser les cuillères dans les tasses, avec un de ces vagues sourires, baissant la tête.
Sujet: Re: as seasons shift, lonely minds will drift (chloe) Ven 30 Aoû - 1:59
Du coin de l’œil, j'aperçois Chloe se glisser derrière moi et me rejoindre devant la vieille gazinière qui crachote une maigre flamme dont les nuances de bleu et de jaune s'entrelacent et vacillent de temps à autre. Pas le droit au café, j'aurais du y penser... Je réfléchis un instant, puis d'un geste machinal, je tends le bras vers le placard au dessus de ma tête et l'ouvre pour en sortir ce qui me semble être un sachet de tisane. « Tiens, lui dis-je en le lui tendant, c'est de la camomille, j'espère que tu aimes... C'est ce que je prends quand je n'arrive pas à dormir. » Je l'observe se pencher sur le plan de travail et se saisir d'un cure-dent qu'elle se met à mâchouiller distraitement, avant de me gratifier d'une énième bourrade amicale. Je ne peux m'empêcher de sourire, tout en versant l'eau chaude dans la théière. J'en suis arrivé à apprécier cette attitude qui m'intimidait beaucoup au départ, je dois l'avouer. Si j'avais eu une sœur, j'aurais bien aimé qu'elle soit comme Chloe. Il y a quelque chose chez elle d'à la fois surprenant et rassurant que je ne saurais expliquer. « C'est marrant, quand même... Commence-t-elle. Je pensais pas que je vivrais un jour avec un mec. Et toi, tu imaginais vivre avec une femme ? » Je ris doucement à sa remarque. À dire vrai, je ne me suis jamais imaginé vivre avec personne, que ce soit une femme ou un homme, ou même un animal. Je n'aurais jamais pensé être capable de pouvoir gérer tout ça. « Honnêtement ?... Non. Je ne l'avais même jamais envisagé. Comme quoi, la vie est pleine de surprises. Et puis... Avec toi, c'est différent. » Je place l'un des sachets de thé dans ma tasse et le sachet de camomille dans celle de Chloe, avant d'y verser l'eau bouillante. Mon regard se perd un instant dans la contemplation du liquide transparent où se mélangent peu à peu des volutes aux reflets mordorés. Je n'ai jamais été très à l'aise avec mon homosexualité, et encore moins lorsqu'il s'agit d'en parler. Surtout après tout ce temps passé dans l'armée, où les questions se faisaient indiscrètes, les insinuations douloureuses, et où la peur ne me quittait jamais vraiment. Mais Chloe peut me comprendre, elle, et je sais que jamais elle ne me jugera là-dessus. Ce n'est toujours pas mon sujet de conversation préféré, et ça ne le sera sans doute jamais, mais quand je suis avec elle il n'y a pas d’ambiguïté, pas de honte, et je n'ai plus peur d'être moi-même. C'est un sentiment nouveau pour moi, étrange, mais bien loin d'être désagréable, et rien que pour ça je ne regrette pas de l'avoir rencontrée. « Je me suis toujours demandé... Dit-elle soudain, un vague sourire aux lèvres. C'est un sacré prénom, Thanatos. » Je souris à mon tour. Ce n'est pas la première fois que l'on me dit ça, tous les gens un tant soit peu férus de mythologie s'étonnent toujours, en voyant mon apparence physique, que je puisse porter un prénom à la connotation si funeste. « C'est ma mère qui l'a choisi... Je n'ai jamais vraiment compris pourquoi, elle ne me l'a jamais dit. À vrai dire, je ne suis pas certain qu'elle le sache elle-même. C'est une artiste, elle a l'esprit fantasque. Je ne sais pas ce qu'elle a vu en moi qui aurait pu lui suggérer de m'attribuer un tel nom, mais... Elle n'avait peut-être pas tort, en fin de compte... » Ma voix n'est plus qu'un murmure qui vient s'échouer au bord de mes lèvres. Des souvenirs défilent devant mes pupilles en visions floues et désordonnées. Je vois luire le canon des fusils au milieu de la poussière, j'entends encore les hurlements de douleur de mes camarades qui tombent un à un autour de moi, et le bruit des balles qui sifflent à mes oreilles. Et puis il y a encore cette voix, toujours cette voix... Elle murmure mon nom, doucement, elle m'appelle, narquoise et acéré, elle résonne de plus en plus fort. Elle est partout, elle me suit, elle m'épie, derrière chacun de ces visages, tapie au fond de ces prunelles qui me fixent. Je sens mon estomac se nouer de terreur. « Вы не можете убежать от меня. » Murmure-t-elle, tout près de mon oreille, en un râle glacé qui m'arrache le peu de courage qu'il me reste. Je suis alors happé brusquement hors de ma vision par la voix de Chloe, je sursaute violemment et renverse la moitié de ma tasse. Je la fixe sans rien dire, les yeux agrandis d'horreur. Les secondes passent, et je ne peux m'empêcher de regarder par dessus mon épaule. Personne... Je me lève sans un bruit et attrape une éponge sur le rebord de l'évier. J'ai les mains qui tremblent et je sens le sang battre à mes tempes, c'est à peine si je réalise de quoi Chloe est en train de parler. De musique, apparemment... Tant mieux, changement de sujet, très bien. Pourvu qu'elle n'ait rien remarqué... « Euh... Je... J'aime à peu près tout. Je... Enfin, surtout le classique, mais... Je suis très ouvert. Et toi ?... C'est vrai que je t'ai jamais demandé non plus. »
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Sujet: Re: as seasons shift, lonely minds will drift (chloe) Dim 1 Sep - 15:38
As seasons shift, lonely minds will drift.
Yes I think I'm okay; I walked into the door again. Well, if you ask that's what I'll say and it's not your business anyway. I guess I'd like to be alone with nothing broken, nothing thrown. Just don't ask me how I am. Please, just don't ask: I think I'm okay.
Chloe prit la tasse de thé à bout de doigts, remerciant Thanatos d'un hochement de tête silencieux; pas besoin de plus, avec elle. L'odeur apaisante de la camomille, agréable et persistante, lui monta aux narines tandis qu'elle regarde son ami versé l'eau bouillante sur les sachets de thé qui rapidement dansent dans l'eau devenue légèrement jaune pâle, claire et parfumée, toujours aussi transparente. Elle regarda un instant le sachet infuser, colorant le liquide en quelques secondes; cette vue l'apaisa étrangement, à moins que ce ne soit la fragrance de la tisane qui en fut l'auteur. Thanatos rit, ce qui était à la fois rare et commun, bien étrangement aussi. Ce type avait quelque chose de très spécial, qui le différenciait des autres; pas qu'il était cinglé, pas qu'il tait malade: ces choses-là ne compte pas pour Chloe. Ils ont passé de longs mois dans l'aile psychiatrique ensembles et même s'ils ne savent pas tout l'un de l'autre, la brune savait que Thanatos pouvait avoir ces crises de démence, devenir violent; mais elle ne s’inquiétait pas. Elle devrait, mais elle n'y parvenait pas. Pourtant elle l'avait déjà vu, paniqué, reconnaitre sans connaitre un persécuteur qui s'incarnait dans des anonymes. Comme lui avait vu un jour Chloe frapper dans un mur jusqu'à se briser une phalange, les mains en sang, le regard plein de haine et à la fois complètement vide, comme possédée; ils étaient deux malades en rémission; ce n'était pas forcément fini avec leurs cas.
Pourtant, elle était là pour lui comme il était là pour elle, et maintenant qu'elle vivait avec lui pour un petit moment, il semblait à Chloe que la nuit serait moins noire. Ou moins blanche plutôt, sujette à des insomnies récurrentes mais refusant de prendre des somnifères, anciennement dépendante des anxiolytiques. La camomille aiderait peut-être. Elle lui sourit un instant en lui frottant le dos, à la fois tactile et farouche: si elle touchait beaucoup les gens, à plus forte raison Thanatos, elle n'aimait pas qu'on fasse l'inverse, étrangement pudique.
"Ouais, c'est différent", fit-elle avec un large sourire sincère.
C'était différent pour une tonne de raison, la meilleure étant qu'il étaient sexuellement aux opposés de la sphère des comportements sexuels; mais comme toutes les sphères, très justement, il n'y a aucune extrémités: tout se confond, sans coin, sans angle. Alors parfois pour Chloe c'est compliqué, surement plus que pour Thanatos. Parfois elle le regarde, et elle pense; plus qu'on ne le croirait. Parfois elle se demande ce qu'il aurait pensé d'elle si elle avait été un homme, ce qu'elle aurait pensé de lui s'il avait été une femme; si c'est bien important. Et quand elle se rend compte qu'elle pense trop, elle relègue ses réflexions stériles dans un coin de sa tête. L'amitié, quand elle est intense, dépasse la limite de l'amour: c'était une forme d'amour que Chloe avait pour Thanatos; de celui qui est plus fort que n'importe quel amour car il est libre, sans jalousie, sans pulsion.
Elle prit une gorgée de tisane, ignorant sa chaleur en plissant simplement le nez et les yeux. Thanatos lui parla de son étrange prénom, de sa mère; les artistes sont des gens qu'elle ne comprendrait jamais. La brune le regarda un instant, sans rien dire.
"Tort sur quoi?", demanda-t-elle un peu tout de go, "un prénom, c'est juste un prénom, je suis assez terre-à-terre...", la brune haussa les épaules, "et c'est ton prénom. Pour moi il n'a jamais été funeste. A la clinique quand je le prononçai, je me sentais mieux."
Elle rit un peu bêtement, un peu comme toutes les femmes le font quand elles sont gênées ou mise à quia. Malgré ses manières, ses mécaniques, Chloe restait une femme.
"Si c'est toi le dieu de la mort, alors je n'ai plus peur."
C'était vrai, c'était faux; c'était tendre, un peu abrupte: tout ça à la fois. Ils s'assirent finalement pour boire leurs tasses et un silence agréable s'installa entre eux, de ceux qui dit tout sans avoir besoin de parole superflue; de ces silences pleins, qui n'ont pas besoin d'être comblés. Et pourtant quand la brune croise le regard du russe, quelque chose semble déraper: elle le fixe, la tasse au bord des lèvres, en position suspendue: ses yeux semblent pétris d'horreur; elle attend, calmement, tout en étant surprise, le voyant se reprendre et regarder derrière son épaule. Son sursaut a renversé la moitié de sa tasse dont le contenu se répand sur la table sans qu’aucun des deux ne fasse rien pour endiguer cette invasion. Le voyant se lever, Chloe ne le suit pas, ne dit rien. Pas la peine de lui poser la question, pour qu'il se sente agressé; elle avait bien vu son attitude, cette pâleur, ces yeux craintifs; ces mains tremblantes.
Il revint avec une éponge, l'air de rien; Chloe relève un peu la tête, le questionnant du regard. Mais elle n'insiste pas comme il change de sujet pour revenir à pieds joints dans la conversation qui portait sur la musique.
"Oh bah, en fait j'aime le heavy Metal", dit-elle avec une certaine négligence, "AC/DC, Motörhead, Iron Maiden... des trucs du genre...", elle montre son t-shirt Black Sabbath, "et j'aime d'autres trucs, INXS, David Bowie, Depeche Mode, Simon and Garfunkel, Herman's Hermits, du vieux rock... de la musique de films, aussi. Parfois ça me détend."
Chloe eut un pauvre sourire et fouilla dans sa poche pour en tirer son portable, qui semblait avoir connu des jours meilleurs; elle y chercha rapidement quelque chose, se levant en posant sa main sur l'épaule de son ami pour lui dire de ne pas se déranger.
"Tiens, écoute... ça c'est génial."
La brune avait une sympathie particulière pour les musiques qu'elle avait entendu dans une vieille série des années 90, Twin Peaks. Un son irréel et tranquille, comme "Into the night", porté par la voix étrange, douce et aigüe de Julee Cruise. Chloe prit son temps pour essayer de détendre Thanatos; avec lui, elle était plus tendre, plus douce; elle développait une patience que même son frère ne soupçonnait pas d'elle. Des paroles simples mais qui lui parlait, à elle qui avait du mal à trouver le sommeil, et l'amitié. Alors un instant, tout doucement, elle posa ses mains sur les épaules de son ami et quand il fut habitué à sa présence, debout derrière lui, elle passa ses bras autour de lui, comme pour le protéger, le bercer; lui dire que tout irait bien.
"Ça va, je suis là. T’en fais pas."
Rien de plus; elle le protégerait à sa manière, comme elle l'avait toujours fait, parce qu'il l'avait protégé elle aussi.
Sujet: Re: as seasons shift, lonely minds will drift (chloe) Mar 3 Sep - 0:28
Après quelques secondes d'angoisse, je constate avec un immense soulagement que Chloe a la délicatesse de ne pas souligner « l'incident » qui vient de se produire ni de poser la moindre question à ce sujet. Elle a sans doute compris, depuis le temps qu'elle me connait... Cela me change agréablement des gens qui ne savent pas grand chose de moi et qui ont parfois le malheur de se trouver en ma compagnie quand l'Autre refait surface, malgré les dizaines de pilules que je me force à avancer tous les jours. Ils ne comprennent jamais, me dévisagent avec crainte et confusion, parfois même avec mépris. Pour eux, je ne suis sans doute qu'un cinglé... Mais pas pour Chloe, parce qu'elle et moi, bien que nos problèmes ne soient pas les mêmes, nous sommes passés par des chemins semblables. Nous savons tous les deux ce que ça fait, d'être coincé en psychiatrie et d'essuyer l'incompréhension des autres. Je l'écoute énumérer les groupes qu'elle aime avec un sourire appréciateur, et je regarde son t-shirt à l'effigie de Black Sabbath. Tous ces noms éveillent dans ma mémoire de nombreux souvenirs auxquels je n'avais pas pensé depuis longtemps. Je me rappelle mon adolescence que j'ai passée, la plus grande partie du temps, enfermé dans ma chambre à écouter de la musique et à lire. Je me rappelle de mon père, de son obsession avec l'armée et de son désir de m'y envoyer. Je me souviens de tous les groupes que j'écoutais, et qui hurlaient ma rage et ma peur tandis que ma bouche, elle restait muette. Je secoue doucement la tête, comme pour chasser mes pensées, à nouveau. Je ne suis pas certain d'avoir envie de penser à mon père à cet instant. C'est un peu de sa faute, si j'en suis là aujourd'hui. Quand je pense qu'il ne m'a même pas rendu visite une seule fois pendant tout le temps où j'étais à la clinique, ni même écrit ou téléphoné... Non, je n'ai définitivement pas envie de penser à lui. « Tiens, écoute... ça c'est génial. » Me dit alors Chloe, en sortant son portable. Je l'observe, curieux d'entendre quelle musique elle s'apprête à mettre. Une voix s'élève alors dans la pièce, douce, presque irréelle. Elle me semble familière, mais je n'arrive pas à me rappeler où je pourrais l'avoir entendue. Je ferme les yeux. La mélodie est lente, envoûtante. J'ai l'impression de flotter dans le vide, et ce n'est vraiment pas désagréable. Peut-être que c'est cette sensation-là que ressentent les astronautes qui s'en vont dans l'espace. Je les envie un peu. Tout doit sembler si tranquille dans le silence de l'univers, au milieu des étoiles, loin des problèmes, loin de tout... Je sens alors les mains de Chloe se poser sur mes épaules, ce qui m'arrache un sursaut. Je n'ai pas l'habitude qu'on me touche comme ça, même si je sais parfaitement qu'elle ne pense pas à mal. Ce genre de contact m'est étranger, me paraît presque incongru. Mais je ne dis rien. Après tout, c'est Chloe. Les minutes passent, ses bras viennent entourer mes épaules et se posent sur mon torse. « Ça va, je suis là. T’en fais pas. » Ajoute-t-elle. Mon visage se fend d'un sourire sincère. Ce n'est pas grand chose, mais je suis touché, ce n'est pas tous les jours qu'on me dit ça. « Merci. Merci d'être là. » Répondis-je en un murmure à peine audible, avant de poser doucement ma main sur l'un de ses avant-bras.
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Sujet: Re: as seasons shift, lonely minds will drift (chloe) Mer 4 Sep - 19:08
As seasons shift, lonely minds will drift.
Yes I think I'm okay; I walked into the door again. Well, if you ask that's what I'll say and it's not your business anyway. I guess I'd like to be alone with nothing broken, nothing thrown. Just don't ask me how I am. Please, just don't ask: I think I'm okay.
Il l'observe et elle sourit, naturellement: ses sourires sont rares et maladroits, mais elle ne les offre qu'à son ami; personne d'autre ne sait mieux la faire sourie que lui, donne à ses joies des formes différentes de la cicatrices imparfaite qu'est son éternel sourire vague et mauvais. Parfois, elle est calme, plus souvent elle est tendue: mais avec Thanatos, Chloe se sent généralement bien, libre d'être elle-même sans avoir peur qu'il la repousse; le rejet, angoisse de sa vie, leitmotiv de ses insomnies dévorant ses viscères alors qu'elle cherche le sommeil qui la fuit inlassablement... il n'est pas là avec Thanatos; Chloe a trouvé un terrain sur où poser les pieds, sans avoir l'impression de toujours tâtonner pieds nus sur la grande et fragile banquise de la vie. Si friable, et à son bord, des ours polaires affamés: des huissiers, des banquiers, des contrôleurs; la vie ne lui semblait guère réjouissante.
La musique l'apaise, elle aussi; elle adoucit toujours les mœurs, même les plus violentes. Et lorsque la jeune femme encadre son ami de ses bras, le sentant sensiblement se tendre d’appréhension, elle lui laisse un moment d'adaptation: elle non plus n'est pas très communicative, brutale, adepte de la bourrade et de l'accolade presque virile, si loin de la douceur de la plupart des femmes: douceur trompeuse car sous le velours féminin, on trouvait le fer des plus dures des gladiatrices: celles qui ne vous pardonnent jamais rien et n'oublient pas le moins du monde: elle savait de quoi elle parlait.
L'instant fut suspendu, comme si le temps s'était arrêté; Chloe tint Thanatos contre elle, simplement. Il n'y avait pas d'arrière-pensées, pas de parasitage homme-femme entre eux. Peut-être était-ce pour cela que la jeune femme sentait confusément que cette amitié était la plus précieuse et la plus déterminante qu'elle n'ait jamais eu. Elle le tint comme cela, sans rien dire, jusqu'à sentir l'angoisse de démanteler, petit à petit. Le russe avait été dans l'armée: c'était un homme accompli et qui savait se défendre; et pourtant Chloe voulait le protéger de tout ces ennemis qu'elle ne pouvait pas voir: de lui-même, de ces ombres malfaisantes qui le déchiraient de l'intérieur. N'aurait-elle pas tout donner pour les éloigner, pour sauver cet ami pour qui elle aurait sans hésiter donner sa vie, et tout ce qu'elle possédait.
"Merci à toi", répondit-elle sur la même mesure, sans s'expliquer; il n'y en avait pas besoin.
Chloe se berça comme elle espérait bercer son ami, au rythme étrange de cette chanson démodée; cela lui fit beaucoup de bien, apaisa son esprit continuellement angoissé et triste. Lorsqu'elle sentit la main de Thanatos sur son avant-bras, elle ne fit rien qu'esquisser un sourire: habituellement les contacts l'agaçaient, surtout avec les membres du sexe opposé, mais également du sien: dans l'intimité, Chloe permettait rarement que les filles avec lesquelles elles couchaient la touchent, préférant qu'on la laisse faire; étrange pudeur derrière la brutalité. Mais avec Thanatos c'était différent: elle savait qu'il n'a aucune arrière-pensée, comme elle n'en a aucune à son égard; la communication entre eux est simple et naturelle et Chloe s'y retrouve; avec lui, tout est sincère, pas besoin de chercher l'erreur ou le double-sens. C'est pour ça qu'ile st son meilleur ami; c'est pour ça qu'elle l'adore et ne sait se passer de lui.
"Et j'te promet que je serai toujours là, tant que tu voudras de moi", elle desserra un peu son étreinte, "et j'te protégerai comme tu me protèges de moi-même. Tu te souviens... comme quand j'ai voulu m'éclater la tête contre le mur. C'est toi qui m'a empêché."
Elle s'éloigna un peu, lui souriant: ce jour-là, aucun infirmier n'avait pu calmer Chloe, en proie à une crise de panique qui l'avait plongé dans une sorte de rage incontrôlable, parce qu'on lui avait annoncé qu'elle n'aurait plus le droit de prendre des anxiolytiques. La peur l'avait emporté sur la raison et les infirmiers, sous les conseils du docteur Prince, avaient cherché Thanatos. Lui la calma de sa seule présence, et Chloe cessa son agression envers elle-même, l'arcade en sang, se sentant si honteuse qu'elle était retournée dans sa chambre sans rien dire; elle ne voulait pas que son ami la voit si faible.
"Et si tu me mettais quelque chose que t'aimes?", elle lui tendit la main, souriante -elle n'était plus cette Chloe au front en sang, aux yeux de cheval fou- détendue par le contact du russe autant que par la musique, "tu sais danser, toi?", lui demanda-elle en se dandinant d'un pied à l'autre en lui tendant les bras, "tu veux danser avec moi? Ça détend, parait."
Il n'y avait qu'avec Thanatos qu'elle était aussi confiante et libre, sans appréhension; il n'y avait que lui qui voyait la vraie Chloe, loin du sang et des crises. Loin de la détestation d'un monde qui la rejetait sans cesse, selon ses dires. Même Pryam, le frère ainé de la brune, n'avait le droit qu'à un masque farouche d'écorchée vive toujours sur la défensive qui ne savait pas exprimer son affection.
C'était son meilleur pote, et leur amitié était fusionnelle, parce qu'ils avaient enduré somme de choses ensembles.
Sujet: Re: as seasons shift, lonely minds will drift (chloe) Lun 9 Sep - 14:07
« Merci à toi, dit-elle finalement, en me berçant doucement. Et j'te promets que je serai toujours là, tant que tu voudras de moi. Et j'te protégerai comme tu me protèges de moi-même. Tu te souviens... comme quand j'ai voulu m'éclater la tête contre le mur. C'est toi qui m'a empêché. » Oh ça, pour me souvenir, je me souviens... C'était quand nous étions tous les deux encore internés à la clinique. Elle ne m'a jamais dit grand chose de son addiction aux anxiolytiques, et je n'ai jamais osé poser beaucoup de questions à ce sujet. En revanche, je me souviens parfaitement du jour où les médecins lui ont annoncé qu'elle ne devait plus en prendre. Elle a littéralement pété un câble et aucun des infirmiers qui s'occupaient d'elle n'a réussi à la calmer. C'est à ce moment là que le Dr. Prince a envoyé quelqu'un me chercher, et que j'ai retrouvé une Chloe complètement furieuse et paniquée, terrée dans un coin, le front en sang. Le simple fait de ma présence a semblé la calmer et lui faire réaliser ce qu'elle venait de faire. Et puis elle est repartie dans sa chambre, la tête basse, sans un mot pour quiconque. Je ne l'ai jamais vu aussi mal que ce jour-là, et rien que d'y repenser me serre le cœur. Je donnerais cher pour qu'elle puisse enfin vivre en paix, et le fait que je puisse l'y aider, ne serait-ce qu'un peu, me remplit de joie. Je me dis qu'au final, ce n'est peut-être pas par hasard si je ne suis pas Mort en Ossétie du Sud, si j'ai du endurer tout ça, si je dois encore subir la présence de l'Autre, malgré mon traitement. Peut-être que ce n'est pas un hasard, peut-être que Chloe et moi sommes fait pour nous soigner l'un l'autre... Ou peut-être que je délire, tout simplement, mais j'ai quand même envie d'y croire. « Et si tu me mettais quelque chose que t'aimes ? » La voix de ma nouvelle colocataire me tire de mes pensées, et je lui souris. « Pourquoi pas. » Je me lève alors et me dirige vers la chaîne hi-fi, que j'allume. Je fouille un instant dans la boîte où j'ai entassé pêle-mêle tous mes CD parce que j'avais la flemme de les ranger, et je finis par en sortir celui que je cherchais. Je le glisse alors dans le lecteur et quelques secondes plus tard, les premières notes de My Body is a Cage d'Arcade Fire s'élèvent dans la pièce. « C'est ma chanson préférée. » Dis-je à l'adresse de Chloe, un large sourire aux lèvres. Depuis mon adolescence j'ai toujours adoré cette chanson, et ce groupe en général. Une fois de plus, ça me rappelle une myriade de souvenirs que je croyais perdus depuis longtemps... « Tu sais danser, toi ? » Me demande-t-elle soudain, avec une certaine gêne. Je la regarde sans rien dire, l'air un peu étonné. Danser... Ça ne me serait jamais venu à l'idée. Il faut dire que je n'en ai pas eu beaucoup l'occasion au cours de ma vie. L'armée, c'est pas l'endroit idéal pour ce genre de choses... « Tu veux danser avec moi ? Ça détend, paraît. » Je me mets à rire doucement. « Je n'ai jamais vraiment su danser, mais ce sera avec plaisir ! » Dis-je en abandonnant sur le canapé ma boîte pleine de disques. Je m'en vais alors saisir les deux mains qu'elle me tend. Je n'ai pas la moindre idée de ce que je suis en train de faire, mais ça m'est complètement égal. Je suis bien ici, je suis bien avec elle, elle est bien avec moi, et c'est tout ce qui compte.
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Sujet: Re: as seasons shift, lonely minds will drift (chloe) Mar 10 Sep - 14:48
As seasons shift, lonely minds will drift.
Yes I think I'm okay; I walked into the door again. Well, if you ask that's what I'll say and it's not your business anyway. I guess I'd like to be alone with nothing broken, nothing thrown. Just don't ask me how I am. Please, just don't ask: I think I'm okay.
C'était à la fois étrange et rassurant d'avoir un ami comme Thanatos; elle ne savait pas tant de choses à son sujet, comme il ne savait que l'essentiel sur elle et pourtant tout avait parfaitement évolué entre eux: le russe était la seule personne qui était parvenu à apprivoiser Chloe, à lui offrir une sensation de confiance, de confort émotionnel: il était son ancre quand le bateau dérivait; ivre de peur ou de rage. Il était la fondation en béton armé, les poutres en acier trempé de sa nouvelle vie. Et aucune femme ne pourrait jamais remplacer cet homme-là, qui n'était pas comme les autres pour la brune. Elle se souvenait bien de ces jours gris, plus sombres, où sa présence l'avait aidé à tenir le coup; et où elle avait accepté d'être là pour quelqu'un, finalement; elle avait besoin de lui, espérant qu'il aurait besoin d'elle. C'est une amitié qu'elle ne parviendrait jamais à expliquer.
Il lui sourit et elle l'imita, le laissant choisir la musique qu'il aimait afin qu'il soit dans de bonnes conditions. Glissant ses mains dans ses poches, la jeune femme regarde son ami de dos, sans rien dire. Le cure-dent dans sa bouche est le seul indice d'une angoisse chronique qui ne la quittait jamais: la tranquillité n'était qu'une visiteuse dans sa vie; elle divagua un instant, le regard un peu perdu dans le vide avant que les premières notes d'une mélodie familière ne se diffusèrent dans la pièce. Elle écouta attentivement, cherchant le repos de l'esprit dans cette chanson qu'aimait son ami. Les paroles lui parlaient, le son l'apaisait et les yeux presque mi-clos, elle se tourna un instant vers la cuisine pour se débarrasser de son cure-dent, objet facteur d'angoisse existentielle.
"Arcade Fire; j'adore", se contenta-t-elle de dire en revenant.
Sur certaines choses, ils avaient des gouts qui se recoupaient; sur d'autres, des intérêts diamétralement opposés. Ils se regardèrent un instant sans rien dire, peut-être gênés ou interdits; Chloe haussa les épaules et son sourire s'élargit un peu plus tandis qu'elle tendait les mains à Thanatos. Elle n'a aucune idée de comment danser sur cette chanson, de comment danser avec un homme; de comment danser tout court. Mais lorsqu'il rit, elle sourit avec lui. Parce qu'avec son ami tout était simple et limpide.
"Moi j'sais pas danser du tout", dit-elle en riant, "mais ça ira, j'te marcherai pas dessus, promis."
Elle badinait; c'était presque impossible pour une fille comme elle, si sombre, toujours sur ses gardes et sur le fil du rasoir, à manquer de tomber d'un côté comme de l'autre. Thanatos abandonna sur le canapé sa boite de cds toute dérangée pour venir à elle et le contacts des mains de son ami dans les siennes - chose qui était pourtant déjà arrivé- la laissa un peu sur le carreau, mise à quia. Un instant, elle se sent un peu bête, ne sait pas quoi faire et le fixe bêtement, comme ça sans rien dire. Elle ne sait pas où mettre ses mains, quand comment, et comment commencer. Danser, ça n'a jamais été son truc mais surtout, elle ne sait pas comment faire avec un homme, n'ayant jamais eut que des interactions avec les femmes. Ça peut sembler bête comme Thanatos est son ami, mais elle ne connait rien des habitudes des hommes; elle ne connait rien de leurs gestes qu'elle imite cependant pour se donner un genre; qu'elle caricature.
Alors Chloe prend une grande inspiration et au diable la dignité; elle fait comme elle a toujours fait, glissant bras autour de son ami pour poser une main dans son dos. Peut-être qu'elle aurait du prendre ses jambes à son cou et aller se cacher dans un coin, mais elle ne pouvait pas; c'était juste un petit truc comme ça, pour suivre un rythme, pour suivre le calme. Il n'y avait personne ici à part eux et donc aucune raison d'avoir peur de se tourner en ridicule. Ce sont les hommes qui commandent la danse, selon les idées basiques; peu importait, aussi. Elle ne commande rien du tout, dans cette danse là qui finirait surement par lui échapper à un moment, elle en avait l'impression; elle se souvenait de la souffrance de Thanatos, à la clinique; de ses yeux effrayés par des choses qu'elle ne voyait pas, elle. Et son désir à elle d'éloigner tout ces maudits fantômes qui tourmentaient son meilleur ami.
Juste un instant, oublier l'angoisse et la peur. Comment faire pour arrêter rien qu'un instant de souffrir? Elle avait trouvé la solution, la tenant entre ses bras, lui souriant. Chloe se détendit et son sourire resta triomphant sur son visage aux traits tirés par la fatigue. Avec lui, elle n'avait à s'inquiéter de rien, et n'avait même jamais pensé à s'inquiéter; elle pouvait enfin respirer et se sentir en sécurité, le tenant entre ses bras. Ce n'est qu'un geste d'ami. Le meilleur qui soit.
Sujet: Re: as seasons shift, lonely minds will drift (chloe) Jeu 12 Sep - 17:23
« Arcade Fire; j'adore. » À ces mots, mon sourire s'élargit encore. C'est tellement bon d'avoir quelqu'un qui partage les mêmes intérêts que nous, qui aime les mêmes choses. Bien sûr, Chloe et moi ne sommes pas identiques, et heureusement d'ailleurs, mais je suis bien content que ce soit elle ma colocataire, et pas quelqu'un d'autre. Je suis certain que ça se serait moins bien passé avec une autre personne, et pour rien au monde je ne voudrais la voir partir, maintenant. « Moi j'sais pas danser du tout, mais ça ira, j'te marcherai pas dessus, promis. » Ajoute-t-elle en me souriant à son tour. Elle me regarde sans rien faire, l'air aussi perdue que je le suis moi-même. Il m'est déjà arrivé de danser avec des filles, quelques fois, quand j'étais plus jeune. Mais ça me paraît tellement lointain que je ne suis pas sûr de me souvenir comment on fait. On a l'air malins, comme ça... Deux bras cassés. Décidément, on fait vraiment la paire tous les deux. Elle lâche soudain mes mains, et les siennes viennent se poser dans mon dos, ce qui m'arrache un soubresaut de surprise. Je n'ai pas l'habitude qu'on me touche, que ce soit un homme ou une femme, je ne m'y ferai jamais vraiment, je crois. Mais je ne dis rien. Je crois que c'est à mon tour de faire quelque chose... Mais quoi ? Qu'est-ce que je suis censé faire de mes mains ? Où est-ce que je les pose ? Qu'est-ce que... Non, décidément, c'est beaucoup plus simple de danser tout seul, ou de ne pas danser du tout, d'ailleurs. Maintenant je comprends pourquoi je restais toujours dans mon coin, aux rares fêtes où j'ai pu être invité quelques années auparavant. Avec un soupir inquiet, mes mains viennent effleurer la taille de Chloe, c'est à peine si j'ose la toucher. Je n'aimerais pas me prendre une gifle ou quelque chose du genre... Mais elle n'a pas l'air de protester, pour l'instant, ça me rassure un peu, et je finis par me détendre. Je ferme les yeux et me laisse bercer par la musique et par la respiration de Chloe. Le temps semble s'être arrêté, dans ce petit appartement de Victoria Parade, plongé dans une semi-obscurité, et j'ai l'impression de sentir les choses s'évanouir autour de moi. Je me suis rarement senti aussi bien, c'est plus efficace que tous les antidépresseurs qu'ils ont pu me donner à la clinique, plus efficace que toutes les séances chez le psychiatre. Je me demande ce que penserait n'importe quelle personne qui rentrerait dans la pièce à cet instant précis. Elle serait sans doute surprise. Il faut dire que Chloe et moi, nous sommes un peu mal assortis. À dire vrai, nous somme mêmes de parfaits opposés, et si on m'avait dit il y a quelques mois qu'un jour je serais si proche d'elle et qu'on habiterait ensemble, j'aurais sans doute éclaté de rire tant ça m'aurait paru improbable. Mais il faut croire que malgré nos différences nous sommes faits pour nous entendre, sinon comment expliquer tout ça... Le regard des autres, leurs préjugés et leurs jugements infondés, tout cela n'a plus d'importance maintenant. Après tout, on peut bien faire ce qu'on veut, il n'y a personne ici pour nous voir. Personne, excepté Lucky, qui tient toujours un oiseau en papier dans sa gueule et nous observe, la tête penchée sur le côté, un air perplexe brillant au fond de ses petits yeux noirs.
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Sujet: Re: as seasons shift, lonely minds will drift (chloe)