Sujet: The Rising Sun (+) ft. Priscilla. Lun 9 Sep - 11:58
The Rising Sun.
There is a house in New Orleans, they call the Rising Sun and it's been the ruin of many a poor boy and God I know I'm one. Oh mother tell your children not to do what I have done, spend your lives in sin and misery in the House of the Rising Sun. Well, I got one foot on the platform the other foot on the train. I'm goin' back to New Orleans.
Chloe détestait cet endroit: le kangourou sentait toujours le chien, ici. Si elle n'avait jamais mangé de chien -grand bien lui en fasse- la jeune femme reconnaissait l'odeur du canin quand elle la sentait: elle partageait sa vie avec le seul individu voulant bien d'elle, son Jack Russel Lucky. Elle avait chipoté son assiette en se promettant de ne plus jamais manger ailleurs que dans un fast-food; de toute façon ses économies ne lui permettait pas un grand luxe gastronomique. Le goût de la bière atténua la saveur forte en bouche du marsupial, lui rappelant combien elle détestait la nourriture "traditionnelle" du pays. Elle poussa un soupir en se gargarisant l'intérieur de la bouche avec sa bière en un semi-bruit peu féminin, l'avalant avec un air absent tout en repoussant quelques bouts de viande d'un geste languide de sa fourchette, visiblement absorbée par ses pensées. Mais trop réfléchir lui donnait la migraine; elle fronça les sourcils, cherchant de la monnaie dans sa poche: rien que des toutes petites pièces.
La brune avait réussi à gratter un peu son frère Pryam pour avoir de quoi se faire un extra au bar. Quelques bières, rien de plus. Juste de quoi noyer le blues, à vrai dire. De quoi tuer l'ennui, juste assez de houblon pour lui rappeler qu'elle avait des choses à oublier et les mettre de côté l'espace de quelques instants d'ivresse en solitaire; elle avait l'habitude de boire seule, n'ayant que peu d'ami, aimant ces moments où elle se retrouvait seule avec elle-même en face d'une pauvre bière éventée. Se trainant avec lenteur jusqu'au bar pour s'assoir mollement sur un des tabourets, Chloe posa les coudes sur le zinc, le dos un peu rond; elle était crevée. Bosser à l'usine était définitivement fatiguant, surtout quand on enchaine par un mi-temps en tant que serveuse au Macdo: elle allait crever de trop bosser, pour gagner des nèfles en plus: tout partait dans cette putain d’amende; si elle avait su, elle n'aurait pas cogné si fort. Ironie: elle regrettait chaque instant de son geste malheureux mais savait qu'on ne l'excuserait jamais pour l’ignominie de ses actions, ce soir-là. Putain, si elle pouvait trouver une machine à remonter le temps...
Elle prit une grande inspiration, se gratta la racine de la nuque, la tête basse, le regard un peu perdu sur le goulot de sa bière; les cheveux éternellement relevé en un chignon vite expédié, elle n'avait rien d'une belle femme: le cou bien trop long, les yeux torves, la bouche et le nez un peu trop grands; pâle et la peau grasse, portant un t-shirt noir trop grand estampillé de l'oiseau fétiche des Pontiac Thunderbird; un jeans noir rentré dans des bottes paramilitaires toute griffées à la coque: elle avait l'air dune routière qui faisait un petit arrêt dans un restaurant avant de reprendre son camion et filer sur l’autoroute. Une gorgée amère de plus, un reniflement sonore; elle se massa un œil douloureux, sentant la fatigue de la journée poindre en elle. Putain, encore ce goût de Teckel sur les papilles...
C'était peut-être cette extrême fatigue qui avait empêché Chloe de reconnaitre cette silhouette qui louvoyait entre les tables, sous les traits d'une des serveuses du restaurant. Elle bailla, le dos rond et l’œil creux, sans se rendre compte que cette blonde pressée qui s'activait plus loin était cette femme vers qui se tournaient ses pensées, à cet instant même. Chloe baissa le regard sur le comptoir, recomptant sa toute petite monnaie: rien que des fonds de tiroirs pour parvenir à se payer rien qu'une bière: elle se sentait au fond du trou. Ce n'était pas avec deux bière qu'elle parviendrait à penser à autre chose.
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Sujet: Re: The Rising Sun (+) ft. Priscilla. Lun 9 Sep - 19:10
Moi je te trouve magnifique depuis la première fois que je t'ai vu D'ailleurs j'm'en suis toujours pas remis.
Comme un fantôme. L'ombre d'une disparue. Le retour de mon cauchemar, sauf que là, il était en chair et en os. Il buvait même une bière. J'aurais pu ne pas ne la reconnaître. Car elle n'était plus la même. Bien moins vivante, le regard dans le vide, les gestes lents, lassés de la vie. Un léger pincement au cœur. Voilà ce que j'ai eu en la voyant. Énormément de peine. Car je l'avais condamnée, car je voyais le résultat de ma haine. De ma fuite.
Mais elle m'avait frappée.
C'est ce que je me disais. Elle m'avait décrochée la mâchoire sans jamais parvenir à m'arracher quelques étoiles de ce ciel que l'on avait crée à deux.
Puis j'ai eu un petit rire. Sourde réaction provoquée par la surprise de la retrouver ici. Je savais que son frère était là ; mais pas elle. Elle. Il me faut un peu de temps avant d'oser m'avancer. Mais une fois face à elle, je me construis un semblant de colère. Une haine artificielle qui me pousse à lui dégueuler des mots pitoyables. Les pensées ne suivaient pas le cœur ; le cœur ne se manifestait que dans quelques regards inquiets. Perdu. Ma main vient remettre en place ma crinière dans un geste qui voulait la déranger, l'obliger à relever le regard.
« Toujours aussi fauchée à ce que je vois. » Je baisse mon regard vers sa bière ; la regarder. La. Regarder. M'empêchais de parler. M'empêchais de déballer ma merde. « Mais va falloir que tu payes. Et c'est pas cher payé, je trouve. » Paroles ambiguës, emplies d'un second sens que seule elle pouvait percevoir. Je tourne de nouveau les yeux.
Putain.
Zéro crédibilité
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Sujet: Re: The Rising Sun (+) ft. Priscilla. Lun 9 Sep - 19:31
The Rising Sun.
There is a house in New Orleans, they call the Rising Sun and it's been the ruin of many a poor boy and God I know I'm one. Oh mother tell your children not to do what I have done, spend your lives in sin and misery in the House of the Rising Sun. Well, I got one foot on the platform the other foot on the train. I'm goin' back to New Orleans.
Peut-être était-ce trop dur d'être continuellement en colère et que parfois elle devait relâcher un peu la pression; juste cesser d'être en colère un instant: ce fut durant ce court instant que ce fantôme du passé glissa à nouveau dans sa vie, alors que Chloe était épuisée autant de sa journée qu'à ses angoisses perpétuelles. Peut-être aurait-elle du bondir, être surprise, être effrayée au dépitée. Au lieu de cela, la brune se contenta de relever lentement la tête: ce n'était pas une surprise, c'était juste un coup de plus dans les dents, dans la gueule. Restant un moment sans rien répondre, Chloe fixa Priscilla dans le plus parfait silence, terminant sagement sa bière avant de compter les pièces qu'elle avait déposé sur le comptoir.
"Salut, Pris", fit-elle d’une voix plate.
Quel était le pourcentage de chance qu'elle avait de recroiser son ex ici, de recroiser ses fautes et ses rêves manqués? Plus rien ne la surprenait de la part de cette chienne de vie qui lui faisait payer ses erreurs toute en justice. Qui l’écrasait même sous leur poids. Ne pas montrer qu'on est étonnée; ne pas montrer qu'on est triste ou qu'on vit mal: la fierté restait là, comme le seul bijou qu'il lui restait. On pourrait bien la jeter à la rue, prendre sa voiture et tout ce qu'elle avait -le peu qu'elle avait- personne ne lui enlèverait cet orgueil qui la faisait tenir.
Chloe baissa les yeux pour ne pas avoir à regarder la blonde, prétextant de recompter sa monnaie: ses mains tremblaient, comme toujours, une cigarette à moitié consumée entre ses doigts. Ses yeux glissaient avec les pièces, comptant les dollars comme pour oublier qu'elle avait en face d'elle non pas une serveuse pressée mais la fille dont elle avait probablement détruit la vie: que faire? Elle ne lui demanderait pas comment elle allait, puisque c'était elle qui avait du payer son hospitalisation et sa rééducation; et puis si Pris se trouvait là ce soir, c'était qu'elle allait mieux; CQFD, pragmatiquement.
"Je dois combien? J'ai oublié."
Une vague moue irritée; pas de double-sens pour elle: elle savait qu'elle avait payé trois ans de sa vie pour ce qu'elle avait fait. Chloe renifla bruyamment, obligée de poser sa clope dans un cendrier comme elle avait trop consumé seule, devenue mégot pathétique. Et ne me dis pas trois ans, ou j'te... pensât Chloe.
"J'vais en reprendre une autre."
Un dialogue un peu plat, comme si elles étaient deux totales étrangères; Chloe ne voulait que ça. Pas de réprimande, pas de tentation; c'était fini et bien fini, par sa faute. Autant assumer. Elle boirait une troisième bière et partirait, simplement. Faisant glisser les pièces vers la blonde, la jeune femme se rassit face au bar, avachie sur son tabouret en croisant les bras sur le zinc, se taisant. Elle espérait que si elle ne disait plus rien, Pris retournerait bosser. Et comme ça, il n'y aurait de problème pour aucune des deux.
"Je bois juste une bière et je m'en vais", dit-elle sans la regarder, le regard baissé sur le comptoir en se passant la langue sur les dents, bouche fermée, "je sais que je dois pas t'approcher... et j'veux pas retourner en prison. Je savais juste pas que tu bossais dans c'bouge à la con. J'te suivais pas."
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Sujet: Re: The Rising Sun (+) ft. Priscilla. Mar 10 Sep - 19:42
J't'ai dans la peau, j't'ai dans la tête.
Je lui tourne le dos. Et inconsciemment, je l'imagine en train de se lever. Elle vient, elle m'enlace, me serre dans ses bras. Puis chuchote au creux de mon oreille que tout ça c'était qu'un cauchemar. Un cauchemar de plusieurs années qui prenait fin maintenant, contre elle. Puis elle me fait tourner, puis elle m'embrasse, puis elle me caresse là où persistaient les cicatrices de ses coups de sang. Enfin, elle me le dit. Elle me dit la phrase. Celle assez forte pour faire disparaître tout ces maux. De ces trois mots, elle me donne un second souffle. Au coin de mes lèvres, viendrait apparaître un sourire après le passage de ses lèvres.
Mais tout ça n'étaient que fantasmes. Et là, je me contentais de silencieusement courber l'échine – les sentiments appuient sur mon dos. La lourdeur des non-dits se fait sentir.
« Je dois combien? J'ai oublié. » Je la regarde enfin mais, elle, fixe ses petites pièces. Limite, j'aurais pu avoir pitié. « J'vais en reprendre une autre. » - T'as assez que pour une bière là. Mais la seconde est offerte par la maison. En revanche tu peux te gratter pour une troisième. » Je grince des dents. « L'alcool est réputé pour rendre les gens violents, 'faut pas en abuser. Hein ? » Provocation puérile. J'arrive même pas à continuer à la regarder, il semblerait que mes godasses étaient bien plus intéressantes.
« je sais que je dois pas t'approcher... et j'veux pas retourner en prison. Je savais juste pas que tu bossais dans c'bouge à la con. J'te suivais pas. » Un rire s'échappe de mes lèvres et il est faux. Tellement faux que certains arrêtent leur conversation pour me regarder quelques secondes ; un rire faux, ça dérange. « J'suis pas encore assez égocentrique pour pouvoir penser que tu me suivais. Puis tu peux rester, mon service se finit bientôt. Comme ça tu pourras avoir une autre serveuse qui acceptera de te passer ta troisième bière. » Et peut-être autre chose, qui sait. Eh bien oui, ça faisait maintenant un moment. T'as dû t'en remettre de notre relation. Peut-être que l'autre serveuse, c'est pas qu'une bière qu'elle te donnera. Peut-être son corps, aussi. Et ses lèvres. Et son cœur. Et ses cuisses. Et ses soupirs. Qu'elle fera muer en de silencieux sanglots quand elle verra à quel point tu n'es pas faite pour elle.
Parce que tu n'es qu'à moi, Chloe. Personne d'autre. Jalousie sortant du néant, possessivité naissante, je me prend à envier une femme qui ne la connaissait même pas. Je commence à l'imaginer avec une autre, et ça me répugne.
Car Chloe, tu es mienne. Même mes cauchemars en ta compagnie se terminent en un baiser.