Sujet: SAPHIRE & JACOB { I will never surender! Jeu 29 Aoû - 13:28
keep me down to earth.
✣ lights will guide you home.
~ Saphire & Jacob
Maman m'avait raconté le jour où j'avais marché par moi-même, je m'étais levée soudainement à l'aide de la table basse et comme si c'était mon devoir ou un but, j'avais fait trois pas avant de retomber sur mon popotin mais, je ne m'étais pas arrêté là, à nouveau debout et puis après avoir trouvé mon équilibre, j'avais fini de parcourir la distance jusqu'à ma petite maman qui m'encourageait tout en tendant ses bras vers moi. Cela avait si spontané et peu attendu, comme si j'avais décidé qu'il était temps d'arrêter de marcher comme un chien et de faire comme les adultes. Tout cela pour dire que depuis ce jour, il m'était difficile de rester tranquille dans un coin, j'ai toujours eu besoin de bouger, de m'activer en faisant de la corde à sauter, en marchant ou en faisant du trampoline. Alors, me retrouver dans une salle de jeu, remplis d'enfants qui avaient plus ou moins mon âge, très peu pour moi, je préférais la présence des adultes, marchant dans les couloirs, patientant dans la salle d'attente de la pédiatrie pour lire un magazine qui n'avait rien de livre pour bébé. C'est comme ça, que je m'étais fait ami/ami avec Carla, l'une des infirmières du service, à force de me retrouver dans ses pattes, elle discutait avec moi et me disait que si je restais tranquille et que je ne dépassais pas les portes de sortie de l'aile sud, je pouvais continuer de me balader dans les couloirs.
Les seules fois où je me retrouvais entourée des autres enfants du service, c'était pour les anniversaires -s'il y en avait et quand de petits spectacles étaient organisés. Cela m'allait très bien, car mes oreilles se portaient mieux, loin de gamins capricieux qui pleurent parce qu'on leur a pris un jouet. Je passais devant la fameuse salle de jeu, regardant pendant un instant l'animation qui se passait à l'intérieur, un adulte jouait avec des marionnettes au bonheur de tout le monde dans la pièce. Je baissais la tête sur le côté me demandant bien ce qu'il y avait de si drôle pour les faire tous rire d'un cou. « Saphire, où est-ce que tu te caches ?! » S'exclama Sarah, l'infirmière que j'essayais tant bien que mal de fuir, elle voulait me faire une piqure et s'il y avait bien une chose que je haïssais plus que tout, c'était ça. Je me remis en marche, tout en tenant Poppy collé contre moi avec mon bras valide. Il fallait que je trouve une cachette, une toute nouvelle pour être sûr que personne ne me trouve. J'avais l'impression d'être à la maison, il fallait dire que depuis le temps, je m'étais habitué à cet hôpital mais, je trouvais que cela n'était pas bien, que ma place n'était pas ici à vrai dire...elle ne l'était pour personne. Grosse bleue à pois jaune, cette porte là, il n'y avait pas moyen de la rater. Je savais que c'était la porte du docteur qui s'occupait de moi depuis mon arrivée, il était gentil avec moi et me faisait toujours rire avec son nez rouge qu'il cachait dans l'une de ses poches. Tout comme Carla, je lui faisais confiance, chose qui est difficile à donner. « Aller Saphire, je n'ai pas que ça à faire, soit une grande fille et sors de ta cachette. » Répliqua-t-elle en s'approchant dangereusement de ma position. Ni une, ni deux, j'entrais dans le bureau, fermant la porte derrière moi. Dos contre le mur de la porte, je pris le temps de respirer et de calmer mon coeur qui battait un peu trop fort à cause de ma fuite. J'allais me faire gronder mais, il n'était pas question que je les laisse faire sans me battre. « Est-ce quelqu'un à vue cette gamine ? Elle me rendra dingue d'ici la fin de la semaine, si elle continue comme ça ! » Lança Sarah de l'autre côté de la porte. Ma main sur la bouche, je pouffais de rire, l'imaginant très bien devenir folle. J'observais chaque coin de la pièce pour chercher une bonne cachette mais, l'endroit n'était pas très grand et remplis de casier pas assez grand pour me cacher. A pas de loup, je me dirigeais jusqu'au placard et me cachais à l'intérieur, tirant sur la petite porte pour la remettre à en place. « Essaies de me trouver. » Soufflais-je tout en souriant, fière de moi.
made by pandora.----
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Sujet: Re: SAPHIRE & JACOB { I will never surender! Jeu 12 Sep - 10:02
Epuisante, voilà comment on pouvait qualifier la vie d'un médecin. Si beaucoup restait bloquer sur le salaire plutôt avantageux, et le prestige social, beaucoup oubliait toutes les responsabilités qui incombent à quiconque choisit cette profession. Et Jacob en faisait les frais encore une fois. Plus de 72h qu'il errait dans l'hôpital, ne dormant que de trop brèves heures entre les différentes urgences pédiatriques qui faisaient sonner son bippeur à tout moment. On lui avait déjà conseillé plusieurs fois de rentrer chez lui prendre du repos. Et ce n'était pas par manque d'envie mais par impossibilité à délaisser son poste, surtout si c'était pour confier la vie de ses petits patients aux internes, certes déjà bien formés, mais internes malgré tout. De lourdes cernes marquent ses yeux alors qu'il rejoint péniblement son bureau sans se soucier de l'agitation innocente qui sévit toujours sur le service de pédiatrie. Une infirmière semble chercher quelque chose, ou plutôt quelqu'un, mais il ne prête pas attention à ce qu'elle dit, préférant continuer à marcher tout droit, le visage fermé. Le nez de clown qu'il cache dans sa blouse blanche est oubliée pour un moment, le lourd poids des responsabilités lui pesant sur les épaules. Un accident de voiture et un enfant sûrement tétraplexique suite au choc. Voilà qui faisait en sorte de vous réduire en miettes une journée. Et un homme par la même occasion.
Dans le bureau décoré de façon très minimaliste, il retrouve enfin le calme serein, bien loin des sirènes des ambulances et du trafic incessant des urgences dans lesquelles il a couru toute la matinée. Il se laisse tomber sur le fauteuil de cuir de son bureau, se massant doucement les tempes. Il lui arrivait souvent de se demander si il avait choisi la bonne voie. Combien d'enfants sauvés pour combien d'enfants perdus ? Est-ce qu'il ne faisait pas que brasser du vent ? A quoi bon sauver la vie de ce gosse si pour toujours, il sera obligé de se nourrir par sonde ou d'être assisté par une tiers personne. Tout perd son sens quand on se sent impuissant et c'est précisément la sensation qui le frappait de plein fouet à ce moment précis. Généralement, la pensée d'un enfant sauvé suffisait à le ramener à la raison, mais la chute était dure entre attente et réalité. Une réalité particulièrement crue de l'impuissance de tout homme face à l'inévitable. Il ne repère même pas la porte de son placard légèrement entrouverte, le regard fixé sur les dossiers face à lui, les coudes posés sur le bureau de bois. Et sans réfléchir, il les jette au sol, faisant voler les feuilles de papier dans le bureau. L'acte était ridiculement inutile et aussitôt que les dossiers éparpillés atterrissent au sol, il se lève en soupirant contre lui-même pour les ramasser. Se mettre en colère, tout balancer, ça ne lui ressemblait décidément pas.