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 LUCASLAHMIA 1.0

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Lahmia Jung
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MessageSujet: LUCASLAHMIA 1.0   LUCASLAHMIA 1.0 EmptyDim 8 Sep - 21:20


Lucas & Lahmia Հ Shall I awake and find all this a dream?
Trois. Quatre. Cinq. L'infirmière vient de passer la porte de ma chambre. Elle ne s'est même pas arrêtée. Après deux ans à vivre ici, je me suis faite au rythme de la clinique et elles le savent pertinemment. « Tout le monde dort, pause café? » C'est le moment que j'attends depuis maintenant quarante cinq minutes. Quand ils auront fait dix pas, ils tourneront dans l'aile est et quitteront le couloir. La voie sera libre. Je m'installe au bord de mon lit pour me lever. La journée a été bonne dans l'ensemble, arriver dans l'aile nord ne devrait pas poser trop de problèmes. Hormis des nausées au petit déjeuner et un engourdissement du pied il n'y a rien eu, et pourtant ce sont les journées comme celles-là les plus difficiles. Il est trop facile d'oublier la maladie quand rien n'atteste de son existence. Et le retour à la réalité n'en est que plus tumultueux. Mais il faut en profiter pourtant, faire des choses que l'on ne peut pas faire quand on est cloué au lit. Alors aujourd'hui j'ai mis une robe et je me suis assise près de la fenêtre pour lire Keats avant d'aller me balader dans le parc de la clinique. Comme c'est affligeant... Ma perspective d'une bonne journée est la même qu'une enfant de huit ans, les parents en moins, les infirmières en plus. Mes pieds se posent au sol et je me lève en me tenant au matelas. Il s'agit maintenant de ne pas faire de bruit et de ne croiser personne. Il y a quatre couloirs à traverser et un escalier à descendre avant d'arriver à l'aile nord. C'est ce dernier que je crains le plus. Je me faufile hors de ma chambre et me dépêche le plus possible malgré mon boitillement. Comme le tableau doit être risible...

Arrivée en bas des escaliers, je n'ai plus qu'un couloir à traverser, mais c'est très probablement le pire. L'aile nord de la clinique est en effet réservée aux patients atteints de maladies psychiatriques. Le combat ne se fait pas avec le corps mais avec l'esprit, quand les moments de lucidité existent. Un cri transperce le silence de l'hôpital, il vient d'une chambre alentours. Un long et terrible frisson me parcoure l'échine et la culpabilité m'envahit. Pourquoi certains doivent subir cela -l'horreur de la maladie qui te réveille en plein sommeil- quand d'autres s'en tirent avec une vie bien rangée et un bonheur absolument sans faille? Je m'adosse un instant contre le mur pour reprendre mon souffle, mon corps n'a jamais été très réceptif à l'effort. La porte d'une chambre s'ouvre à côté de moi et son bruit brise de nouveau le silence qui régnait dans le couloir me faisait sursauter. Je plaque une main sur ma bouche pour me retenir de crier et ne réveiller personne. Mon coeur s'arrête de battre une seconde et repart à la chamade, si c'est une infirmière je suis foutue. Mais un visage bien plus familier m'apparait. C'est Lucas. Un sourire prend immédiatement et inconsciemment place sur mes  lèvres. Ma main retombe doucement contre ma taille. Mon rythme cardiaque reste très élevé et je sens le rouge me monter légèrement aux joues, heureusement qu'il fait nuit. Son visage est fatigué, plus qu'à l'ordinaire. Il abuse du travail encore et encore. « Il paraît que dormir est un besoin vital tu sais... » Je marque une pause. Je n'étais pas sûre de parvenir à le trouver ce soir dans les méandres de la clinique, un certain soulagement se fait sentir. « Depuis combien de temps n'as-tu pas fait de vraie nuit Lucas? ».

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Lucas J. Russel
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MessageSujet: Re: LUCASLAHMIA 1.0   LUCASLAHMIA 1.0 EmptyLun 9 Sep - 17:22




Notre ombre n'éteint pas le feu.

Adieu tristesse / Bonjour tristesse / Tu n’es pas tout à fait la misère / Car les lèvres les plus pauvres te dénoncent / Par un sourire.


L'on pense toujours que tout est plus calme, la nuit. Même dans la clinique Waters. Lucas est persuadé du contraire ; c'est dans la nuit que chacun doit affronter cette si pesante solitude, surtout à la clinique. Se réveiller avec la boule au ventre et s'endormir avec l'envie de disparaître. Il essaie d'imaginer ce que peuvent traverser les patients : il sait pertinemment qu'il n'y parviendra jamais. Ainsi, il ne refuse jamais les nuits de travail ; il espère être d'une certaine aide pour tous ceux qui sont perdus. Et bien sûr, de la sorte, il peut surveiller sa très chère sœur. Ses nuits sont agitées, et Lucas sait qu'il est le seul à pouvoir l'apaiser, ne serait-ce qu'une poignée de secondes. Infimes mais si importantes. Des cernes sont apparues sous les yeux du brun ; voilà plusieurs jours qu'il n'a pas pris la peine de se raser : s'il ne portait pas son uniforme d'aide-soignant, il pourrait être pris pour un intrus dans la clinique. Après être passé voir Mia, il fait les cent pas dans les longs couloirs – oppressants, silencieux ; ils disent pourtant beaucoup de choses. S'il accepte de passer tant de temps à la clinique, au détriment de sa vie privée et personnelle, c'est aussi parce qu'il sait qu'il n'a rien à offrir à personne. Qu'est-il si ce n'est un jeune homme tantôt renfermé tantôt aigri, tantôt révolté tantôt dépité ? Peut-être que la seule force qu'il lui reste est celle dont il se sert pour soutenir les patients de la clinique Waters.

Il est dans la chambre de Mia. Aujourd'hui, comme beaucoup d'autres jours, elle ne va pas bien. Elle a peur, elle est perdue. Elle ne veut pas qu'il parte. Elle crie. Il ne peut pourtant pas se permettre de passer la nuit à ses côtés tout simplement parce qu'elle n'est pas seule ici. D'autres ont besoin de lui ; c'est du moins ce qu'il pense. Il passe délicatement sa main dans les cheveux de sa sœur. Seule la peur peut être lue dans ses yeux. Mais elle s'est tue, elle s'est couchée et lui a tourné le dos. Le silence est revenu, jusqu'à ce que le bruit de pas, lents, légers, parvienne à ses oreilles. Il s'est dirigé à pas de loup vers la porte et est sorti, jetant un dernier regard oscillant entre le désespoir et la résignation vers celle pour qui il vit. En refermant la porte sans trop de bruit, il l'a aperçue. Affaiblie, comme d'habitude ; sans doute apeurée d'après l'expression qu'il peut lire sur son visage. C'est l'autre Mia. Ironie du sort, elle est aussi celle qui fait que son cœur bat plus vite, plus fort. Celle à qui il pense quand il ne pense pas à sa sœur. Mais pour lui, elle est Lahmia, juste Lahmia. Il l'observe un moment avant que celle-ci ne brise le silence, d'une voix douce ; comme elle, faible ; comme elle. « Il paraît que dormir est un besoin vital tu sais... ». Pourquoi ce sont toujours les gens qui ont le plus besoin d'aide, qui ont la vie la plus misérable, qui s'inquiètent pour les autres ? Elle poursuit. «Depuis combien de temps n'as-tu pas fait de vraie nuit Lucas? ». Il ouvre de grands yeux et observe un peu plus Lahmia. Il ne comprend pas, il ne la comprend pas. Mais il l'admire, il aimerait partager cette gentillesse, cette générosité même, celle qui n'attend rien en retour, simple et pure, qui caractérise la jeune femme. Elle est, pour lui, l'une de ceux les plus à plaindre dans cette critique. Elle n'a aucune chance de s'en sortir et elle n'a que vingt ans... En plus d'être comptées, ses années restantes seront douloureuses et malheureuses. Et pourtant, elle prend le temps de l'observer et de s'inquiéter pour lui.

Il a tellement de choses à lui dire... « Et toi ? » est tout ce qui sort de sa bouche. Et elle oui, et elle. Il s'approche, il aimerait tendre la main pour qu'elle y dépose la sienne. Mais lui, simple aide-soignant, pauvre aide-soignant, ne fait rien. Il reste planté là, les bras ballants, pendant que celle qu'il voudrait être sa protégée, si fragile et si forte, lui sourit. « Je suis censé te raccompagner à ta chambre, tu le sais, hein ?». Il ne le fera pas, elle le sait aussi. Il s'approche encore un peu plus et murmure. « Bright star, would I were steadfast as thou art — / Not in lone splendour hung aloft the night / And watching, with eternal lids apart, / Like Nature's patient, sleepless Eremite, / The moving waters at their priestlike task... » Un peu gêné de cet élan poétique, appris consciencieusement après avoir découvert que la jeune femme aimait Keats, Lucas ajoute : « Je n'ai pas eu le temps d'apprendre la suite... »

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MessageSujet: Re: LUCASLAHMIA 1.0   LUCASLAHMIA 1.0 EmptyLun 9 Sep - 22:02


Lucas & Lahmia Հ Shall I awake and find all this a dream?
Un silence qui semble n'en plus finir. C'est tout ce qu'il est possible d'apercevoir quand on sait qu'aucun avenir ne nous attend. La peur, l'appréhension, l'envie, tous ces sentiments sont là, à nous narguer. A prétendre qu'il reste encore du temps, que certaines choses sont encore possibles. Mais rien n'est envisageable quand on va mourir. La seule perspective de rémission fait mal et savoir que l'on passe à côté de tous les moments qui font la vie nous assassine encore plus que la maladie. Rester coincer dans les bouchons, aller faire les courses, réparer l'évier bouché, prendre la main de sa fille pour traverser la rue. Rien que des rêves qui s'envolent en fumée au moment même où nos paupières s'ouvrent. Alors on soupire et on essaye d'avancer, ou plutôt de ne pas s'enfoncer. Croire, toujours continuer à croire en l'impossible, c'est le traitement qu'on préconise. Mais cela fait bien trop mal de placer tous ses espoirs dans une cause perdue. Comment peut on demander à un cadavre ambulant d'aspirer à une vie qu'il n'aura jamais. Parce que tout remonte à la surface une fois que le voile est levé, absolument tout. Le doute s'installe, les « et si » nous taraudent l'esprit jusqu'à ce qu'une migraine s'installe indéfiniment, jusqu'à ce qu'on n'en puisse plus et que notre corps lâche peu à peu. Et puis parfois on se réveille, on réalise qu'il faut profiter du peu d'instants qu'il nous reste le sourire aux lèvres en essayant d'avoir fait quelque chose. Essayer de gagner une bataille pour partir plus tranquille. Mais à quoi bon quand l'objectif n'est que ce départ, cette fin qui remet tout en doute même les fois les plus inébranlables? S'illusionner et se persuader que la vie est belle, que tout va bien et que jamais le malheur ne pourra nous atteindre, c'est finalement cela la solution? A dire vrai il n'y en a qu'une: accepter. Passer par toutes les étapes de son propre deuil avant même d'avoir connu la vie. Finalement faire face au problème et comprendre qu'il ne s'arrangera pas, mais que se plaindre et pleurer ne servira à rien. Mais il est impossible de demander à une jeune fille de vingt ans de renoncer à tous ses espoirs et de simplement affronter ce qu'il va arriver sans éprouver la moindre détresse. Alors on vit, on meurt, on se brûle et se noie pour reprendre Louise Labé, on laisse faire le cours des choses et on va au devant des jours les plus durs sans se laisser abattre complètement parce qu'on sait pertinemment qu'à la fin il n'y aura plus que des regrets.

Ce silence m'oppresse un peu plus jour après jour, mais encore plus à ce moment précis dans le couloir. Le bruit de mes pas ne parvient pas à me rappeler à une réalité peu flatteuse, ou plutôt à m'en faire décrocher. J'étouffe, je n'en peux plus. Si le trajet est relativement court, j'ai l'impression qu'il dure des heures. Ce couloir n'en finit plus. Mon souffle est saccadé, mon corps me dit d'arrêter, mais ma tête ne se lasse pas de tergiverser quant au sens de mon existence. C'est bien simple, elle n'en a pas. S'il y a une leçon à tirer des 30 années -grand maximum- que j'aurai passées sur terre, je ne la trouve pas. La situation est injuste, tout n'est qu'atroce déception. Les tyrans sont graciés, acclamés pour leurs bons et loyaux services, et je n'aurai même pas eu l'occasion de voir de la neige une seule fois dans ma vie. Ces réflexions incessantes, même dans mes moments les plus apaisés m'épuisent. J'ai de plus en plus de mal à faire face au fait que je ne vivrai pas assez longtemps pour avoir été quelqu'un. Juste un grain de poussière au milieu d'un cosmos qui semble terriblement heureux derrière les fenêtres de la clinique. Un cri fait écho au vacarme dans ma tête. Une porte s'ouvre, une bouffée d'air frais. Quelques mèches brunes et un regard sombre me font oublier en quelques secondes toutes mes pensées morbides. Il est fatigué et je le rappelle à l'ordre. Lucas doit vivre sa vie tant qu'il en a l'occasion, ou au moins faire semblant pour sauver les apparences. Il ne prend même plus la peine de prétendre qu'il fait autre chose que s'occuper de sa sœur, elle est son unique préoccupation et cet altruisme me touche autant qu'il m'attriste. Son « Et toi? » résonne dans le couloir. Un petit sourire triste se dessine sur mes lèvres. Il pourrait faire tellement de choses... J'ai envie de le prendre dans mes bras, de lui dire que tout va bien aller pour elle, qu'il se repose enfin. Il reprend alors son rôle d'aide soignant. Me raccompagner dans ma chambre, alors que j'ai descendu un escalier pour le voir. Je ris doucement. « Tu es censé oui... ». S'il le faisait mon cœur se briserait surement, mais j'aurais au moins le sentiment de ne pas lui faire perdre son temps. Il s'approche alors et murmure quelques vers de John Keats, mon poète favori. Mon rythme cardiaque s'envole et je crains que mes jambes ne lâchent, mais pas à cause de la maladie cette fois.

On est pas sérieux quand on a 17 ans, on ne l'est pas beaucoup plus quand on en a vingt. J'ai l'impression d'être une adolescente parlant pour la première fois à un garçon. Mes joues s'empourprent légèrement alors qu'un sourire s'étire sur mes lèvres. « Peut être que si tu m'autorises à rester je t'apprendrai la suite » dis-je doucement. Une frustration m'envahit à mesure que je reste à ses côtés. Ne serait-ce que lui toucher la main serait déjà une grande victoire pour moi. J'ai envie de lui parler de tout, et de l'écouter aussi. Qu'il me parle de sa sœur, de sa journée à la clinique et des jeunes infirmières qui se perdent dans les couloirs de Waters. « Comment va Mia? ». Je ne suis pas sûre d'avoir le droit de poser cette question, mais lui demander comment il va ne sert à rien, je sais pertinemment que son état à lui dépend de sa santé à elle. Adossée contre le mur, je sens le besoin de bouger. Les infirmières font régulièrement des tours et nous trouver ici tous les deux pourrait avoir de graves conséquences. Je me décolle le plus doucement du monde, mais probablement trop vite encore pour mes pieds qui s'emmêlent et je trébuche. Lucas se transforme alors en soutien quand ma main se pose sur son bras pour me retenir. Je reprends vite mon équilibre et lève les yeux vers lui. « Je...excuse-moi, je suis confuse. »

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Lucas J. Russel
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MessageSujet: Re: LUCASLAHMIA 1.0   LUCASLAHMIA 1.0 EmptyDim 22 Sep - 19:57




Notre ombre n'éteint pas le feu.

Adieu tristesse / Bonjour tristesse / Tu n’es pas tout à fait la misère / Car les lèvres les plus pauvres te dénoncent / Par un sourire.


Pendant que certains maugréent après leur bus qui est en retard, que d'autres rêvent de pouvoir s'offrir ce voyage sous le soleil, elle attend – presque patiemment – sa mort. La voit-elle comme une silhouette sinistre et effrayante, comme une lumière - signe de délivrance -, ou est-elle l'image de sa propre résignation ? Comment se résigner à mourir ? Lucas le sait, il aura beau tourner et retourner toutes ces questions dans sa tête, il ne pourra jamais se mettre à la place de celle qui redore ses journées autant qu'elle les rend invivables. Il préférerait être à sa place, car lui ne sait pas savourer sa vie; il a pourtant vu des gens perdre cette précieuse vie trop de fois. Pourquoi ces mêmes gens, qui sauraient en profiter mille fois plus que des personnes comme Lucas, doivent-ils mourir ? Ou bien est-ce leur maladie, leur adieu prématuré – et presque prévu – à la vie qui font d'eux des gens capables de croquer la vie à pleines dents ?

Le regard de Lucas se fait encore plus doux. Il oscille pourtant entre inquiétude, compassion – celle tant détestée par la plupart des patients de la clinique – et tristesse. Il voir toujours derrière ce corps frêle, derrière ce visage si vivant – si expressif, si généreux – l'ombre de la mort. Et il sait pertinemment qu'il ne peut rien y faire, lui, pauvre aide-soignant. Il a bien essayé de lire des choses sur cette cruelle maladie – ataxie spinocérébelleuse – mais il n'a même pas les connaissances nécessaires pour ne serait-ce que la comprendre. Il en a tiré une conclusion stupide mais criante de vérité : elle s'abat sur ceux qui le méritent le moins. L'adolescent qui n'a pas encore goûté au bonheur – celui qui pourrait mener une vie heureuse, celui qui pourrait être comblé. Celui qui sent finalement le malheur s'abattre sur lui sans n'y pouvoir rien faire. Subir, s'écrouler, renoncer. Accepter. Celui qui est connu par sa maladie et non pas pour lui-même. Celui-là même qui est vu à travers le filtre de la maladie – et par conséquent à travers celui de la pitié. La connaît-il vraiment ?

Elle est encore plus jolie quand elle rougit, Lahmia. Elle a l'air plus vivante que jamais. Elle peut sourire l'espace de quelques secondes sans penser au lendemain. Lucas lui rend ce sourire ; plus timide, plus gêné, son regard se met même à fuir celui de la brune. Il est embarrassé, mais ne sait pas trop pourquoi. Peut-être de ne pas savoir affronter la réalité, alors que celle qui en souffre et qui se trouve juste en face de lui en est capable. « Peut être que si tu m'autorises à rester je t'apprendrai la suite » Ces quelques mots s'échappent des fines lèvres de Lahmia. Évidemment, il va la laisser rester. Il ne peut pas lui retirer ce semblant de liberté qui consiste simplement à se balader dans la clinique Waters de nuit. Il le fera même avec elle, il aura ainsi l'impression de l'accompagner, au moins pour quelques minutes, dans sa maladie.

Il se raidit pourtant soudainement quand elle prononce le nom de Mia. Sa sœur. Il sait combien les choses sont compliquées entre elles deux – ou du moins de Mia à Lahmia. Il a vu qu'elle ne la porte pas dans son cœur ; elle exprime ce que Lucas voit comme une sorte de jalousie par des cris et des crises. Il s'apprête à changer de sujet – à parler de la journée de la jolie brune, de ses lectures quotidiennes, de sa façon de tuer le temps à la clinique. Mais il n'a pas le temps de le faire ; elle perd l'équilibre, trébuche, et sa main entoure le bras de Lucas. Il ne bouge pas ; il aurait pourtant rattrapé tout autre patient ou patiente de la façon la plus naturelle qu'il soit en l'enserrant le temps qu'il rétablisse son équilibre. Mais pour Lahmia, non, il ne bouge pas. Il sait qu'en faisant cela, il n'agirait plus en tant qu'aide-soignant. Il se le refuse et, alors qu'elle balbutie des excuses, Lucas retire son bras. Comment lui dire que ce n'est rien quand il est incapable d'agir en conséquence ? Son regard fuit derechef celui de la jeune femme et se pose sur le sol. Il fait un pas en arrière. Ce contact physique qu'il fuit à tout prix, il le désire tant...

Doucement, sans qu'il n'ait le temps d'y penser, sa main se dirige vers les longs cheveux lâchés de Lahmia. Il les effleure du bout des doigts et, les retirant aussitôt, lâche quelques paroles gênées. « C'est moi qui suis désolé... » Il lève finalement les yeux vers elle et, reprenant un air d'aide-soignant plus professionnel, ajoute : « Tu sais... Tu devrais retourner à ta chambre, Lahmia. » Prononcer son prénom le fait frissonner. Il tente de le cacher. « Tu veux que je te raccompagne ? »

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MessageSujet: Re: LUCASLAHMIA 1.0   LUCASLAHMIA 1.0 EmptyLun 7 Oct - 22:04


Lucas & Lahmia Հ Shall I awake and find all this a dream?
A l'age de huit ans ma mère m'a emmené voir un concerto joué par l'un des plus grands pianistes de toute l'Australie à l'opéra de Sydney. Je me souviens encore de la salle bondée, des gens plus âpretés les uns que les autres. Une dame portait un chapeau gigantesque orné de plumes de paon qui scintillaient malgré la pénombre ambiante. J'avais passé les premières minutes du morceau à fixer ce couvre chef abracadabrantesque qui me fascinait, mais ce sont finalement les larmes qui perlaient dans les yeux de ma mère qui retinrent mon attention. Elle se tenait droite dans son siège, le menton haut, le port altier. Elle n'adoptait cette posture que dans les moments d'extrême émotion et la seule chose qui pouvait la trahir alors était ses yeux. En l'occurrence elle ne bougeait plus, elle retenait sa respiration et ne détachait son regard à aucun moment du pianiste. Enfoncée dans mon siège, trop petite pour toucher le sol de mes pieds, j'attendais que tout cela se termine pour que ma mère aille mieux. Puis après quelques soupirs mes yeux s'attardèrent sur ce qu'il se passait sur scène. Un homme brun était assis derrière un gigantesque piano à queue et se balançait en cadence à mesure que ses doigts effleuraient les touches immaculées avec une dextérité telle que je ne pouvais plus m'en détacher. Une rare fascination prit le contrôle de la petite fille que j'étais alors et une foule de sentiments commença à se bousculer en moi. Je ressentis exactement la même chose quand Lucas murmura ces quelques vers à mon oreille. Un désir de ne jamais voir cet instant s'arrêter, qu'il se poursuive pour le restant de mes jours.

Mais la physique ne reprend toujours que trop vite ses droits, et le concerto s'interrompit. Le pianiste, toujours assis sur son tabouret, secouait sa main qui paraissait engourdie. Un silence prit possession de la salle qui jusque là avait été transportée par le talent d'un homme qu'une crampe avait saisi. La stupeur était complète, plus personne ne bougeait, aucun son ne se faisait entendre si ce n'est la dernière note qui résonnait encore dans l'air. Je n'osais plus respirer, de peur qu'il ne s'en aille et ne revienne plus, que la musique ne se poursuive pas. Nous attendions. Ma mère, la femme au chapeau, moi, tous, nous étions tous sous le choc de cet arrêt si prompt qui avait interrompu notre rêverie. Toutes les personnes présentes souhaitaient que le concert ne s'achève pas maintenant, que l'instant ne soit pas gâché par un détail aussi infime. N'y tenant plus, j'expirai alors l'air qui s'était accumulé dans mes poumons. A cet instant le pianiste se leva et quitta la scène pour ne plus revenir. Je ne pouvais penser qu'à ce moment là quand je sentis le bras de Lucas se raidir sous ma main. Et maintenant quoi? Allais-je éclater en sanglots comme le soir de ce concert? Alors qu'il retira son bras d'un mouvement qui me semblait sec je sentis un poids s'installer dans ma poitrine. J'avais tout gâché à cause de ma maladresse idiote. Il n'est pas de ceux que l'on brusque et je le sais en plus, je l'avais senti dès le début, et pourtant sans le vouloir j'avais franchi la limite.

Des pas dans le couloir, c'est tout ce que j'aurais voulu entendre pour me sortir de cette situation humiliante au possible. Je sens la couleur quitter mes joues quand il effleure mes cheveux de sa main avant de la laisser retomber. Mon cœur bat plus vite que les doigts du pianistes ne parcouraient les touches alors. «C'est moi qui suis désolé... ». Je ne réponds pas, j'ai trop peur de tout gâcher encore. Mes yeux sont rivés sur le sol et je recule d'un pas doucement. Son ton professionnel m'invite à retourner dans ma chambre, il pousse même le vice jusqu'à me proposer de m'y raccompagner. J'ai la terrible impression qu'il se moque de moi intérieurement même si je sais pertinemment au fond qu'il n'est absolument pas ce genre de personne. C'est plus probablement du dégout qui l'envahit, celui d'avoir eu à toucher une fillette aussi navrante, tout juste capable d'inspirer de la pitié aux gens qui la croisent. « Non, je t'ai déjà fait perdre assez de temps comme ça ce soir, ne t'inquiète pas ca va aller. ». Mon ton est plus froid que je ne l'aurais voulu et le regret se manifeste avant même que ma phrase ne soit terminée. J'aurais pu accepter, passer un dernier moment avec lui avant qu'il ne m'évite dans les couloirs et ne fasse en sorte de ne plus jamais me croiser. J'aurais pu, oui. Mais il faut croire que même les mourants ont de la fierté. Mes yeux se lèvent vers lui et mon rythme cardiaque s'accélère de nouveau. Un sourire qui sonne faux, mes mains tremblent légèrement, j'ai l'impression de ne plus contrôler mon corps. Quelques pas, je me retourne vers lui, « Juste une dernière suggestion avant de remonter, tu devrais écouter les préludes de Rachmaninov... »
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Lucas J. Russel
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MessageSujet: Re: LUCASLAHMIA 1.0   LUCASLAHMIA 1.0 EmptyDim 27 Oct - 18:03




Notre ombre n'éteint pas le feu.

Adieu tristesse / Bonjour tristesse / Tu n’es pas tout à fait la misère / Car les lèvres les plus pauvres te dénoncent / Par un sourire.


Lahmia comme l'exotisme, Lahmia comme la sensibilité, Lahmia comme une douce mélodie ; Lahmia comme la fragilité, Lahmia comme la force. Ce prénom résonne dans sa tête à chaque instant, et quand il tente de s'en débarrasser, il le retrouve dans ses rêves. Il a d'abord pensé que cela découlait d'une envie naturelle d'aider une jeune femme au bord du gouffre – mais il n'est pas ce héros. Puis il s'est convaincu qu'il lui vouait une admiration si grande – elle, si forte, si fragile à la fois – qu'elle l'obnubilait. Ce n'est aucune de ces deux possibilités, mais il n'est pas prêt à se résoudre à admettre la vérité.

Que faire face à quelqu'un que l'on voit comme une poupée de porcelaine mais qu'on ne peut pas traiter comme telle ? Il est toujours difficile de se positionner entre une pitié dont personne ne veut, une compassion pleine de justesse, des sentiments trop forts et un métier qui réclame une mise à distance. Qui en est réellement capable ? Aider, c'est compatir. On aide lorsqu'on compatit – se mettre à la place de quelqu'un, réaliser sa souffrance, et vouloir l'apaiser parce qu'on n'aimerait pas être à sa place justement ; est-ce une mauvaise chose ? Lucas avait toujours été persuadé du contraire et, même s'il n'était pas le genre de personne à partager ses convictions avec des mots, il le faisait avec des gestes. Alors pourquoi être aussi brutal avec celle dont il prenait justement le plus soin, en tout cas autant que sa chère sœur – et très injustement vis-à-vis de tous les autres patients ? Trop de questions, jamais assez de réponses pour cet esprit rationnel et rationalisant qu'était Lucas.

Son regard se fait fuyant – tandis que, du côté de l'aide-soignant, ce sont ses sentiments qui fuient. Il se veut fort et cherche désespérément à rétablir le contact ; un geste, un regard, un mot, un soupir même, quoique ce soit. Il ne sait jamais ce qu'il fait avec elle, il agit bêtement les trois quart du temps, se comportant tantôt en aide-soignant poétisant raté, tantôt en salaud fini. Elle doit penser qu'il est vide, qu'il ne ressent rien, qu'il lui fait perdre son temps pourtant si précieux.

Elle lui parle, et son ton est froid, sa voix pleine de reproches – à moins que ce ne soit une indifférence totale et que l'air de reproche ne se trouve que dans les rêves de Lucas ; comme si elle en avait quelque chose à faire de lui : elle est pleine de culture, de raffinement, de sensibilité. Il n'est que lui. Ça va aller, dit-elle... Bien sûr que sa présence ne changera rien, bien sûr qu'elle ira d'autant mieux qu'il ne sera pas là pour lui faire perdre son temps. Il arrête sa recherche folle d'un contact quelconque avec la brune et reste là, planté, droit comme un i. Il la regarde s'éloigner ; sa silhouette est fine, gracieuse malgré toutes les difficultés d'équilibre qu'elle peut rencontrer – cette fille restera gracieuse quoiqu'elle fasse, Lucas en est persuadé. Sa chevelure danse dans son dos tandis qu'elle se fait de plus en plus petite. Il peut encore la rattraper, saisir son poignet si fin, la contraindre à le regarder une dernière fois avant de partir. Elle ne part pas loin, alors pourquoi cette scène si pathétique lui paraît-elle un adieu ? Il n'a pourtant pas regardé assez de films guimauve pour les projeter sur sa propre vie, si ennuyeuse soit-elle.

Mais elle se retourne, et tandis que ses grands yeux noirs se dirigent vers lui, elle prononce ces quelques mots, qui ne veulent rien et tout dire à la fois. « Juste une dernière suggestion avant de remonter, tu devrais écouter les préludes de Rachmaninov... ». Il écoute chaque note de sa faible voix – il lui avouera non sans gêne qu'il ne connaît pas Rachmaninov. Ces quelques mots l'ont décidé, il ne va pas la laissera pas partir pour l'instant. Il avance doucement vers elle et n'entend plus que le bruit de ses pas, presque recouvert par celui de son cœur qui est prêt à sortir de son enveloppe. Quelle niaiserie... Pourtant, il se conforte dans cette atmosphère – qu'il a sans doute recréée dans son esprit : ce n'est qu'une clinique, un lieu où mort et vie se côtoient encore plus qu'ailleurs : un lieu qui sent la maladie – et, tandis qu'il arrive au niveau de Lahmia, il prend le risque de se rapprocher encore un peu plus, sans toutefois qu'un contact physique ne se crée. Peut-être seulement sent-il ses cheveux effleurer son visage. « Tu pourrais me faire écouter plutôt, non ? » Il éloigne à contrecœur son visage de celui de la jolie brune et reprend un air plus sérieux, distant, réalisant soudainement son comportement romantico-niais qui n'a pas lieu d'être. Une question lui brûle les lèvres, et contrairement à son habitude, il la pose avant d'hésiter et de se rétracter. « Lahmia... Tu veux rester ? » Il baisse d'un ton et reprend, en balbutiant presque, comme un adolescent dégénéré. « Avec moi, je veux dire... Enfin, tu vois quoi... ». Elle voit, hein?
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MessageSujet: Re: LUCASLAHMIA 1.0   LUCASLAHMIA 1.0 EmptyMer 6 Nov - 23:35


Lucas & Lahmia Հ Shall I awake and find all this a dream?
Il est si facile pour elle de se perdre dans ce regard noir. Quelques secondes et elle oublie le fil de ses pensées, plus aucune cohérence n'existe. Il prend place dans son esprit pour ne plus la quitter – même une fois séparés. Ce n'était pourtant qu'un aide soignant parmi les autres, une personne souriante et serviable avec qui l'on peut échanger quelques sourires mais rien de plus. Elle se méfiait au départ de tout et de tout le monde, comme une souris tapie dans son trou qui n'ose pas sortir à cause du chat. Les autres étaient une porte ouverte à la souffrance. A quoi bon se lier d'amitié avec qui que ce soit quand la relation que l'on tisse porte une date d'expiration? Et puis il lui a parlé – en tout cas il l'a écoutée- et alors il n'était plus question d'aucun contrôle.

Lucas est devenu un ami et bien plus rapidement qu'il n'est possible de l'avouer, bien plus que ça. C'est cette douceur inconditionnelle et cette générosité incroyable qui l'ont d'abord fascinée. A dédier sa vie aux autres, il en oublie presque la sienne. Et c'est cela qui a permis à Lahmia de comprendre – ou en tout cas à discerner- la fragilité, la faille de l'homme imperturbable qu'il semble être de prime abord. Une sœur malade, internée dans l'aile nord, la plus difficile à supporter pour quiconque passe dans la clinique. Il s'en occupe, il la calme, il lui parle et la rassure quand la panique reprend le dessus. Mais qui calme la sienne à lui? Il est seul dans cet univers qu'il s'est imposé. Ce fardeau il a décidé de l'endosser sans l'aide de personne, et c'est probablement ce qui touche le plus Lahmia, et ce qui l'effraie le plus aussi. Un jour il se retournera et verra qu'il a perdu des années qu'il ne retrouvera jamais. Pour l'instant il est bien trop occupé à s'inquiéter pour Mia, à creuser ses cernes en prenant soin d'elle. Ce qu'il ne comprend pas c'est que ce qu'elle aurait probablement voulu le plus c'est qu'il vive sa vie, comme elle aurait dû vivre la sienne – c'est en tout cas ce que l'autre Mia aurait préféré. Mais elle ne parvient pas à lui faire entendre raison, il est buté l'animal. Comme elle aurait aimé que ce soit pour elle qu'il s'inquiète de la sorte, pour qu'enfin elle puisse lui dire de quitter cet endroit lugubre dans lequel personne ne devrait vivre s'il en avait le choix.

C'est parce que ce même regard sombre - dans lequel elle se perd d'ordinaire - s'est soudainement mué en une étendue froide et figée qu'elle s'est éloignée, à contre cœur. A force de jouer on se brule les ailes. Alors qu'elle recherchait un moyen de créer un contact depuis des semaines, c'est finalement sa maladie qui l'a fait tomber dans les bras de Lucas, littéralement. Leurs deux corps se sont raidis à l'unisson, poussés par une même pulsion qui les a éloignés l'un de l'autre.  Déçue par ce premier contact - par cette animosité qu'il a manifestée – elle se renferme peu à peu sur elle même. Elle est blessée dans son orgueil par la personne en laquelle elle avait le plus confiance. Il était sa bouée de sauvetage dans cette mer déchainée où elle aurait pu se noyer. Et maintenant quoi? Elle lance une dernière remarque alors que son cœur n'en finit plus de battre. Un malaise serait une excellente échappatoire, mais malheureusement son fardeau semble en être un jusqu'au bout. Elle va devoir rester consciente le temps qu'il mette fin à toutes ces sornettes une bonne fois pour tout – et pour qu'il brise au passage ses dernières illusions. Il se rapproche à mesure qu'elle s'éloigne, parce que lui même s'était éloigné quand elle s'était rapprochée. Lahmia retient son souffle, la fin de cette courte histoire – qui n'a eue d'existence réelle que dans sa tête- est proche. Elle n'est pas sûre d'accepter cet énième coup au cœur, autant l'achever immédiatement, elle ne vivra pas beaucoup plus longtemps de toute façon.

Mais son visage se rapproche étrangement de celui de la jeune fille qui n'en peux plus de cette tension. Son cœur n'arrête plus sa course effrénée, elle a le sentiment que sa poitrine va imploser.« Tu pourrais me faire écouter plutôt, non ? ». Il est si proche qu'elle peut sentir l'air qu'il expire sur ses lèvres. Tout s'emballe, elle ne sait plus quoi faire. Mais elle n'a pas le temps de réagir qu'il s'est déjà éloigné pour reprendre son attitude professionnelle au possible -froid, distant, un sérieux à faire peur. Cet homme joue beaucoup trop avec ses sentiments, ou il a été pris de troubles dissociatifs de l'identité, elle n'en sait rien et n'est pas sûre de vouloir le savoir. Il reprend d'un ton plus décidé après s'être éloigné de quelques pas et lui demande si elle souhaite rester. Un sourire s'étend sur les lèvres de la jeune fille, le rouge lui monte aux joues, la situation est beaucoup trop absurde pour être prise au sérieux. « Avec moi, je veux dire... Enfin, tu vois quoi... ». Il balbutie et elle se met à rire tout doucement. Tout cela est insensé, il lui murmure des vers à l'oreille puis se fige quand elle le touche pour enfin jouer à l'adolescent timide, mais c'est peut être cela aussi qu'elle aime chez lui, ne pas savoir à quoi s'attendre, ni ce dont demain sera fait.

Deux choix s'imposent alors à elle: celui de la raison et celui du cœur. La raison lui dicte de remonter dans sa chambre, d'oublier ce garçon et de ne plus se risquer à des aventures comme celles là. Son cœur, lui, lui crie de sauter sur Lucas, d'enfin oser le prendre dans ses bras et de tout lui dire, qu'elle ne perde pas plus de temps à attendre et qu'ils profitent l'un de l'autre si tel est leur destin. Elle fait deux pas vers lui -un véritable ballet- et se retrouve à la même distance que quelques instants auparavant. Elle lève lentement la main comme pour la poser sur son torse. L'envie qu'elle ressent est sans égale, elle en tremble. Mais elle finit par se résigner, que faire s'il réagit comme la dernière fois qu'elle l'a touché. Elle laisse retomber sa main – mais ne recule pas pour autant- puis lève doucement les yeux vers lui. « Tu sais pertinemment que oui... ». Sa main attire de nouveau son attention, cette même main qui a touché Lucas plus tôt et qui l'a fait sursauter. La peur se fait maintenant aussi grande que l'envie et l'amène à reculer légèrement. Un mais pèse dans l'atmosphère, un mais qui lui brûle les lèvres. « ...mais je ne veux pas que tu te sentes obligé parce que je suis...enfin tu sais... ». Son cœur reprend à un rythme incroyable, sa voix diminue à mesure qu'elle termine sa phrase dont elle a presque honte. Ses yeux fixent le sol, elle ne veut pas se replonger dans ce regard qui la fait fondre parce qu'elle a peur de ce qu'il pourrait lui répondre.
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LUCASLAHMIA 1.0

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