Il y avait des journées où j’étais tout simplement là à broyer du noir. Tout ce que je voyais était les ténèbres qui envahissaient mon monde. Je ne pouvais rien faire si ce n’était que les laisser faire leur travail et disparaitre… Pour revenir quelques temps plus tard. Heureusement, aujourd’hui n’était pas une d’entre elles. Un sourire éclairait mon visage et illuminait ainsi mon visage. Je laissai entrer la lumière dans l’appartement et j’étais tout simplement heureux de vivre. Il fallait remercier mes médicaments pour cela parce que sans eux, peut-être ne serais-je plus à présent. Il y avait aussi un autre facteur. Zackary avait décidé de rester à l’appartement ce soir. On allait donc se faire une soirée de mec. Film, bière et pasta! J’en salivais d’avance. J’avais donc cuisiné – okay, c’est un bien grand mot. J’avais simplement mis les pâtes dans l’eau et avait créé une sauce simple à la viande, mais c’était quand même bien, non? Quoi? J’étais infirmier, pas cuisinier! Bref, passons. « Zack? Une bière? » demandais-je à mon coloc. Je n’entendis pas de réponse, mais je m’emparai de l’une d’entre elles tout de même histoire de ne pas me retrouver avec rien s’il en voulait une finalement. Je marchai donc jusqu’au salon – cinq gros pas, et posai mes fesses sur le divan. Zackary était déjà là, assis à mes côtés. Je déposai la bière sur la table, lui donnant le choix.

J’entrepris d’ouvrir ma bière à mon tour et prit une gorgée. Soudain, dans ma poche, mon téléphone vibra. Je décidai de le fermer, histoire de consacrer véritablement ma soirée à mon coloc. Après tout, ça faisait un moment que nous ne nous étions pas retrouvés seuls… Lui qui avait toujours de multiples conquêtes/plan pour la soirée… À cette pensée, je soupirai, déçu d’avoir à supporter cela plus souvent qu’il ne le fallait. Étais-je jaloux? Bien sur que non. J’aimais mon petit monde solitaire, même si j’essayais de mon plus fort de m’extérioriser… Bref, je me faisais des illusions.

« Alors? Tu as envie de regarder quoi? » lui demandais-je en lui montrant de la main mon immense collection de DVD de tous les genres. Je n’avais pas de préférence pour ce soir, alors j’allais le laisser décider. Alors? Que prendrait-il? Un film d’horreur, un film d’action? Je doutais qu’il prenne une comédie romantique. Mais pourquoi pas une comédie tout simplement? J’allais connaitre la réponse dans la seconde, j’imaginais. Mais j’étais loin de me douter qu’au final, tous mes plans allaient être bousculés…

Il était clair que je ne m’attendais pas à la soirée du siècle, mais au moins, j’espérais que nous ayons du plaisir. Ce n’était pas trop demandé, non? Il y avait tous les éléments nécessaires pour la réussite de notre « tête à tête »; de la bonne bouffe – du moins, je l’espérais, un bon film, de la bonne bière. D’ailleurs, à l’instant même, Zackary était en train de choisir le divertissement que nous allions avoir la chance de regarder. Il était penché devant l’immense collection de DVD que je possédais. « Hmmmm... ce n'est pas un choix facile ! Il y en a tellement... » marmonna-t-il. Je me surpris à l’écouter qu’à moitié, puisque je ne pouvais pas reposer mon regard ailleurs que dans son dos… et hum… ses fesses. Je ne savais pas pourquoi, j’étais comme hypnotisé. « Bon, tout sauf un truc romantique à l'eau de rose... Une comédie ? » ajouta-t-il. J’étais entièrement d’accord avec lui… du moins, c’était ce que j’essayais encore de me faire croire. Cependant, je fus tiré de mes pensées lorsque la sonnette de la porte retentit dans tout l’appartement, ce qui me fit indéniablement sursauté.

Zackary m’interrogea alors, aussi surpris que moi. « T'attendais quelqu'un ? » demanda-t-il. Je fis « non » de la tête et Zack alla ouvrir.

« Salut Zack ! Je me promenais quand je suis passé devant chez toi... Ca te dirait qu'on aille faire un tour ? » dit un jeune homme à l’extérieur de l’appartement. Ce qui se passa par la suite fut très rapide. Zackary lui dit quelque chose et en deux temps trois mouvements, il alla chercher son manteau et revint me voir. « Ouais Max, je suis désolé... Je ne vais pas pouvoir rester ce soir finalement. Y'a James qui est là, il veut qu'on aille boire un verre et puis... Enfin tu sais quoi ! Bref, je rentrerais tard, ne m'attend pas, désolé. » me dit-il alors en m’adressant un sourire désolé tandis qu’il semblait chercher ses clés de voitures.

Au départ, je ne fis que le fixer, incapable de réagir. Puis, je me souvins de ma résolution. Celle de ne plus jamais laisser les autres gâcher mes plans. Je me levai donc, m’emparant des clés de Zack qui étaient juste à mes côtés. « Zack! Non! Ce soir, tu restes ici! Je n’ai pas fait ce souper pour le manger seul. Et je ne veux certainement pas passer une autre soirée en solitaire à me demander quoi faire de ma vie. S’il te plait, reste… juste ce soir… » lui dis-je en fronçant les sourcils. Il y avait à la fois de la déception, de la tristesse, de la colère et de la détermination dans la voix. Non, Zackary n’allait pas gâcher notre soirée.

Est-ce que j’avais réagi de façon totalement excessive? La réponse était un immense « oui » en grosses lettres et des néons pour l’éclairer. Cependant, je ne le réalisais pas du tout pour l’instant. Bref, j’avais tout d’un cinglé. C’était tout à fait évident que quelque chose clochait chez moi. Pourquoi est-ce que je voulais empêcher mon colocataire d’avoir du plaisir ce soir? Hein? C’était totalement inconsidéré de ma part de lui faire manquer sa soirée, n’est-ce pas? Rire hystérique intérieur. Nah, tout ce que je demandais était totalement stupide. Rien qu’une soirée avec lui! Mais c’était trop demandé, j’imaginais. Ouais, beaucoup trop demander… Après tout, il n’était jamais ici, alors pourquoi ne pas continuer sur cette lancée?

Zackary, quant à lui paraissait extrêmement surpris de ma façon de réagir. « B...Ben... Heu... Max... » commença-t-il par dire en bégayant quelque peu. Quoi!? Tu ne sais plus quoi dire?! « Euh... Okay... D'accord. » ajouta-t-il finalement, faisant en sorte que je puisse respirer normalement à nouveau. Le jeune homme déposa alors son manteau et alla à la porte dire un mot à son « ami ». « Écoute je suis désolé... ce soir je ne peux pas... Je vais rester avec mon coloc... Il est bizarre ce soir... » l’entendis-je dire. Bizarre? Ce fut à ce moment que je réalisai que je n’aurais pas du lui dire cela. Qu’allait-il penser de moi maintenant? En ce moment-même, je voulais tout simplement me frapper la tête contre un mur.

Mais je ne pus pas le faire puisque mon coloc revenait déjà vers moi et me jeta un regard interrogateur. « Je l'ai renvoyé... T'es sûr que ça va Max ? ...T'as le droit de ne pas vouloir que je sorte mais... Enfin... C'est pas ton genre et puis... Qu'est ce que ça peux te faire ? » demanda-t-il. Puis, il alla s’assoir. Mais il continua de me fixer, attendant une réponse de ma part.

Croisant les bras contre ma poitrine, je le fixai à mon tour, mais je finis simplement par soupire, puis rougir. « Bah… on passe jamais de temps ensemble… T’es toujours sorti ou avec d’autres… personnes… » lui dis-je… Je n’allais certainement pas lui avouer qu’en quelque sorte, j’étais jaloux…

Le fait que Zackary me fixe aussi longtemps me rendait vraiment mal-à-l’aise. Je ne pouvais pas m’empêcher de rougir quelque peu ou de me passer nerveusement la main dans les cheveux. Il devait certainement me prendre pour un fou, un véritable dérangé. Mais à vrai dire, je m’en fichais. Il fallait que je prenne les choses en main si je voulais que tout se passe comme je le souhaitais. J’en avais marre qu’on me coupe l’herbe sous le pied. J’en avais tout simplement marre de subir tout cela en silence. Non, aujourd’hui, je n’en faisais qu’à ma tête. Voilà! Et je le dis à Zackary. Non, il n’allait pas sortir ce soir. Il allait rester avec moi. Point final.

Je lui expliquai donc le pourquoi du comment j’avais réagis comme cela, du moins, dans les grandes lignes et sans véritablement évoquer mes sentiments à son égard. Mon jeune colocataire eut l’air de nouveau surpris. Quoi? Cela ne lui était jamais arrivé que quelqu’un veuille passer à ce point la soirée avec lui? En quoi était si surprenant que je le veuille?

« Ah ? Et tu voudrais qu'on passe plus de temps ensemble ? » demanda-t-il. « Oui. » lui répondis-je, soupirant et reprenant ma bière dans mes mains. J’en repris une gorgée, puis une autre… Cela faisait du bien, me redonnait courage. Je savais que je n’avais pas réellement le droit, vu les médicaments que je prenais, mais ce soir, je n’y portais pas réelle attention.

Cependant, lorsque Zackary eut un sourire, je compris que j’avais fait une bourde. « Oh. » dit-il en se levant. « Dis moi, monsieur Rosewood, est ce que tu ne serais pas un peu... Jaloux ? » demanda-t-il, curieux. Lorsque quelqu’un t’appelait par ton nom de famille, ce n’était pas bon signe. Eh bien, c’était un de ces cas-là, bien précis où tu as envie de courir dans l’autre direction et d’aller te mettre la tête dans le sable. « De quoi est-ce que tu parles? Moi? Jaloux? Non… Où tu vas chercher ça? Je… non… Je voulais juste qu’on passe plus de temps ensemble… Mais bon… » commençais-je à blablater. Je me perdais dans mes phrases… ce qui n’était pas très bon. « Franchement... Jaloux... De James en plus ! Rooh. » continua-t-il à dire… fixer sur son idée. Il rit doucement en s’approchant de moi. Il vint alors m’ébouriffer les cheveux et je reculai machinalement. « Mais enfin voyons, tu sais bien que je t'apprécie mon cher coloc adoré ! » ajouta-t-il en tirant la langue vers moi. « On l’écoute ce film ou tu continues à te faire des films? » lui demandais-je, légèrement vexé. Je voulais définitivement mettre fin à mon malaise.

Je m’étais confondu en explications douteuses qui m’avaient simplement mis davantage les pieds dans les plats. Zackary n’allait pas être dupe, cela en était certain. Le rouge sur mes joues n’aidait pas non plus à ma cause. Bref, j’étais tout simplement fichu. Mais une voix dans ma tête me disait qu’après tout, pourquoi cacher cela? J’étais jaloux, et alors? Ouais, il m’attirait…. Pourquoi le nier? C’était stupide. Ah oui, parce qu’il est mon colocataire, peut-être? Et qu’il couchait à droite et à gauche? Je ne voulais pas avoir le cœur brisé. Ma confiance en moi n’était pas encore au top. Si je m’abandonnais à ce que je ressentais vraiment, j’allais en souffrir. Je n’avais pas besoin de cela… Mais son sourire… argh! Bref, je secouai quelque peu la tête. Il fallait que j’arrête de me faire des scénarios qui n’allaient mener nulle part.


« On l’écoute ce film ou tu continues à te faire des films? » lui avais-je dit alors qu’il venait d’ébouriffer mes cheveux pour me taquiner. J’étais quelque peu énervé à présent. Cependant, ce qu’il fit par la suite me rendit encore plus perplexe que je ne l’étais déjà, me faisant oublier la frustration qui m’avait gagné quelques secondes plus tôt. Il approcha son visage du mien et vint déposer un baiser sur le coin de ma lèvre. J’en fus extrêmement surpris, mais ce que j’eus envie de faire se perdit dans un coin de mon imagination. J’avais maintenant une furieuse envie de l’embrasser. « D'accord, d'accord. Ne boude pas. » dit-il en allant chercher le DVD. Il le mit alors dans le lecteur et se rassit sur le divan.

Mais j’avais totalement oublié le but de la soirée. Tout ce qui m’importait à présent était le contact qu’il y avait eu entre nous. Mon cœur avait battu la chamade et battait encore extrêmement fort dans ma poitrine. Je ne savais pas quoi faire. Rester là et ne plus bouger pendant les deux heures du film ou me rapprocher de lui et succomber à mes envies? J’étais perdu. Mais encore là, il fallait que je finisse par suivre mon instinct. « Go! Max! » m’encourageais-je, alors je m’approchai de lui sur le divan. J’allai finalement chercher ses lèvres pour un baiser rapide. « Ouais, t’as raison… je suis jaloux…