Patient Joshua Eden Rosenfield.

Rapport du Docteur Delaware, de l’institut psychiatrique de Waters, à Rockhampton, le premier novembre mil neuf cent quatre-vingt seize (01/11/1996).

Mère : Amelia Christina Hopkins Rosenfield, née le douze novembre mil neuf cent soixante-quatre (12/11/1964) et décédée le vingt-deux juin deux mil trois (22/06/2003) à la suite de scarifications sévères au niveau des veines et des tendons du bras droit. Patiente suivie par un psychologue depuis le trois décembre mil neuf cent quatre-vingt-douze (3/12/1992) à la suite de l’enlèvement de Mylena Anya Rosenfield, fausse jumelle de Joshua Rosenfield dont l’existence a été cachée aux deux enfants Rosenfield ; enfant âgé de quatre ans, de sexe féminin, aux cheveux blonds clairs et aux yeux verts. L’enlèvement de Mylena Rosenfield est le cause de la dépression de Amelia Hopkins Rosenfield.

Père : Andrew Karter Rosenfield, né le treize octobre mil neuf cent soixante-cinq (13/10/1965). Aucun trouble du comportement détecté, aucuns antécédents judiciaires ou psychologiques graves. Aucun suivi psychologique recensé.

Joshua Rosenfield est né avec sa sœur jumelle Mylena Rosenfield le trente octobre mil neuf cent quatre-vingt-huit (30/10/1988). Fils d’une directrice dans un internat regroupant primaire et collège et d’un agent immobilier, tous deux de sang américains, avec des origines italiennes du côté maternel.

Naissance de la petite sœur de Joshua Rosenfield deux ans plus tard, Amanda. Aucun trouble de comportement noté à partir de cette date. D’après les études, le patient n’aurait pas eu de relation conflictuelle avec sa jeune sœur. Leur entente était cordiale et saine. Rapport de protection vis-à-vis de celle-ci. À noter que le patient niait savoir d’où venaient les sévices corporels sur le corps de sa jeune sœur ; le patient s’est même étonné. Il ne semblait pas au courant des mutilations que s'infligeait sa sœur.

Relation tendue avec le père. Depuis la mort de la figure maternelle, plus aucune activité en commun. Peu d’échanges entre eux-deux, les discussions finissant la plupart du temps par des disputes. Aucune de celles-ci ne fut violente physiquement. Peu de souvenirs du patient concernant sa mère, ou même de sa relation avec celle-ci. Il n’a fait aucunement mention de sa sœur jumelle dont il semble ignorer l’existence, comme sa jeune sœur lors des nombreux interrogatoires. Par respect envers le père et afin de ne pas déstabiliser le patient, cette information lui a été cachée jusqu’à nouvel ordre.

Enfance peu agitée, élève studieux mais peu attiré par l’excentricité. Enfant calme et sage, baignant dans un désir de côtoyer les métiers de l’art. Dessinateur, peintre puis sculpteur. Agile et habile, il était également fort dans les activités sportives mais il n’a jamais réellement voulu les pratiquer.

Relation normale avec le sexe féminin au primaire. Aucune recherche d’attention, désir de s’épanouir et objet de contemplation de ses amies féminines. Peu d’amitié forte déjà, et problème d’entente avec certains garçons agités de sa classe. Aucune provocation de sa part. Il se dit « victime » de ses camarades. Point de départ possible d'un éventuel traumatisme courant.

Début au collège facile. Élève studieux mais se révélant déjà maniaque. Le patient se souvient voir sa mère pleurer en revenant le soir de ses cours. Prise de conscience de la mort, de la fragilité de la vie et de la dépression de sa mère. Au cours de sa scolarité, il se passionne sur le sujet de la mort et du suicide. Difficulté à s’intégrer convenablement, perçu comme un « dépressif glauque » par ses camarades. Néanmoins aimé et désiré pour sa « beauté florissante » d'après ce qu'il cite de certains camarades. Difficulté à cerner le vrai du faux, et méfiance envers ses camarades. Peur d’être manipulé et début prononcé d’une pré-dépression.

Fin collège, suicide de sa mère. Début des lacérations sur la jeune sœur du patient et tentative de suicide de ce dernier à trois reprises depuis cette date ayant été confirmée par le parent restant et la sœur. Aucune autre information concernant de possibles autres tentatives de suicide du patient qui a préféré se taire sur le sujet tout en reconnaissant que le « compte n'est pas bon ».

Deux ans après le collège, soit début du lycée difficile. Déscolarisation du patient qui se renferme sur lui-même. Alors que sa jeune sœur tente de suivre des études normales, le patient commence la drogue quelques mois après s'être tourné vers un désir de contact charnel excessif. Aucuns rapports masochistes ou violents. Partenaires de sexe masculin uniquement allant de quatorze ans, lors de sa première expérience, à trente-deux ans. Moyenne d’âge selon le patient : aux alentours de vingt ans.

Patient interné à dix-sept ans à compté de cette date après sa troisième tentative de suicide où il frôla une mort certaine. En charge du dossier, Docteur Delaware, psychiatre suivant le patient quotidiennement jusqu'à nouvel ordre.

Signé, Docteur Delaware.

Patient Joshua Eden Rosenfield.

Rapport du Docteur Delaware, de l’institut psychiatrique de Waters, à Rockhampton, le onze juillet deux-mil treize (11/07/2013).

Retour du patient au sein de la clinique après de nouveaux soucis sexuels. Le patient admet avoir des problèmes mais ne semble pas totalement prêt à les résoudre. Cela fait sept ans que le patient n'a pas montré de comportements suicidaires, et son traitement contre la dépression s'est terminé il y a près de cinq ans. Renouvellement des traitements pour la gestion de l'humeur et la sexualité compulsive.

Depuis trois mois, l'hypersexualité du patient semble s'être plus ou moins stabilisé avant de chuter à nouveau. La dépression semble avoir ouvert un champ vers un trouble sexuel persistant. Les relations conflictuels avec le père sont inexistantes depuis quatre ans soit la majorité légale et internationale du patient. Le deuil de la mère n'est plus d'actualité car il fut la cause primaire de la dépression du patient, mais le besoin inconscient de renouer avec l'unique parent restant est primordial pour le patient.

Le patient souffre toujours d'un égocentrisme fort, d'un narcissisme présent. Il continue à aimer manipuler son monde, prenant le contre-pied de son état avant de guérir de sa dépression. Le changement de comportement montre une évolution de la santé mentale du patient qui a semblé empirer avec les années. Le patient répète que ses désirs charnels sont difficilement contrôlables mais qu'il est pratiquement toujours le dominant.

Recherche d'une figure jeune et influençable à l'image de l'enfant qu'il était. Reproduction d'un schéma sans amour avec ses partenaires, le sexe remplaçant l'absence d'affection et de démonstration de sentiments. Le patient se complaît dans cette situation et semble uniquement vouloir améliorer son confort de vie et non guérir. Il semble être parfaitement conscient de l'effort qu'il doit déployer pour avancer, et il n'est pas prêt à une confrontation à cœur ouvert avec son père.

Relation toujours neutre avec sa sœur. Il ne mentionne aucunement son prénom durant les consultations. Il ne semble pas avoir de contact avec elle depuis son départ pour la France il y a deux ans. Discours autour des hommes et du pouvoir qu'il peut avoir sur eux ; désir de plaire et de séduire tout en se contentant d'un simple échange corporel. Problème au niveau sentimental car incapable de s'engager dans une relation dite amoureuse. Besoin sans cesse de contrôler l'autre, de le dominer et parfois de le blesser moralement.

Signé, Docteur Delaware.