Depuis son départ de la maison familiale Zola avait vécu à New-York, Milan, Londres, Saint-Petersbourg et avait été de passage dans bien des petites bourgades sans nom. Suite à l’appel téléphonique de sa sœur, le brun disparu une nouvelle fois dans la nature après avoir fait un brève séjour à l’hôpital. Le jeune homme avait été bricoleur, dénicheur de nouveau visage, trader, secrétaire, publicitaire et bien d’autres boulots qu’il avait obtenu plus ou moins légalement. Devenu depuis peu journaliste de la section monde d’un prestigieux magasine américain et international, le brun se cassait les dents sur un sujet qui ne l’inspirait pas vraiment. Froissant pour la énième fois de la soirée un papier qui ne lui convenait pas, la frustration que le jeune Lahey ressentait était en train de le ronger de l’intérieur. C’est alors que les mains fortes d’un de ses ainés de la boite vinrent se poser sur ses épaules : Isaac, viens, on va tous boire un verre pour se détendre. Mais, j’ai mon papier à … Il sera toujours là demain. Tu n’as pas le choix, je dois t’emmener de force, la petite Da Silva m’a dit être très intéressée par toi. Riant, Zola se laissa trainer par son ainé jusqu’à un bar quelques peu douteux où la majorité de ses collègues étaient soit bourrés, soit défoncés. Ne se sentant pas à sa place dans cet endroit, il cherchait une issue, une excuse pour pouvoir s’échapper sans froisser personne. Sauf que un de ses collègues remarqua son malaise et dans un rire dément, il lui dit tout en essuyant la poudre qui restait collé à sa narine Alors, qu’est-ce qu’il a notre petit Lahey ? Il se sent pas à l’aise ? Je parie qu’il a jamais fumé que des clopes ce petit !  Se remettant à rire, l’homme qui venait de l’interpeller ne s’imaginait pas ce qui allait se produire, personne ne pouvait l’imaginer. Attrapant un des joints en train de tourner, Zola tira dessus alors que des applaudissements retentissaient dans la foule. En un rien de temps il se retrouva ivre et défoncé incapable de démêler le vrai du faux, la réalité de ses mensonges, les mensonges des mensonges, le rien du rien, le tout du tout.  Perdu dans des habits trop grands pour lui, sa bouche pâteuse et sa gorge râpeuse, le brun avait soif, il avait chaud. Respirant difficilement, c’est avec difficulté qu’il prit un autre raille sur le ventre dénudé de la belle Da Silva.  Un résidu de poudre sur le nez, le jeune homme offrit un sourire vide à la belle qui se redressait en riant pour venir l’embrasser. Totalement ailleurs, perdu à des années lumières de là, lorsqu’il rouvrit les yeux sur la jeune femme se rhabillant le brun ne savait plus clairement ce qui s’était produit. Il conserva néanmoins son léger sourire vide alors que la jeune femme s’allumait une cigarette. Alors Isaac, t’es un amoureux de la nature n’est-ce pas ? Puis, t’adore les animaux et t’as déjà été vivre dans une réserve en Afrique, c’est bien ça ? Les paupières lourdes, il se redressa afin de récupérer la cigarette entre les doigts de la belle. En effet, pourquoi toutes ces questions ? Hochant la tête, la jeune femme haussa les épaules tout en croisant ses jambes. C’est juste que je me demande qui est le bel Isaac qui est apparu comme par magie à la rédac’. Passant une main dans ses cheveux décoiffés, Zola resta silencieux n’ayant aucune crainte à l’idée de se faire démasquer. Il n’y pensait tout simplement, persuadé que le mensonge qu’il tissait jour après jour était la vraie vie, sa vie. Il ne se doutait pas un instant que la jeune femme lui faisant face connaissait son nom, son passé, ses antécédents. Il n’avait pas la moindre idée que la belle brune avec qui il venait passé une heure de pure plaisir n’était là que pour percer sa carapace, se comprendre ce qui se cachait derrière les masques. Était il fou à lier ou alors un géni incompris ? La jeune femme ne savait pas vraiment, mais elle devait avouer qu’il était décidément trop craquant pour le boulot qu’elle devait faire. Je sais qui tu es Zola. Ce que tu as fais et aussi depuis combien de temps tu fuis ta famille. Tu n’as rien d’un journaliste, que ça soit les diplômes ou l’étoffe. Fronçant ses sourcils, le jeune homme regarda la belle sans comprendre où elle voulait en venir. Laissant sa cigarette tomber sur le sol dégueulasse de ces toilettes qui en méritaient à peine le nom, il se mit sur ses deux pieds pour faire face à la brune. Je ne vais rien dire aux autres du bureau. Je te donne juste une longueur d’avance sur ta sœur, même si je ne devrais pas le faire vu qu’elle m’a embauché mais bon… J’ai juste une question, tout ça c’est un coup de maître, il t’as fallu longtemps pour te créer cette vie alternative ? La fusillant du regard, ses muscles tendus, sa mâchoire crispée il s’approcha de la jeune femme qui sentait le vent tourner. L’attrapant par les épaules, il la souleva sans aucune difficulté alors qu’il grondait méchamment : Je ne comprends pas où tu veux en venir. Tu veux dire que tu as fait des recherches sur moi, c’est ça ? En plus, tu m’accuses de mentir sur ma vie. Sur qui je suis ? L’abus d’alcool et de drogue ne lui permettait pas de penser lucidement contrairement à Da Silva qui était resté sobre toute la soirée faisant semblant. Ses mains crispées sur les épaules de la jeune femme, il se rendait à peine compte qu’il était en train de broyer celles-ci entre ses doigts. Son visage proche de celui de la belle, ses yeux cernés et noir n’inspirait rien qui vaille à la brune. Sans qu’il n’y réfléchisse, sans qu’il ne sache comment n’y pourquoi, son poing fût arrêter par le miroir brisé alors que la jeune femme quittait vivement les toilettes un œil tuméfié témoignant de ce qui venait de se produire. C’est dans une urgence molle que le brun sortit du bar miteux avant de rejoindre son appartement pour récupérer quelques vêtements. Ce dernier était déjà vide, il avait toujours refuser d’entasser des affaires inutiles se disant au dessus de tout cela alors qu’il s’agissait plutôt de son instinct de maître menteur qui le poussait à toujours être sur le départ. Un sac sur le dos, sans laisser un mot derrière lui, il ne laissa comme trace de son existence qu’un appartement vide que les policiers purent fouiller sans rien trouver.