Cela faisait une semaine que je me suis installé à Rockhampton et je n’avais toujours pas trouvé le temps de rendre visite à Elizabeth… Pourtant c’était pour elle que j’étais venu. Il fallait que je me rattrape. Donc en me levant ce matin, j’avais tout préparé afin d’aller la voir, j’avais repéré l’emplacement de l’établissement sur internet histoire de ne pas me perdre. Après avoir choisi une tenue simple et discrète, un t-shirt blanc, un jean noir et une veste marron. Vers 14h, je pris la direction de l’hôpital, j’ai dû faire un petit détour afin d’aider une personne âgée a regagné sa maison, je l’ai raccompagné les bras chargés de ses courses. Une fois arrivé devant l’établissement, je me rendis à l’accueil et engagea la discussion avec l’hôtesse qui tenait les registres :

« Bonjour je cherche la chambre d’Elizabeth Kinegann s’il-vous-plaît » « Aile nord, chambre n°9 » « Merci beaucoup » « Faîtes attention à vous… »

Je ne comprenais pas ce que la femme venait de me dire, préférant ne pas faire attention à son avertissement, je grimpais les marches trois par trois, l’envie de la revoir se faisait de plus en plus sentir, je m’étais imaginé nos retrouvailles tellement de fois avec des scénarios complètement différent, mais aucun ne ressemblait à ce qu’il allait se passer. Lorsque je pris place devant la porte, je ne savais pas s’il fallait que je toque avant de rentrer, fallait-il que je parle une fois rentré à l’intérieur ? Quels seront les premiers mots que je dois lui dire ? Dans quel état allais-je la retrouver, d’après son père, Effy était devenue violente. Prenant une grande bouffé d’air, je finis par toquer avec ma main gauche tout en tournant la poignée de la main droite.

Quand je rentrai dans sa chambre, elle était de dos, et la contempler ainsi suffisait à accélérer les battements de mon cœur. Je pouvais rester debout à cet endroit pour toujours, juste à la regarder. Finalement elle se retourna, et mon cœur cessa de battre… elle n’avait pas changé en un an, elle était devenue encore plus magnifique. C’était plus fort que moi, j’aimais cette fille, malgré ce qu’elle m’avait dit, je l’ai toujours aimé.

« Qu'est-ce que tu fous là ? »

Cette simple phrase me donna l’impression qu’on m’assénait un coup dans le ventre, je pris quelques secondes avant de lui répondre, le temps de faire passer le choc.

« Effy… Je voulais te revoir… Tu m’as énormément manqué… »

La dernière partie de la phrase m’a échappé, je ne voulais pas qu’elle l’entende mais il était trop tard… j’avais tendance à ne pas faire attention à ce que je dis lorsque je me plonge dans son regard.

Je ne comprenais pas vraiment ce qu’il se passait, l’instant d’avant nous nous tenions en face à nous regarder et l’instant d’après, elle commença à s’affoler, ne tenant pas en place, elle attrapa des objets qu’elle lança de toute ses forces, ils n’avaient aucune chance face à elle. J’observais la scène, ne sachant pas comment réagir, fallait-il que je lui vienne en aide ? La prendre dans mes bras et la bercer doucement afin de la calmer ? Je jetais un coup d’œil au cadre photo qu’elle venait de fracasser, je fus surpris d’y trouver une photo de moi dans les débris… Pourquoi avait-elle gardé cette photo après un an sans nouvelle de ma part ? J’avais énormément de question a lui poser mais vu son état, je n’étais pas sûr d’obtenir les réponses que je voulais. Un bruit me fit sursauter, Elizabeth venait de frapper le miroir avec sa main, elle se mit à saigner.

« T'aurais jamais dû venir ! Pourquoi t'es venu après tout ce temps ? Pourquoi t'es parti ? »

Je la vis s’écrouler au sol, tenant sa main en sang contre elle, je regardais la fille que j’aimais et que j’aime toujours se détruire à petit feu… Comment en était-elle arrivée là ? Vu le ton qu’elle a employé, je supposais que j’étais en parti responsable de son état. Je m’avançais vers elle lentement, mis un genou à terre afin de me mettre à sa hauteur et plongeai dans ses magnifiques yeux.

« Pourquoi tu m'as pas donné de nouvelles ? »

Il fallait que je lui dise quelque chose, n’importe quoi, du moment que cela répondait à ses questions, mais que pouvais-je lui dire ? Je me suis enfui parce que tu m’as brisé le cœur ? Non je ne pouvais pas, son état allait empirer. Doucement je lui attrapai sa main blessé, et pris le drap de son lit qu’elle avait démolit quelques minutes plus tôt, je fis une sorte de bandage, et lui rendis sa man délicatement.

« Il fallait que je parte un peu… J’ai appris récemment que tu étais ici et je voulais vraiment te revoir et t’apporter mon aide… s’il te plait ne me rejette pas… »

Oui je sais, ce n’est pas terrible comme réponses mais il fallait bien que je trouve quelque chose en si peu de temps. Mais je ne lui avais pas menti en lui disant que je voulais l’aider et être là pour elle. Sans le vouloir j’ajoutais la phrase de trop…

« Et puis de toute façon c’est toi qui m’a envoyé chier à la base… »

Je me tenais accroupis devant Effy, l’observant se lever et tourner sur elle-même, je ne pouvais qu’assister à la scène sans rien faire de plus, l’interrompre aurait provoqué d’avantage de problème. Je voyais à présent pourquoi son père l’avait fait interner. Je fus plus que surpris lorsque je l’entendis dire que c’était moi qui était parti sans rien, ce qui était vrai, mais elle ne se souvenait pas des raisons qui m’ont poussé à partir. Elle m’avait traité comme un détritus, un moins que rien… je ne pouvais pas supporter la fille que j’aimais me parler ainsi, alors j’ai fui… Certes j’aurai dû lui donner de mes nouvelles mais ma fierté me l’interdisait. Effy se rapprocha et commença à me frapper au torse, rien de bien méchant, mais on voyait bien qu’elle voulait me faire du mal, même si elle ne frappait pas très fort…

Je commençais à prendre peur, voir Effy ainsi m’effrayais un peu, elle s’était mise à me crier dessus, j’en déduisais qu’une nouvelle crise approchait et je ne savais pas du tout comment m’y prendre afin de la calmer.

« Non ! C'est pas possible ! C'est pas possible ! C'est ta faute ! Ta faute à toi ! Je suis là à cause de toi ! Tu m'as détruite !! »

Elle finit par s’écrouler sur le sol, je me baissais pour me mettre à sa hauteur et avec ma main droite levais doucement son menton afin de la regarder dans les yeux :

« Je suis vraiment désolé Effy… pour tout ce qu’il t’arrive… je sais que tout est de ma faute, je t’en prie Effy… Pardonnes moi… »

Je ne pouvais plus retenir mes larmes, c’était de ma faute si la fille que j’aimais se trouvait dans un hôpital psychiatrique, c’était moi qui avait gâché sa vie, c’est moi qui l’ait privé d’une vie normale. Comment pouvais-je continuer à vivre sachant qu’Effy était enfermée dans cet établissement. C’est à ce moment-là que je me fis une promesse :

« À partir de moment, Effy, je serais toujours là pour toi… »

Je la pris tendrement dans mes bras afin de sceller la promesse que je venais de me faire, j’en profitais pour sentir son délicieux parfum qui m’avait énormément manqué, je ne voulais pas que notre étreinte prenne fin et pourtant…