Sujet: un beau jour comme ça tu te lèves avec une idée à la con, fouiller les souvenirs et les rêves dans la poubelle à passion. (sergueï) Mer 16 Oct - 23:31
Tais-toi mon cœur
Sergueï ∞ Thanatos
Deux semaines déjà. Cela commence à faire long. J'aurais aimé que les souvenirs commencent doucement à s'estomper, comme ils le font chez toute personne normalement constituée. Mais comment pourrais-je oublier, ne serait-ce qu'une seconde, toutes ces images et ces sons qui s'entrelacent infatigablement dans les méandres de mon esprit fatigué. Dès que je ferme les yeux, la scène qui s'est déroulée dans cette ruelle mal éclairée, dans un coin perdu de Victoria Parade, me saute à nouveau au visage, et il me semble entendre à nouveau les cris désespérés du Docteur Ayling et les poings de cet homme sans nom s'écraser rageusement contre ma peau. Et pire que tout, il me semble encore entendre résonner autour de moi l'écho sans fin de ce coup de feu, tiré si abruptement, avant que la mort du violeur ne vienne se peindre sur le mur derrière lui en longues gerbes carmin, et que son corps ne s'écrase lourdement sur les pavés, tel un pantin désarticulé. Un frisson d'horreur vient courir le long de ma colonne vertébrale et je me prends la tête entre les mains. Tout cela ravive des choses que j'avais enfouies au plus profond de moi et que pour rien au monde je ne voudrais voir refaire surface. Ce n'est pas moi qui ai tiré, et pourtant je me sens aussi coupable et souillé que si j'avais pressé la détente. Je pousse un long soupir, ce qui m'arrache une grimace de douleur. Depuis deux semaine, j'ai aussi cette mystérieuse douleur au torse. Dès que je respire un peu trop fort ou que je tousse, ça me fait un mal de chien. Au début, je pensais que c'était seulement la résultante des nombreux bleus que j'ai récolté en me battant avec l'agresseur de Mnémosyne, ou bien même simplement des courbatures. Mais la douleur persiste, à tel point que c'en est devenu insupportable. Je ne peux même plus m'allonger sur le côté... Je dois avoir une côte fêlée ou quelque chose du genre, mais je n'en suis pas sûr. J'ai finalement du me résoudre à prendre rendez-vous chez le médecin. Avant de sortir, je me suis coiffé et j'ai bien fait attention à la manière dont je me suis habillé. Pourquoi ? J'aimerais bien le savoir aussi. C'est stupide. Après tout, ce n'est qu'une simple consultation chez le médecin. Enfin... Je crois. Je ne sais plus... Tout ça, c'est la faute de la clinique. Lorsque j'ai téléphoné hier pour prendre rendez-vous, ils ont dit qu'ils me recontacteraient le lendemain pour confirmer l'heure et le médecin qui s'occuperait de moi. J'étais déjà anxieux à cette idée, eh bien quand ils m'ont rappelé tout à l'heure, ça ne s'est pas arrangé. Je n'ai même pas écouté tout le baratin que m'a servi la standardiste, je n'ai retenu qu'un seul mot. Ou plutôt, un nom. Voliakov. Peu importe le nombre de fois où l'on me le répétera, je crois qu'il ne cessera jamais de me faire cet effet. Je ne saurais même pas décrire ce que c'est. C'est comme une sorte de... de... Non, vraiment, je ne sais pas. Tout ce que je sais, c'est que lorsque je l'entends, je me sens bizarre. Et ça me fait peur. Il ne sonne pas pareil que les autres, c'est étrange.
Et me voilà assis dans la salle d'attente, dans l'aile Ouest de la clinique, depuis environ dix minutes maintenant. Je sens mon cœur bondir dans ma poitrine dès qu'un bruit de pas retentit dans le couloir, lorsque je crois qu'il arrive enfin. Ce mélange d'appréhension et d'impatience me met sens dessus-dessous, et je ne peux pas m'empêcher de tordre nerveusement mes doigts. Je vais le revoir. Lui parler. Ça me semble presque irréel. Au mieux, je ne fais que le croiser brièvement dans les couloirs lorsque je me rends à mes séances de psychanalyse. Parfois, lorsqu'il n'est pas en train de courir dans tous les sens pour aller à ses rendez-vous, il s'arrête pour me dire bonjour. C'est tout. Mais quoiqu'il arrive, il a toujours cette façon de me regarder qui me donne à la fois envie de fuir à toutes jambes et de lui sourire niaisement. Bien évidemment je ne fais jamais aucun des deux, je me contente de détourner les yeux avec une certaine gêne et de passer mon chemin. Il m'arriverait presque d'oublier qu'il fut un temps où nous nous écrivions toutes les semaines, où je réfléchissais pendant des heures à ce que j'allais lui répondre, où j'attendais chacune de ses lettres comme le messie, où je les lisais et les relisais jusqu'à les connaître par cœur... Je m'étonne parfois de voir à quel point la situation a changé. À quel point j'ai changé. Mais les souvenirs, eux, sont toujours là, ainsi que les lettres, que je garde soigneusement dans une boîte sous mon lit. Cela fait bien longtemps que je ne l'ai pas ouverte, d'ailleurs. Je n'ose pas les relire... Parce que j'ai peur de tout ce qu'elles pourraient réveiller en moi, parce que je sais qu'elles appartiennent à un passé que je devrais tout faire pour oublier. Et pourtant, j'en suis incapable. Ce rendez-vous était sans doute l'idée la plus stupide que j'ai eue depuis longtemps. Je ne suis pas certain de vouloir l'approcher d'aussi près... J'ai peur de ce qui pourrait se passer... Même si techniquement, il ne se passera strictement rien qui puisse motiver cette angoisse qui me ronge. Et si je partais ? Peut-être que je devrais me lever tout de suite et filer comme un voleur, après tout il n'est pas là, il est encore temps. Personne ne m'a vu arriver, je n'aurai qu'à dire à la standardiste que j'ai eu un empêchement, que je reporterai le rendez-vous... Et bien sûr je ne le ferai jamais. C'est vrai, après tout je n'en ai pas tellement besoin, je vais bien guérir tout seul, hein. Les yeux rivés sur mes pieds, les mains tremblantes, je commence à divaguer complètement. Et je suis tellement perdu dans mes pensées que c'est à peine si j'entends les bruits de pas qui s'arrêtent juste à côté de moi. Un raclement de gorge me fait sursauter brutalement, et je lève enfin la tête. Mes yeux s'agrandissent de surprise, et mon cœur se met à cogner furieusement contre ma cage thoracique à la vue de l'homme qui se tient devant moi. Trop tard.
Sujet: Re: un beau jour comme ça tu te lèves avec une idée à la con, fouiller les souvenirs et les rêves dans la poubelle à passion. (sergueï) Sam 19 Oct - 9:20
un beau jour comme ça tu te lèves avec une idée à la con, fouiller les souvenirs et les rêves dans la poubelle à passion.
sergeuï feat thantos.
L’état émotionnel de Sergueï était absolument indescriptible. C’était un mélange d’émotions paradoxales, de sentiments confus et incompris. Ça le prenait à la gorge, et il avait un mal fou à se concentrer dans son travail. Lui qui était d’ordinaire si sûre de lui et maître de ses émotions se retrouvait totalement au dépourvu face au tourbillon de sentiments qui l’habitait. Ça en devenait ridicule. Il ne savait pas s’il était heureux, effrayé, stressé, anxieux, soulagé. Tout ça car il allait voir un homme. Et par n’importe quel homme, non. Thanatos. Dire qu’il était spécial aux yeux de Sergueï était un euphémisme. Ce que lui faisait ressentir le jeune homme était une véritable énigme à laquelle Sergueï n’avait toujours pas trouvé la solution. De plus, il ne savait pas exactement pourquoi Thanatos était aussi spécial à ses yeux. Il n’était qu’un jeune homme qu’il avait connu via l’armée, comme des centaines d’autres. Il n’aurait très certainement pas dû le marquer. Il n’aurait même pas dû lui envoyer toutes ces lettres, garder contact, s’attacher. Il n’aurait pas dû sentir une torsion de son ventre en rencontrant pour la première fois le garçon et sa candeur. Il ne devrait probablement pas penser comme cela non plus. Il était un homme bon sang, et de vingt ans son aîné. La question ne se posait même pas, ce n’était que l’amitié entre eux. Comment cela pourrait-il en être autrement ? Il était hétéro, pour l’amour du ciel. Il n’était pas attiré par les hommes. Et oui, son discours semblait un peu homophobe sur les bords, mais il ne l’était pourtant pas. La preuve, il acceptait très bien Thanatos, qui l’était pourtant. Mais juste, pas lui. Non lui, il a été marié durant plusieurs années, il a eu deux filles et il fait des sourires charmants aux femmes. Et il prend soin de lui lorsqu’il prévoit d’avoir un rendez-vous. Et non pas lors d’une consultation médicale. Seigneur, il en devenait tellement ridicule qu’il ne se comprenait plus lui-même. Il avait 45 ans et il se retrouvait obligé de se remettre en question à cause d’un gamin de 26 ans. Le grand n’importe quoi.
Soupirant, il se passa une main sur le visage, se laissant tomber sur son fauteuil. Son esprit s’était un peu échappé durant toute la consultation de son précédent patient, tout ça car il savait qu’ensuite… « M. Vassilievski vous attend. » Son cœur battait douloureusement dans sa poitrine et il remercia distraitement sa secrétaire. Il fallait qu’il arrête d’agir comme un adolescent amouraché. Il n’était plus un adolescent depuis un long moment et bon sang, il n’était pas amouraché. Il était un professionnel, il allait traiter Thanatos comme un autre, faire sa consultation et tout irait très bien dans le meilleur des mondes. Il se répéta cela trois fois dans son esprit avant de se lever, même s’il n’était pas encore très convaincu. Il rabattit son masque de médecin sur son visage, se promettant de ne pas déraper ou de se laisser emporter par des choses qu’il ne comprend définitivement pas. Bien entendu, toutes ses belles résolutions disparurent au moment même où Thanatos fut dans son champ de vision et il avait envie de lui crier dessus, car il était totalement paumé intérieurement et ce, à cause de lui. Il finit par se racler la gorge, signifiant sa présence. Si le jeune homme était là c’était pour une raison – et il espérait sincèrement que ce n’était pas trop grave. « Thanatos ? Bonjour, c’est à toi. » Et voilà, il se retrouvait à être un peu froid et distant car il ne sait pas ce qu’il ressent. Il s’en veut immédiatement, parce que vraiment, Thanatos vaut mieux que ça. Il lui serre poliment la main, et vraiment, vraiment, il fait de son mieux pour ignorer la torsion de son ventre à ce contact. Ce n’est pas pour rien que lorsqu’il le croise dans les couloirs, il fait le plus vite possible.
Il regagne rapidement son bureau, sentant la présence de son ami – est-ce qu’ils sont toujours amis ?- derrière lui. Il est ridicule. Il fait n’importe quoi, il faut vraiment qu’il se reprenne. Thanatos est simplement un patient, qu’il apprécie bien plus que les autres à cause de trois ans de correspondance, c’est tout. Rien de plus et rien de moins. Il ouvre la porte de son cabinet, laisse poliment le jeune homme entrer avant de pénétrer à son tour dans la pièce, refermant la porte derrière lui. Il prend place derrière son bureau, fouillant dans ses papiers jusqu’à trouver le dossier du brun. Cela lui met un coup au cœur en voyant l’épaisseur, et il fait comme si de rien était. « Assied-toi donc et dis-moi ce qui t’amène d’accord ? » Cette fois-ci il lui sourit gentiment, et il plutôt fier de lui. Un patient comme un autre, c’est tout.
Sujet: Re: un beau jour comme ça tu te lèves avec une idée à la con, fouiller les souvenirs et les rêves dans la poubelle à passion. (sergueï) Dim 20 Oct - 1:36
Tais-toi mon cœur
Sergueï ∞ Thanatos
Il est là, il m'a vu. Il n'y a plus aucune échappatoire possible désormais. J'espère que je n'ai pas complètement viré au rouge tomate... J'ose à peine serrer la main qu'il me tend. J'ai l'impression que si je le touche je vais prendre feu. « Thanatos ? Bonjour, c’est à toi. » Sa voix grave vient faire courir des frissons le long de mon dos. Toujours aussi agréable à entendre après toutes ces années, toujours aussi... Non. Non, ce n'est absolument pas le moment de penser à ça. Je me donne une claque mentale avant de me lever, les jambes tremblantes, et de me diriger vers la porte ouverte qu'il m'indique. Lorsque je passe devant lui, des effluves d'after-shave me sautent au visage, et je prends une grande inspiration. C'est toujours le même qu'avant... Une foule de souvenirs se bousculent dans ma tête. Je sens son regard sur moi, tandis que je pénètre dans son cabinet, et mon cœur continue son galop effréné dans ma poitrine. Ça fait longtemps que je n'avais pas autant angoissé. J'ai l'impression que mon corps est en train de se transformer lentement en coton, et heureusement qu'il y a un siège pour moi devant son bureau, parce que sinon je sens que je vais m'étaler par terre et avoir l'air encore plus stupide que ce n'est déjà le cas. Mais je crois qu'au fond, ce que je crains le plus, ce sont les questions qu'il va me poser. Il n'est pas stupide et encore moins aveugle, il va tout de suite deviner que je me suis battu, je sais d'avance que ça ne servira à rien d'essayer de lui mentir là-dessus. De toute façon, je crois que personne ne serait dupe en voyant ma tête. J'ai encore un bleu assez visible sur la pommette gauche et plusieurs contusions qui tirent vers le rouge violacé sur les épaules et le torse, en plus de cette fichue côte qui fait des siennes. Et tout cela fait un mal de chien. Mais je l'ai bien mérité. J'ai tellement honte de moi... Pourtant, je ne devrais pas. Si je n'avais pas trouvé Mnémosyne, ce soir-là, elle se serait faite violer, et peut-être même tuer. Techniquement, je lui ai sauvé la vie. Mais je ne ressens strictement aucune fierté. En fait, j'ai juste envie de m'enterrer. Qu'est-ce que Sergueï va penser... Il doit encore avoir en tête le garçon doux et rêveur qu'il a rencontré à Moscou quelques années auparavant. Celui qui était contre la guerre, haïssait la violence, et n'aurait même pas osé écraser une mouche... J'aurais tellement aimé rester comme ça. Rester l'adolescent candide et rieur d'autrefois, avec ses boucles blondes et ses tee shirts trop grands. Celui à qui Sergueï aimait écrire, celui qui le faisait rire et qu'il appréciait tant. Je me demande s'il a lu mon dossier médical... Vu la tête qu'il fait en le sortant de son tiroir, je pense que oui. Et je ne peux pas m'empêcher de baisser la tête avec affliction pour fixer le bout de mes chaussures. Lorsque j'ai quitté l'armée, il y a quatre ans, il n'avait pas la moindre idée de ce que j'avais, tout comme moi. Et maintenant... Qu'est-ce qu'il peut bien penser de moi ? Peut-être qu'il ne me voit plus du tout comme avant, peut-être même qu'il ne m'apprécie plus. Mon cœur se serre à cette pensée. Ça me rendrait malade. « Assied-toi donc et dis-moi ce qui t’amène d’accord ? » Me dit-il en affichant un sourire aimable. Je relève les yeux vers lui, croisant brièvement son regard, et mes lèvres s'entrouvrent à leur tour en un sourire particulièrement niais. Mon Dieu, je dois avoir l'air tellement stupide, pourvu qu'il n'y prête pas attention. De toute façon, si ça se trouve, il ne se doute même pas une seconde de ce que je ressens pour lui... Ou du moins, ce que je crois ressentir... ce que je ressentais avant... Ah, je ne sais plus ! Je baisse à nouveau les yeux et hoche la tête en silence. Je viens m'asseoir du bout des fesses sur la chaise qu'il m'indique, et croise nerveusement les jambes. Comment vais-je lui expliquer ça. Je cherche mes mots un instant. Le sang bat tellement fort à mes tempes que c'est à peine si je m'entends penser. Fichu cœur. Il n'y a pourtant aucune raison de s'emballer comme ça, ce n'est qu'une simple consultation chez le médecin ! Enfin... Ça, c'est ce dont je voudrais me persuader. « Hum... Eh bien, je... Nom de Dieu, ma voix tremble, c'est tellement pitoyable. Reprends-toi, Than ! Ça fait environ... deux semaines que j'ai mal là. Tout en expliquant, j'esquisse un geste vague vers mon torse. Et ça y est, je pique encore un fard. Je... Crois que j'ai une côte fêlée. Mais je voulais être sûr... » Je relève timidement les yeux vers Sergueï, anxieux à l'idée de ce qu'il va me dire. Si seulement il pouvait juste me prescrire des antidouleurs et me laisser filer, ce serait tellement bien. Mais quelque chose me dit que ça ne va pas se passer comme ça.
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Sujet: Re: un beau jour comme ça tu te lèves avec une idée à la con, fouiller les souvenirs et les rêves dans la poubelle à passion. (sergueï)
un beau jour comme ça tu te lèves avec une idée à la con, fouiller les souvenirs et les rêves dans la poubelle à passion. (sergueï)