Sergueï déteste le jour de son anniversaire. Non pas parce qu’il vieillit ou parce qu’il n’aime pas les fêtes d’anniversaire. Non, il n’aime simplement pas le jour de son anniversaire car sa mère est décédée ce jour-là. Elle lui a donné la vie en perdant la sienne. Sergueï déteste ça. Alors son anniversaire, il le déteste aussi. + Il n’est pas rare de connaître certains problèmes d’entente dans les familles recomposées. Chez les Voliakov, ce n’est pas du tout le cas. Andreïev et Serguei s’entendent à merveille, comme deux frères jumeaux. Toujours à traîner ensemble, malgré leurs cinq ans d’écart. La preuve, lorsqu’Andreïev s’engage dans l’armée à 18 ans, Sergueï le suit sans hésiter, alors qu’il est âgé de 23 ans. Du côté de Demetria, elle a beau être la demi-sœur de Sergueï, ça ne change rien pour lui. Elle est sa petite sœur et il est très protecteur envers elle. Il ne compte plus le nombre de potentiels petits-amis qu’il a déjà fait fuir par un coup d’œil menaçant. Désormais elle est âgée de 36 ans et mariée à un des rares hommes qui n’ont pas fui en rencontrant Sergueï. + Segueï n’a pas toujours voulu être médecin. Lors de ses plus jeunes années, il s’émerveillait sur tout ce qui touchait à l’art. Il s’était même découvert un don pour le dessin, grâce à des cours privés. Il se serait bien vu dessinateur, ou quelque chose du genre. Aujourd’hui encore, cette passion ne l’a jamais quitté. Mais son père était contre cette idée. Selon lui, il était l’aîné de la fratrie, il devait donc montrer l’exemple et choisir un métier convenable pour subvenir aux besoins de sa famille. Alors, Sergueï se tourna vers la médecine, à la joie de son père. Pour être honnête, cela ne le dérange pas vraiment. Il aime aider les autres, et il est plutôt doué dans son domaine. Il ne s’était certes pas imaginé médecin militaire, mais en voyant son petit frère partir pour l’armé, il n’avait pu se résoudre à le laisser. + Sergueï se rappellera toujours le regard empli de fierté de son père lorsqu’il lui apprit avoir atteint le grade de médecin en chef et donc, de colonel. Cela fut une grande joie pour Sergueï, compte tenu de son inaptitude au terrain suite à une blessure à l’âge de 30 ans. Une balle dans la jambe, et son genou ne sut jamais s’en remettre complétement, le laissant avec une jambe quelque peu boiteuse et une incapacité à poursuivre son métier sur le terrain. Affecté à la caserne principale de Moscou, cela ne l’a pas empêché de monter en grade pour finalement atteindre ce poste de médecin en chef. + C’est à 34 ans qu’il se marie. C’est un changement pour lui, qui a pris l’habitude d’être volage. Entre son attitude de charmeur et sa vie de soldat, il ne peut se résoudre à une vie de famille décente. Et pourtant, il se marie finalement à Anastasia, une belle jeune femme de 8 ans sa cadette. Elle est belle avec ses longs cheveux bruns lui tombant dans le dos et ses yeux bleus perçants. Il y a quelque chose qui le dérange, cependant. Il n’arrive pas à mettre le doigt dessus, mais c’est là. Peu importe, il l’aime et il va faire sa vie avec elle. Enfin, il croit qu’il l’aime. + 25 juin 2004, naissance de sa première princesse. Nastassia, le portrait craché de sa mère. Il l’aime dès le premier regard et il sait qu’il fera n’importe quoi pour elle. Dire qu’il la gâte de cadeaux est un euphémisme. Il est totalement dingue de sa fille, et tout le monde se moque gentiment de lui à ce sujet. Mais honnêtement, comment pourrait-il être indifférent ? Elle est magnifique. C’est le sang de son sang, la chair de sa chair et il se promet de l’aimer et de la protéger jusqu’à la fin des temps. C’est trois jours après la naissance de sa fille qu’il se fait tatouer son prénom dans le creux du poignet gauche. + En vérité, Sergueï croit savoir ce qui ne va pas avec sa femme. Il n’en est pas vraiment sûr, et il prie pour que ce ne soit pas cela parce que… et bien, ce n’est juste pas possible. Mais il se pourrait bien que le problème soit que justement, Anastasia est une femme. Ce n’est pas Sergueï est homophobe ou quoi que ce soit. Ça ne le dérange pas, tant que ça n’arrive pas dans sa famille. Il n’aurait jamais pensé qu’il puisse être homosexuel. Mais il ne l’est pas. Bien sûr que non, il ne l’est pas. Il n’est plus un adolescent bon sang, il n’a pas à douter sur ça. Et la façon étrange donc le jeune Thanatos l’attire et bien, ça n’a aucun rapport avec ça. Et puis d’ailleurs, il devrait couper les ponts avec lui. C’est ridicule de s’envoyer des lettres bon sang, on est plus au dix-huitième siècle ! Il se dit ça tout le temps, lorsqu’il prend un papier, un stylo, et qu’il répond au garçon. Garçon. Seigneur, il correspond avec un gamin de 18 ans. C’est officiel, il est devenu un pervers. Enfin non, bien sûr que non vu qu’il n’y a rien entre eux. C’est amical. Juste amical, voilà tout. Alors pourquoi son cœur fait-il un petit bon dans sa poitrine lorsque ses yeux parcourent l’écriture de Thanatos sur le papier ? + 2 janvier 2006, naissance de sa seconde princesse. Il la nomme comme sa mère, Katerina. Son prénom rejoint celui de sa sœur, sur son poignet. Cette fois-ci, elle lui ressemble. Les mêmes yeux, la même bouche, le même nez. Sergueï est heureux, et la première chose qu’il fait lorsqu’il rentre chez lui le soir, c’est répandre sa joie dans la lettre qu’il envoie à Thanatos. Il sent le regard étrange que lui lance sa femme à chaque fois qu’il est occupé à cela, mais il l’ignore soigneusement. Il a déjà bien du mal à faire du tri dans ses pensées et ses sentiments tout seul, alors il préfère ne pas aborder le sujet avec elle. + Inapte. Trois ans qu’ils ne sont pas vu et c’est tout ce que Sergueï trouve à penser. Ce n’est plus le même Thanatos qu’il a en face de lui. Celui-ci est plus mature, plus adulte… plus brisé. C’est avec la force de l’habitude qu’il rédige le rapport médical du jeune homme. Son regard le fait frissonner, et il ne sait pas pourquoi. Il en conclut que ce sont les fantômes qui hantent Thanatos qui lui procure cette sensation. Ça doit être ça. + Voilà, c’est terminé. L’alliance à son doigt n’a plus lieu d’être et c’est la dernière fois qu’il voit ses filles avant un long moment. Il ne regrette pas son divorce. Il ne regrette pas d’avoir accepté le poste en Australie. Il ne regrette rien, vraiment. Enfin si, il regrette de voir ses filles pleurer à l’aéroport, un peu avant son départ. Ça lui fend le cœur en deux et il ne sait plus quoi faire pour les rassurer. Il sait qu’Anastasia prendra soin d’elles, tout comme le reste de sa famille. Mais malgré tout, cela lui fait mal et lorsqu’il s’envole en direction de l’Australie, c’est comme si une partie de son cœur était resté là-bas, avec elles, dans le froid de la Russie. + C’est impossible. Tout bonnement impossible. Qu’elles étaient donc les chances pour que Thanatos soit envoyé dans la clinique où il travaille, en Australie ? Dieu doit très certainement lui en vouloir. Sergueï était presque parvenu à se débarrasser de l’idée qu’il soit potentiellement gay. Mais maintenant que le jeune homme débarque à nouveau dans sa vie, il ne parvient plus à s’enlever l’idée de la tête. Et cette… cette jalousie qu’il ressent lorsqu’il le voit sourire à cet imbécile d’infirmier, et bien ça l’énerve encore plus, parce que ça ne fait que prouver le fait que peut-être, peut-être, il ressent quelque chose pour Thanatos. Mais c’est un homme bon sang, et avec presque vingt ans de moins que lui. Il doit être maudit. Il n’y a pas d’autres moyens. +

Spoiler:

Biiiiienvenuuuue ! (SUBLIME CHOIX DE SCENARIO ! En plus ça fait trop plaisir à Thana/Momo )