« Naughtingan, tu rentres chez toi, ça ne va vraiment pas. - Mais... - Ne discutes pas. Rentres. - je n'en ai pas envie... - Tu vas m'écouter bordel. Rentre chez toi Lenny. » La première fois qu'il m'appelait par mon prénom, je crois qu'il y a quelque chose à faire réfléchir là-dedans. Un soupire et je tourne les talons sortant de son bureau. Je traversai le couloir me rendant au second étage. J'allais devoir rentrer chez moi, ça ne me tentait pas de retourner chez moi, je n'avais pas envie de faire une chute devant Milena. Je poussai la porte et me rendit à ma case, j'étais seul, comme toujours. Je traversai la pièce me rendant jusqu'à ma case. Je l'ouvrai et fixai le fond sans bouger. Je pris mon portable, un nouveau message. Je l'ouvrai et le lut. « Je t'en pris Lenny, dis-moi ce qu'il y a, je n'arrive pas à comprendre ce qui se passe, je ne peux pas vivre comme ça. Si tu ne me trompes pas, qu'est-ce que tu me caches ? J'ai besoin de savoir ce qui se passe avec toi. Je ne peux pas vivre comme ça. Je t'aime, mais j'ai l'impression que toi... Que tu ne m'aimes plus. Tu as beau me dire que ce n'est pas vrai, je ne pense qu'à ça. Lenny, parles-moi, je suis là et tu le sais. » Je poussai un soupire le replaçant sur la tablette. Je passai ma main dans mes cheveux en fermant les yeux. Comment lui cacher encore plus longtemps. Simple : Ne pas rentrer à la maison pour ne pas avoir à l'affronter. Je regardai le miroir sur la porte de ma case, me regardant droit dans les yeux. Ça ne dura pas vraiment longtemps, je n'arrivais même plus à m'affronter. J'avais perdu toute ma vigueur avec l'annonce de cette maladie. Qu'est-ce que j'allais bien pouvoir faire de ma vie, si je n'en profitais même pas. Je ne méritais pas d'avoir Milena à mes côtés, surtout si c'était pour lui mentir à ce point. D'accord, je ne veux pas la faire souffrir, ni la voir souffrir, mais en le disant pas, elle souffre. Et elle souffrirait encore plus si cette maladie me donnait la mort. Je ne savais plus quoi faire. Soudainement, ma tête me fit atrocement souffrir. Mon regard se fixa sur mes mains qui se mirent à bouger de gauche à droite. Tout se mit à bouger autour de moi, je me sentis étourdis et mon corps s'engourdis et je me sentis tomber au sol. Ma main s'accrocha à la porte de ma case et me retrouvai contre elle avant de perdre toute notion et que mon corps percute le sol. Moi, inconscient contre le sol froid. Encore un coup fort de cette maladie étourdissante. Peut-être que je devrais me mettre à cette chimio ou encore la médication... Je ne pouvais pas affronté cette maladie comme j'avais une fois affronté le regard de mon père lorsque sa confiance était tomber. J'espère seulement que personne n'allait me trouver. 

Il devait être... quoi? Seize heures? Je ne savais plus. Quand on travaillait à l'hôpital, on ne voyait plus le temps passer. Des heures s’écoulaient sans qu’on puisse en avoir conscience. Il y avait tant de choses à s’occuper et surtout, les patients en particulier. J’étais dans l’aile de cancérologie, alors les besoins étaient très grands. Mais aussi étrange que cela puisse paraitre, j’aimais cela. J’aimais prendre soin des patients. J’aimais tenter de leur rendre le sourire, même si ce n’était que temporaire. J’étais là pour eux, pour les écouter. Mais en quoi était-ce pertinent pour un dépressif de s’occuper de d’autres patients dans le même état? Eh bien, c’était une excellente question à laquelle je ne pouvais tout simplement pas répondre… Passons.

Lorsque je regardai finalement ma montre, il était seize heures vingt cinq et je réalisai soudainement que j’avais une faim de loup. Cependant, ma collation se trouvait dans ma case, dans les vestiaires. Bon, il me fallait donc traverser une bonne partie de l’hôpital. J’avisai donc mon chef de département que je prenais une pause bien méritée et quittai la salle où je me trouvais. « Au revoir Elisa. » dis-je à ma petite patiente atteint de la leucémie. Elle eut un sourire et moi aussi. Maintenant, direction ma barre tendre! Plus le temps avançait, plus mon ventre gargouillait. En étant infirmier, j’oubliais terriblement souvent de me nourrir et c’était vraiment mal.

J’arrivai quelques minutes plus tard sur les lieux. Pensant me trouver seul, je commençai à fredonner une chanson. Mais je m’arrêtai sec lorsque je vis quelqu’un étendu sur le sol. Sur le coup, je ne reconnus pas la personne, mais je me précipitai vers elle pour la secourir. Lorsque je vis que c’était Lenny, mon meilleur ami, je perdis mon sang froid. « Lenny? Ça va? » lui demandais-je avant de le retourner sur le dos.

Vous savez? Il est toujours plus facile d’évaluer une situation lorsque les sentiments ne sont pas de la partie! Eh bien en ce moment l’amitié était un sentiment et jen e savais plus trop quoi faire de ma personne. J’espérais seulement qu’il se réveille et ouvre les yeux. Mais dans les secondes qui suivirent, ce ne fut pas le cas. Reprenant quelque peu mes esprits, je commençai la première étape du RCR, c'est-à-dire, faire un mouvement sur la personne pour voir si elle était consciente. En l’occurrence, lui pincer l’épaule de mes doigts…

J'étais tombé, encore. J'en avais assez de tomber, mais je ne voulais pas faire vivre cette merde à quelqu'un de mon entourage, surtout pas mon meilleur ami. Je finissais toujours par me réveiller, mais je ne sais pas combien de temps ça peut durer. Peut-être quelques secondes, quelques minutes, quelques heures, je n'en sais rien. je n'en saurai peut-être jamais rien, puisque chaque fois que ça m'arrive, je suis seul, à l'évanouissement et au réveil. Je sentais que cette fois, ça serait déférent. Ne me demandez pas comment je le sais, mais je sais très bien que quand j'ouvrirai les yeux, quelqu'un sera là. J'espérais seulement que ce soit quelqu'un que je ne connaissais pas.

Je pensais à Milena, je pensais à elle, à son sourire, ses cheveux si éclatant. Pourquoi ne pas rentrer à la maison quand à chaque fois on me le demande. Pourquoi est-ce que je me cache d'elle. Pourquoi est-ce que je veux côtoyer d'autres qui sont atteint, comme moi d'une maladie mortelle. Pourquoi est-ce que je m'attarde dans cette hôpital quand je pourrais tranquillement me remettre, du moins essayer, de cette maladie. J'avais tellement de questions auxquelles je n'arrivais pas à avoir des réponses. Celle qui me brûlait en ce moment, c'est qui serait là lorsque j'ouvrirai les yeux. Tant que ce n'est pas Milena ou encore Maximilian, je serai bien. Max est mon meilleur ami, une personne de plus à qui je cache mon cas, mon état aggravé et mon entêtement. Je n'ai pas envie de lui mettre cette histoire sur ces épaules. Je prendrais les siennes sur les miennes, mais hors de question que l'inverse arrive.

Une pression, un tremblement, même une légère douleur. J'agitai les doigts en grimaçant. J'eus comme un choc et le sang ce remit à circuler dans mes membres. J'ouvris légèrement les yeux et levai mon bras droit. J'agrippai cette main qui faisait pression sur moi et la retirai agressivement. Je serrai les dents, la tête qui tourne. Je m'agrippai sur cette personne à côté de moi et me redressai en position assise. Je me laissai tomber sur le côté, m'appuyant contre les case. J'avais toujours ce mal de crâne. Je posai ma main sur mon front et tournai la tête vers lui. Je tournai la tête et ma vision devint plus clair. Merde. Mon coeur s'emballa un peu, j'avais mon meilleur ami, là à me fixer. Je poussai un soupir et tournai les yeux vers le sol. Je n'arrivais plus à le regarder. Depuis le diagnostique, j'étais des plus fuillards, je ne regardais plus personne en face et je n'affrontais plus rien. Combien de temps encore allais-je cacher ma maladie à ceux que j'aime. « Max... Je... J'ai juste eu des mauvaises nuits... Je... Ça va. » Je poussai à nouveau un soupire. Les mensonges, voilà ce que je trouvais à faire.

J’espérais que Lenny réagisse vite. Je ne voulais pas qu’il soit en arrêt cardio-respiratoire. Je sentais la panique m’envahir et ce n’était jamais bon pour sauver la vie de quelqu’un. Certes, j’avais aussi une poussée d’adrénaline. Plus les secondes s’écoulaient plus je reprenais mes esprits. Mais ce n’était pas assez rapide… Je pinçai alors l’épaule du jeune infirmier, espérant fortement une réaction. Quelques secondes plus tard, il finit par grimacer et ses doigts bougèrent. J’eus alors un sourire soulagé. Je n’allais pas perdre mon meilleur ami aujourd’hui.

« Lenny? Est-ce que tu m’entends? Ça va? » lui demandais-je, mais il avait encore l’air sonné. Il s’empara alors de ma main et la retirai agressivement. « Aie! Lenny, c’est moi, Max! » lui dis-je, essayant de le faire revenir à la réalité. Il s’agrippa alors à ma personne et se remit en position assise. À ce moment précis, il sembla me reconnaitre, ce qui me soulagea. Je soupirai alors et m’appuyai contre les cases à mon tour à côté de mon ami. Cette journée avait viré au cauchemar en quelques secondes. Mais maintenant, ça allait un peu mieux. Je me demandais seulement pourquoi il ne semblait pas aller bien et comment se faisait-il qu’il se soit évanoui?

« Max... Je... J'ai juste eu des mauvaises nuits... Je... Ça va.» dit mon meilleur ami en soupirant. Je poussai à nouveau un soupire. Quelque chose me disait qu’il me mentait. On ne tombait pas évanoui dans les vestiaires à cause d’une mauvaise nuit. « Tu ne mens pas à la bonne personne… Je suis infirmier et en plus de cela, je suis ton meilleur ami. Allez crache le morceau! » lui dis-je avec un pauvre sourire.

J’essayais de cacher mon inquiétude, mais en fait, j’étais terrorisé de l’intérieur. Qu’est-ce que Lenny me cachait? J’espérais que ce ne soit pas trop grave. Je tenais à lui comme s’il était le grand frère que je n’avais jamais eu. Cependant, j’avais l’impression qu’il pensait que je ne pouvais pas supporter le choc d’une mauvaise nouvelle. Mais j’étais plus fort qu’il ne le pensait. Je n’allais pas m’effondrer, pas cette fois-ci. Je prenais mes médicaments de façon religieuse et je consultais le plus souvent possible. D’ailleurs, Lenny était une des seules personnes ici en Australie qui connaissait mon secret; cette maladie mentale qui me rongeait de l’intérieur.

Le mensonge est l'énoncé délibéré d'un fait contraire à la vérité, ou encore la dissimulation de la vérité. J'avais délibérément décidé que je ne parlerais pas de ma maladie à mon meilleur ami ou encore à ma fiancé. Je leur cachais la vérité, c'était mon choix, mais est-ce que c'était le bon, voilà la question que je devrais me poser. Mais je ne veux pas, je ne veux pas leur dire la vérité, elle est trop dure pour moi, donc la leur dire serait encore plus dure, je tenais à eux comme s'ils étaient ma propre famille. Je ne pouvais pas me séparer de Max. Il est comme mon frère, il est trop important pour moi, je ne peux pas lui faire ça. Milena serait ma femme si je n'avais pas cette foutu tumeur dans le cerveau, mais à cause d'elle je refuse d'avancer encore plus avec elle.

« Lenny? Est-ce que tu m’entends? Ça va? » Je n'avais pas décelé la voix, je l'avais seulement entendu, j'étais devenu assez violent, je détestais cette façon de me réveiller, mais il n'avait pas eut le choix, surtout que quand j'ai vu qui s'était, je pouvais le comprendre. « Aie! Lenny, c’est moi, Max! » J'étais peut-être aller un peu fort envers lui, physiquement. Je me redressai et poussai un soupire. Je balançai ma tête vers l'arrière, contre la case et fermai les yeux. Je lui cachais encore et encore ce qu'il y avait dans ma tête. Les voix commençaient, mais ce n'était en rien à cause d'une psychose, tout comme ces mots de tête qui me prenait de plus en plus régulièrement. Je n'aimais pas avoir ces maux de tête, ou encore ces absences, ces pertes de consciences.

Mauvaises nuits, voilà mon excuse, mais il ne l'a pas prit, il ne me croit pas. Lenny, réfléchis, vite, il faut que tu te dépêches! « Tu ne mens pas à la bonne personne… Je suis infirmier et en plus de cela, je suis ton meilleur ami. Allez crache le morceau! » Je tournai la tête vers lui et d'un air sérieux, étoufant se soupire que j'avais envie de pousser. « Je te le dis, je ne dors pratiquement plus. Ça ne va pas vraiment bien avec Milena en ce moment, je passe la majorité de mes nuits à la clinique... Je ne dors pratiquement plus. » Je le regardais d'un air franc. Dans ce que je disais, il y avait plusieurs choses qui étaient vrai. Ça allait mal avec Milena en ce moment et je ne pouvais rien y faire, vraiment. Je passais le claire de mon temps à la clinique et je ne dormais pas beaucoup, mais ce n'était pas les causes de ma perte de conscience. Je devais lui faire croire.