« Souviens-toi quand tu étais enfant. Il doit bien y avoir une raison à tes problèmes de drogues ou à ta violence, Manoah. »

Encore une séance psy. Une nouvelle tentative. De l’hypnose cette fois. Il a trop souvent feinté la perte de mémoire de son passé. Mais elle ne marchera pas et aucun mot ne sortira de sa bouche. Le passé appartient toujours à quelqu’un et ce quelqu’un a pour mission de ne pas le dévoiler au premier inconnu. Manoah n’a pas besoin d’un psychologue pour se souvenir. Il vit en permanence avec les souvenir. Il les revit  sans cesse pour trouver ce qui cloche dedans, il se culpabilise de ce qui était rattrapable. Il se torture avec la petite vie de famille bien tranquille qu’ils ont vécue. Ce moment qui a l’air de flotter dans le temps et dont on ne  se rend pas compte de l’importance quand on le possède. La paix, le calme, la routine,… Tout ce que l’humain s’efforce de fuir pour se démarquer. Le jeune homme donnerait tout pour y retourner. L’époque où sa grande sœur était encore en vie. Elle n’était pas bien plus âgée que lui, juste deux ans. Mais elle était belle et aimé. Le genre de fille qui ne vous laisse pas indifférent que ce soit par son physique d’enfant tout droit tombé du ciel ou par sa gentillesse naïve. Mais sa naïveté ou son physique de gamine n’a rien à faire dans cette histoire. Il ne s’agit pas d’un amour démesuré entre frères et sœur, bien qu’il l’ait toujours aimé mais dans la norme, et personne n’a dû remarquer la beauté enchanteresse dont peu d’enfant font preuve. A vrai dire, lui non plus ne s’en était pas rendu compte tout de suite.  Il le remarqua en la voyant s’amaigrir doucement, les cernes s’agrandirent autour des yeux de la gamine malgré ses 12 ans. Ca fit étrange à Manoah au début. Il ne restait jamais collé à elle mais ils avaient beaucoup d’amis en communs. Et leurs questions commencèrent à l’intriguer un peu plus sur l’état de sa sœur. Elle ne quittait plus le lit depuis 3 jours maintenant. Elle est devenu blanche, ne mange presque plus et arrive encore à vomir.  Ce n’est pas arriver en une fois plus d’un an s’est écoulé depuis les premiers symptômes. Il entend parfois sa mère pleurer dans la chambre sans savoir pourquoi. Il essaye de poser des questions mais les grands le repoussent en lui disant qu’il ne comprendrait rien. Il cherche pourtant. Il ne trouve rien. Pour la peine, il va se réfugier dans le lit de sa sœur. Elle lit et commence à lire à voix haute en le sentant se glisser à côté d’elle. Il l’écoutait déballer les mots, il aimait bien ça. Elle prenait plein d’intonations bizarres pour rendre les personnages vivants. Il adorait l’écouter mais il n’était pas venu pour ça. Il veut des réponses et il ne perd pas son objectif de vu.

« Tu vas aller mieux quand ? »
« Je sais pas. Probablement jamais. Maman et papa disent que ça ira mieux si j’y crois mais ils mentent, maman pleure trop pour ça. »
« T’as quoi ? »
« Ils disent que ça s’appelle leucémie et qu’il y a pas grand-chose à faire pour la battre. »
« C’est quoi… ? Leucémie. »

Elle lui expliqua ce que les médecins lui avaient raconté à l’hôpital. Des propos imagés qui facilitèrent sa compréhension mais ce n’était pas plus rassurant. Elle continuait à dire qu’il n’y avait rien à faire et qu’il fallait juste être fort mais il ne put pas quitter sa chambre cette nuit-là. Il resta partager son lit, en l’aidant lorsqu’elle devait vomir. Il venait de comprendre que le temps à deux serait court et il voulait profiter de tous ceux qui suivirent.

Seulement un enfant fait plein d’erreur et reste égoïste par moment. Il ne fut pas le frère modèle qu’il désirait être pour elle. Il eut les premiers remords d’adultes à 14 ans. Il se dit que s’il avait réagis différemment, s’il avait été plus sage avec elle, sa vie aurait peut-être continué plus longtemps. Une heure, un jour, une semaine, un mois,… Elle souffrait depuis longtemps mais il reste égoïste, il a encore besoin d’elle, il ne veut pas la voir loin. C’était elle qui cimentait le couple des deux adultes. Lui n’est là que pour trainer dans leur pattes et sa mère ne se gêne pas pour l’accuser des comportements inappropriés qu’il a pu avoir. Elle a trouvé le parfait coupable qui ne bronche pas et qui croit tout ce qu’elle dit. Si elle est morte aussi tôt, c’est car il n’est pas resté une heure de plus auprès d’elle quand elle l’a demandé, c’est parce qu’il n’a pas pris le même ton qu’elle en lisant son livre préféré,... Le gamin à mi-chemin entre l’adolescence et l’âge adulte commence à ne plus obéir. Il vient de perdre la seule qui le soutenait. Maintenant, il ne fait que s’en prendre plein la figure en voyant sa mère se fatiguer, les cernes prenant possession de ses yeux rougis par les larmes. Elle ne bouge presque plus de sa chambre. Le père, trop peu présent à cet époque pour que Manoah puisse dire que c’était le sien, n’arrivait pas à la faire sortir. Il est à la maison pour une fois mais tout ce qu’il fait est mal fait, ça ne plait pas à la femme désespéré par la perte de son enfant, si précieux. Même l’enfant perdu, qu’il est, cherche à donner un coup de main entre deux joints. C’est les copains qui le lui ont prêté et puis un joint ça ne fait pas de mal. Ca détend l’atmosphère. Ça permet d’oublier le passé, de ne pas se poser de questions sur le futur. Mais le présent, on n’y échappe pas. Personne n’a la chance d’arrêter de penser. Pour que plus rien ne passe dans le cerveau, il faut être mort. Mais il n’a pas ce courage. Pas encore. Il lui faut un modèle. C’est glauque à dire. La mort lui a déjà fauché un être cher mais il ne compte pas aller le récupérer. Sa mère, elle, fait office ‘d’héros’. Il est défoncé…Encore. Un jour banal dans sa vie d’ado de 17 ans. Il rentre dans la salle de bain, sans se soucier de qui peut déjà s’y trouver. Et là, il reprend un peu ses esprits. Sa mère baigne dans une marée de sang. Il ne comprend pas tout. Il a l’impression de tourner au ralentis, c’est peut-être le cas. Appeler les secours, compresser les plaies, attendre que quelqu’un arrive. La nudité de sa mère ne l’a pas préoccupé une seconde. Dans le brouillard des pensées, il espère juste qu’elle s’en sortira.

Seulement les espoirs sont rarement réalité lorsqu’elle concerne la vie et la mort. Elle est restée dans le coma quelques temps mais elle a fini par décéder. Il se sent bizarre. Il n’a rien ressentis. Ni à l’annonce, ni à l’enterrement. Il n’a pas été triste une seconde. Il s’est juste senti vide comme si ce n’était pas important. Comme si ça ne le touchait pas. Il ne se comprend plus. Il sort plus souvent. 18 ans, tout est permis. Les sorties, les folies,… Les filles. Il augmente sa prise de drogue, il diminue sa retenue sur la boisson,il collectionne les belles nanas. Il ne rentre presque plus. L’homme qui veut se faire appelé papa est plus présent. Il veille au grain sur son fils comme il ne la jamais fait pour le reste de sa famille. Ça ne plait pas à Manoah qui ne se gêne pas pour le lui dire. Des mots crus, aucune gentillesse, il n’en mérite pas. Il a regardé les deux femmes de la vie du garçon mourir sans réagir. C’est lui qui a dû tout assumer. Il en viendrait presque à  comprendre sa mère. Et c’est ces mots qui sortent face à l’homme. La première fois où il se fait corriger comme il le faut. Des coups de trop pour l’obliger à ravaler ses mots. Il sourit doucement, il ressent quelques choses. Il ressent la douleur physique. Et son sourire continu à s’agrandir lorsque les coups s’abattent plus fort. Il en vient même par lâcher une larme. Il vit. Et il continue à vivre à fond après cette scène qui se répètera. Il saoul plus sa conscience, il drogue ses sentiments, il explore plus profondément ses sens. Il profite de ne pas ressentir. Il aime ça. Il n’est pas joyeux mais la tristesse n’arrive pas à grand coup de pieds. Il est juste indifférent... Pas assez pour que défoncé à tout ce qui trainait en soirée, il ne réagisse pas à une pique de son père. Trois fois rien un banale : revoilà le zombie. Banale car ce n’était pas la première fois qu’il lui sort cette phrase. Il répond cette fois et les phrases s’enchainent vite, aussi vite que le ton. Il en perd le fil. Un combat de main arrive dès le début. Mais il est différent. Manoah réagit. Il prend le dessus une fraction de seconde. Il reperd la main, il ne sait pas réagir. Il n’arrive pas à inverser les rôles. Il perd doucement conscience. Une overdose selon l’hôpital. La situation a été racontée dans les moindres détails. En tout cas, ceux en sa défaveur. Sa dépendance, son comportement, son manque de sentiments. Et ces cons ont jugés bon de le garder dans l’aile psychiatrique pour un petit séjour. Le temps de le remettre sur les rails. 19 ans et déjà interné. Ce n’est que le premier d’une longue série.

Lorsqu’il fut rétablie ou qu’il en laissa paraitre l’éventualité, le psy le laissa sortir en programmant tout de même des rendez-vous fixes. Aucun soucis les première semaines… Enfin les deux premières semaines. Après tout partis en vrac : mélange médicament/alcool, coupure anormales sur les bras, défonce permanente, oublie du jour passé,… Chaque nouvelle internement et sortie foire un peu plus en beauté que la précédente. C’est triste, il n’a même pas la force d’haïr son père, il n’a pas la force de se réjouir de sa mort d’une crise cardiaque pendant un de ses énième séjour. Il s’en fout complètement,  autant qu’il se fiche du suicide de sa mère. Il se sent minable. Il se considère comme anormal.  Il doit être le seul à voir ses parents mourir en ne sourcillant pas. Il ne montre rien.

« C’est Seth, je vous l’ai déjà dis. Vous devriez bien le retenir. On est que des numéros ici. »

T'es à moiiii ♥

Welcome bébé 8D

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Vinnie

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Toujours à toi Candie.

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