Il parait que la folie est contagieuse...

John & Léona

J’ai cette chanson en tête depuis ce matin. C’est vraiment énervant. Vraiment. A en devenir folle. Le pire, c’est que je ne connais pas les paroles. C’est juste la mélodie. La même mélodie, en boucle, sans arrêt. C’est pas toute la chanson, c’est juste un morceau. Et j’ai qu’une envie, c’est d’hurler une bonne fois pour toute cette partie de la chanson pour enfin la faire sortir de mes pensées. J’en crève d’envie. Mais je peux pas. Parce que je crois qu’il y a déjà suffisamment de cris dans cette aile de l’hôpital pour qu’en plus j’en rajoute. Je soupire, ouvre la porte des toilettes, baisse le bas de ma blouse et m’assoit, me mettant à fredonner. Cinq minutes de pur bonheur. C’est tellement bon de vider sa vessie et pouvoir chanter en même temps. Je vous jure. Bonheur qui est cependant de courte durée. Je me lave les mains et jette un coup d’œil à mon reflet. J’ai les yeux cernés, le teint pâle. J’ai mal dormi. Je suis fatiguée. Mes cheveux commencent à être gras et je n’ai pas eu le temps de me coiffer correctement, ni de me maquiller. En plus, ma tenue n’arrange rien. C’est bien connu, tous les hommes, ou presque, fantasment sur les femmes en blouse blanche. Sauf qu’en vrai, la blouse en question n’a strictement rien de sexy et rien à voir avec ce qu’on peut voir dans les films dit pour adulte. Exit le décolleté et la jupette au raz du cul. Je me colle un truc moche, difforme, et en plus qui tient trop chaud. Mais finalement, c’est pas plus mal. Parce que même comme ça, certains sont capables de me draguer. Alors, j’imagine même pas avec une tenue plus légère. Je soupire une nouvelle fois. M’essuie les mains et jette un coup d’œil à la montre dans ma poche. La journée est loin d’être fini. Et d’ailleurs, j’enchaîne immédiatement avec un patient qui doit aller faire quelques examens complémentaires.
Je jette un denier coup d’œil à mon propre regard, puis quitte les toilettes du personnel, me dirigeant vers el bureau infirmier. Je relis l’agenda de la journée : rendez-vous des patients, examens, injections, consultations, permissions, activités, désinfections… Je transpire déjà d’avance. Je prends un stylo rouge et raye la désinfection de la chambre que j’ai faite juste avant et par la même occasion ce que je m’apprête à faire : ‘accompagner Mr Larnhill pour 10h00 pour des examens complémentaires’. J’inscris mon nom entre parenthèse, histoire que tout le monde sache qui s’en occupe. Je laisse rouler le stylo sur le bureau, prend les papiers nécessaires et m’avance dans le couloir, jusqu’à me retrouver devant la porte pourtant le numéro 13. Si mes souvenirs étaient bons, John Larnhill âgé d’une trentaine d’année était un ancien militaire avec stress post-traumatique, entrée en schizophrénie et un tat d’autres symptômes. Bref, pas un cas des plus léger. Je sors mes clefs de ma poche et après avoir frapper, ouvre. Une chambre d’hôpital normale. Si ce n’est qu’elle est occupée par un patient que la normalité qualifierait d’anormale. Reste à savoir ce qu’est la normalité. Je fais à peine quelques pas, m’avance et sourit. « Bonjour John ! Vous savez pourquoi je suis là n’est-ce pas… Vous êtes près je vais vous accompagner faire quelques examens. »

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