La canicule s’est installée depuis quelques semaines maintenant. Tous les jours, une chaleur étouffante se fait ressentir, c’en est presque dérangeant même si j’aime beaucoup le soleil. Je l’ai toujours beaucoup aimé d’ailleurs, mais depuis deux mois, j’ai appris à apprécier les choses à leur juste valeur. On peut dire que ma vie a réellement commencé il y a deux mois, on peut dire que je peux à présent profiter des vraies choses sans avoir à être enfermée. Pourtant la clinique me manque parfois. Dans des moments où je me sens affreusement seule par exemple, j’ai envie de retrouver les patients ainsi que les médecins et les infirmières. C’est étrange à dire mais à la clinique on s’occupait tellement de moi que j’avais l’impression d’exister, alors que dehors, ce n’est pas toujours le cas. Mais une fois que cette phase est terminée, comme c’est le cas aujourd’hui, je reprends goût à ma nouvelle vie et essaye tant bien que mal d’aller de l’avant. Tous les mardi, mes cours se terminent à quatorze heures et tous les mardi, depuis quelques semaines, je me rend à la clinique. Non pas pour mon rendez-vous hebdomadaire avec le psychiatre, mais pour rendre visite à Jaxon. Nous avons pris l’habitude de nous voir au moins une fois par semaine. C’est un peu comme si on en avait réellement besoin et pour ma part, c’est le cas. Au début je pensais que me rendre à la clinique allait éveiller des mauvais souvenirs, des choses auxquelles je n’ai pas envie de penser mais au contraire, c’est un endroit où j’aime me rendre, surtout pour rendre visite à d’anciens amis patients où à ceux que j’ai connu après, en me rendant à mes rendez-vous. C’est le cas pour lui. Nos moments passés ensemble sont des moments que je sais apprécier et que j’aime apprécier surtout. Assise sur le banc où nous avons l’habitude de nous retrouver tous les mardi à la même heure, je scrute l’horizon en attendant Jaxon. C’est calme, les patients sont sûrement en train de dormir ou réunis dans les pièces communes où l’air est climatisé. Dehors, l’air est chaud, c’est tout de même supportable mais lorsque l’on est malade, un peu moins. Je l’aperçois au loin, sortant du hall. Machinalement, je me lève et m’approche, un sourire fixé à mon visage. Une fois arrivée à sa hauteur, je me penche pour déposer un baiser sur sa joue. Il a l’air d’avoir bonne mine. Je me dirige derrière son fauteuil pour le pousser jusqu’au banc. « Comment tu vas aujourd’hui ? » J’arrête le fauteuil juste en face du banc et m’assois à la même place qu’il y a cinq minutes. Je le regarde, souriante, toujours contente de le voir. « Ils sont tous à la sieste ? »