Le trois mai, en Roumanie.
Vingt et un ans.
Australien.
Toi, tu travailles pas... Tu ne peux pas. Tu survis.
Bisexuel.
En fait, tu crois que tu es célibataire... Mais il serait bien possible qu'
ait une copine, ou un copain...
Tu es trop riche. Ouais, trop.
life slips away.
THIS IS WHO I AM
Toi, on ne t'aime pas. Non, on y arrive pas. Tu es trop gentil, trop naif. Tu souris tout le temps, et pour rien. Tu es là, mais finalement, tu es plus perdu dans tes rêveries qu'autre chose. C'est marrant, parce que tu es comme un enfant. Tu voudrais etre sérieux, mais tu n'y arrives pas, tu voudrais arriver à tenir une conversation plus de cinq minutes sans faire l'idiot, mais c'est difficile aussi. Mais tu n'y peux rien, tu n'es pas un enfant, tu le joues simplement. En réalité, tu as peur. Tous les jours, quand tu te lèves, tu te regardes dans le miroir. Tu t'assures que tu es toujours là, mais tu as peur de disparaitre, de ne plus être toi. Jamais. Cette peur, elle te prend les tripes, elle te tord le ventre. Des fois, tu pleures. Mais tu ne sais pas pourquoi, simplement parce que tu as peur. Tu trembles, tu chouines, tu frissonnes. Tu es plein de fièvres parce que tu as peur, tu ne veux pas disparaitre, tu ne veux pas partir, jamais. C'est toi, qui était là avant, pas lui. Lui, tu ne sais même pas comment il est arrivé là, parce que tu n'es pas comme lui. C'est ce qu'on t'a dit. Toi, tu es plutôt naïf, toi, tu as peur de tout, tu n'aimes pas toucher les autres, tu as peur des hommes, des femmes, des chiens, des chats. Toi, tu es le genre de mec qui crie, crie fort parce qu'il ne veut pas. Tu crises. Oui, c'est ce qu'on t'a dit, tu crises. Toi, tu es ce lui qui se cache derrières des excuses. Tu es celui qui fatigue, tu es celui qui s'accroche à des choses minimes, qui a tendance à se laisser détruire par les autres. Tu es d'une soumission implacable, tu es... Tu es tout ce qu'on aime pas, réellement. Et tu es ce qu'on aime tuer à petit feu. Mais lui... Lui... Lui, c'est toi. Mais ça n'est pas réellement toi. C'est dur à comprendre, mais tu le sais. Tu sais qu'il est là, qu'un jour il peut prendre ta place, lui. C'est toi, ton autre toi. Il est fort, grand, puissant. Il fait presque peur quand il lève le menton et bombe le torse. Il est ton opposé. Il est là pour te protéger, c'est ce qu'on t'a dit oui. En fait, s'il est là, c'est parce que tu es un incapable. Et que tu as besoin de lui. Toi, tu n'y crois pas. Tu ne veux pas avoir besoin de lui, tu ne veux pas. Mais apparemment, tu n'as pas le choix. Non. Lui, il est très fort. Il sourit, et il fait tomber tout le monde. Il plait à tout le monde, cet homme. Parce qu'on a l'impression qu'il est inaccessible, qu'il n'a peur de rien. Tout ce que tu n'es pas. Ca fait peur non... ? Toi, tu as peur de lui, mais lui n'a pas peur de toi. Ca te fait sourire, des fois. Quand on te reconnait dans la rue, et que toi, tu fuis. Ils se trompent sur toi, parce qu'ils le connaissent lui... Tu n'aimes pas ça, mais lui. Si. Il aime ça. |
WHAT'S WRONG WITH ME?
Dossier Médical: « Madame. Votre fils là, il a ce qu'on appelle chez nous un TDI. Trouble dissociatif de l'identité. Il est, malade, oui, si c'est ce que vous voulez savoir. » Cette maladie, elle est grave. C'est ce qu'elle t'a dit ta maman quand tu étais petit. Tu devais avoir dix ans, en fait. Tu ne comprenais pas. La première fois, tu as pleuré, hurlant que tu n'étais pas malade. Une réaction normal diras-tu maintenant. Ta maman, elle t'a gentiment demandé si tu te souvenais de quelque chose. De quand tu n'étais pas toi. Mais là, tu as haussé un sourcil, et la seule chose que tu as demandé c'était "pas moi ?". Non, tu ne te souviens jamais de rien quand il prend possession de ton corps. Oui, parce que pour toi, il prend possession de toi, comme un esprit. Tu ne te souviens pas de ces moments. Des fois, tu te réveilles, tu ne comprends pas pourquoi tu es sur le banc du parc, pourquoi est-ce que tu dors pas dans ton lit. Oui, tu ne te souviens pas de tout ça. C'est bizarre. Parce que tu le connais. Oui, après tout, tu as appris à le connaitre. Et à ce qu'il parait, il te connait aussi. Il peut te juger, il peut dire ce qu'il pense. Cette idée t'effraie réellement, parce que tu as peur de penser ce que tu veux. A ce qu'il parait, il ne peut pas lire dans tes pensées, mais tu as peur quand même oui. Très peur. Et finalement, tu ne sais plus qui tu es, ce que tu es... Et tu seras comme ça pour toujours. Ca ne pourra que s'aggraver. Oui. Jusqu'à ce que tu oublies qui tu es, pour laisser place à quelqu'un d'autre. « Tout fini toujours pas disparaitre, mon amour. »
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