Parfois prendre son pied n'est pas suffisant. Il y a ce moment où on ne peut pas faire autrement que d'être sérieux, on ne peut pas toujours s'amuser avec la vie des gens. Il est clair que majoritairement c'est ce qui fait de moi un excellent médecin mais il faut aussi savoir qu'une tumeur logée dans le cerveau peut-être cause d'un tas d'effets secondaires terribles pour le patient, voir la victime. Je dois refermer à nouveau se patient, la sienne est critique, surement l'un des plus gros cas que j'ai eu depuis mon arrivée ici, qui certes n'est pas non plus très longue. Il est clair que ce .. Jude Winston.. n'a pas de chance, j'ai déjà discuté avec lui, un sportif.. Et là, il va falloir que je lui annonce que je n'ai encore pas pu tout retirer. Je n'avais jamais vu un lymphome aussi gros et aussi risqué à retiré, c'est surement l'un des cas du siècle, c'est moi qui le traite. J'espère que j'arriverais à le soigner, ce type semble être une personne bien. Il est jeune et beau, il ne mérite pas de mourir comme ça, pour un truc qui semble si simple à retirer lorsqu'on est médecin. Mais la saloperie s'accroche et je risquerais d'endommager son système nerveux, il pourrait perdre l'usage de la parole, il pourrait ne plus voir, ne plus pouvoir se mouvoir, et pour lui je crois que pouvoir bouger reste primordial. Je finis cette intervention, après plus de 4 heures à plancher sur son cerveau. Je cicatrise et les infirmières pour le bandage prennent le dessus, il a de la chance, la zone que je doit ouvrir se trouve vers la nuque, on ne verra plus ses cicatrises. On a juste dû raser en bas et le reste est intacte. Je souffle, j'ai envie de pleurer et je ne sais pas pourquoi, je prend des hormones en ce moment et cela bouleverse totalement mon cycle d'émotions. On dirait presque une grossesse nerveuse qu'ont les chiennes en mal de petits. Je me lave les mais en reniflant, il devrait bientôt se réveiller. Pour l'heure je dois me faire une injection. Je tente l'intervention à la fin de le semaine, je veux un enfant et je ne le veux pas à 40 ans. J'ai un bon métier.. je peux l'élever. Je le sais. Pas besoin de père. Je me rend dans la salle de repos et je fais moi même la piqûre.. dans les fesses ce qui est très frustrant et rabaissant. Je prend une petite pause, je lis quelques dossiers, je bois un café et on m'annonce que Jude Winston est réveillé. Je prend mes notes et je me dirige dans sa chambre. Je souris, comme à mon habitude devant mes patients, l'espoir naît d'un simple signe amical. " Bonjour Jude. Je n'ai malheureusement pas de bonne nouvelles, il reste le tiers de la tumeur attachée à vos tissu cérébraux, il faudra plusieurs opérations pour les retirer. Je pense pouvoir le faire, j'espère que vous me faites toujours confiance ? " Je souris, me pointant au bout de son lit, avec mes internes.

Il m'arrivait souvent de me demander : pourquoi moi ? C'est vrai, on est des milliers sur terre et il faut que j'attrape cette chose qui m'empêchait de faire ce que j'aimais et surtout, si on ne retirait pas ce lymphome, mes jours étaient comptés. Le docteur Robinson devait m'opérer aujourd'hui. On venait me chercher dans ma chambre, me préparant pour l'intervention. A force de traîner dans cet hôpital, je commençais à connaitre du monde. J'étais nerveux lorsqu'on me demandait de m'allonger pour l'anéstésie. Est-ce que ça allait marcher ? J'essayais de ne pas me faire trop d'espoir, mais je rêvais de pouvoir retourner avec mon père, on avait tellement de projet, partir en trek tout les deux, sans ma belle-mère qui n'avait que quelques années de plus que moi. Je détestais lorsqu'elle venait me voir, avec ses yeux pleins de pitié là... Je ne supportais pas. Tout fut noir au bout d'un moment, je ne saurais qu'à mon réveil le résultat de cette opération... Si je me réveillais bien sûr...

Je me sentais vaseux, comme si j'avais pris de la drogue ou je ne sais quoi. J'avais cette sensation d'être sur un nuage. J'entendais ce bip incessant qui prouvait que j'étais bel et bien en vie. Et soudain, une infirmière apparaissait dans mon champs de vision, elle était floue et sa voix semblait être loin "Monsieur Winston ? Je vais appeler le docteur Robinson pour qu'il vous donne les résultats de l'opération". A ces mots, mon coeur martelait contre ma poitrine à cause de l'anxiété. Etais-ce fait ? Elle était partie ? J'étais libre ? J'entendais des pas entrer dans ma chambre. Le docteur Robinson était une belle femme : grande, blonde, de beaux yeux bleu et elle était brillante. Je la regardais ainsi que ses internes. De mauvaises nouvelles disait-elle. J'avalais ma salive. Mes espoirs s'envolaient, j'allais encore rester ici. Je restais fort devant toutes ces personnes qui ne me voyaient que comme un vulgaire cas. J'essayais de cacher la déception dans ma voix "Je vois. Je vous fait toujours confiance, vous êtes brillante Docteur Robinson. Combien d'opération faudra-t-il ?" Je voulais me redresser, je tentais de bouger les jambes pour m'aider, mais ces dernières ne semblait pas réagir à mes ordres, elles ne bougeaient pas d'un poil "Non..." Soufflais-je. "Non non non non non, c'est pas possible !" J'essayais à nouveau de les bouger. En vain. "PUTAIN POURQUOI ?!" La colère montait, les internes me regardaient avec de grand yeux ébahis, cela avait le don de me mettre encore plus en colère. Pour un sportif, perdre l'usage de ses jambes, c'était la pire des punitions. Je levais les yeux vers le Docteur "Mes jambes !" Ma voix se brisait entre colère et tristesse.

La pire des choses qui puissent être pour un médecin c'est de faire empirer l'état de son patient. Cela ne m'est encore jamais arrivé, jusqu'à je n'ai jamais tué personne sur ma table d'opération et je n'ai jamais privé qui que se soit d'une partie de lui. Je suis une des plus brillantes chirurgien de mon temps et il faut vivre avec cette notoriété, être parfois interrogée par des magasines scientifiques parler de nos projets et nos causes. Mais c'est une habitude à prendre et je crois que je ne regretterais jamais mon choix d'être un médecin aussi douée. Sans me vanter, après tout, je ne relate que ce que les magasines disent, ce que les autres disent, j'ai cela dans le sang et personne ne peut mieux soigner les gens et notamment le cerveau que moi.

Le cas de Jude Winston est particulier, une longue tumeur, trouvée assez tardivement. D'après les radios, j'(étais persuadée de pouvoir tout enlevée d'un coup, seulement le radios ne montrent pas tout et j'ai loupé une grosseur impressionnante, une des plus grosses de ma carrière. Je n'arrive pas à y croire, c'est juste phénoménale. Le soucis reste que je ne peux pas tout retirer. Je dois m'y prendre à plusieurs reprises pour voir l'état du patient à son réveil, le cerveau c'est comme la roulette russe, on peut tout bousiller en un mouvement, une action. Il me faut voir les constantes.. les actions de Jude pour savoir si je ne fais pas d'erreurs. Je sors d'un bloc un peu déçue de ma prestation, j'étais observée et la pression était présente, je tente toujours de m'éclater, je fais ma passion et moi j'adore retirer des lymphomes de la cervelle des gens. Je me fais après une pause mon injection pour mon don de spermes qui aura lieu bientôt, je veux mettre toutes les chances de mon coté. Puis après l'annonce du réveil de Jude je me dirige dans sa chambre. Je lui souris et je lui annonce la dure nouvelle. Il semble toujours vouloir me faire confiance. Je souris heureuse. Il tente de se redresse et quelque choe le perturbe, il panique. Je tend mon calepin à un interne et j'avance vers lui pour vérifier les perfusions et les appareils. Tout est bon.. Il parle de ses jambes. Je blêmis. Je soulève la couverture et je le pince, il ne sent rien. Je déglutis, je dois pouvoir réparer cela, la tumeur avance plus vite que prévu. Je réfléchis.. j'y tente.. j'ai du mal. Bon.. pas de coup de fatigue, je n'ai pas le droit de faiblir. Je m'avance vers lui en souriant un peu moins certes. " Je programme la prochaine opération pour bientôt, demain si possible, vous vous sentez prêts ? Je répare les lésions que la tumeurs a causé et j'en enlève un autre morceau si je le peux, en attendant on va devoir vous mettre sous traitement, plus lourd, pour être sûr que cela n'attaque rien d'autre. Je suis désolée Jude. " Je déglutis, je le suis vraiment, je le regarde.. quel gâchis. " Je vous promet que d'ici quelques semaines avec de le rééducation vous remarcherez normalement ! Ne perdez pas espoir, je vous en prie ! " Mes émotions prennent toujours le dessus et je prend sa main, pendant qu'on lui branche d'urgence son nouveau traitement.

Je savais très bien que ma vie ne tenait qu'à un fil. La tumeur s'élargissait de plus en plus, lors de la préparation de l'opération, on m'avait bien prévenu qu'opérer en zone cérébrale était très dangereux, que je pourrais perdre l'usage de certains sens. J'étais prévenu et préparé, je connaissais les risques, mais je ne pouvais pas m'empêcher d'espérer. Je voulais pouvoir sortir de cet hôpital, vivre une vie normale, peut-être rencontrer une femme, avoir une famille. Bouger me manquait, j'avais besoin du sport pour pouvoir vivre, je détestais devoir rester là dans ce lit d'hôpital et la promenade, c'était encore pire. Je me réveillais après l'opération, on prévenait aussitôt le docteur Robinson, la femme qui me suivait depuis le début de mon hospitalisation. Elle était douce, j'avais l'impression qu'elle ne se fichait pas de moi et que je n'étais pas seulement un cas pour elle, mais aussi une personne. Je le lisais dans ses yeux, je lisais la compassion lorsqu'elle m'annonçait qu'elle n'avait pas pu retirer toute la tumeur. Je voulais me redresser, mais aussitôt, je sentais quelque chose d'anormal en niveau de mes jambes. Elles refusaient de bouger, ce n'était pas faute d'essayer. Je paniquais, je ne voulais pas être paralisé, je voyais déjà ma vie passer devant mes yeux, coincé dans un fauteuil roulant alors que je ne demandais qu'à bouger, vivre, m'amuser. Le docteur soulevait la couverture pour me les pincer. Je ne sentais absolument rien. Tout un flot de sentiment me traversaient : la colère, la tristesse, le désespoir, la détresse. Je ne voulais pas les perdre, plutôt mourrir que de passer ma vie dans un fauteuil. Je sentais qu'elle était mal pour moi "Oui, faites ce qu'il faut faire". Un traitement plus lourd, je déglutis, je sentais que ça allait être encore la fête avec celui là. On se hâtait autour de moi. Soudain, le docteur Robinson s'emparait de ma main tandis qu'on me branchait pour le nouveau traitement. Elle me promettait que je remarcherais grâce à la rééducation. Je serrais sa main "Docteur... Je préfère mourrir de ce cancer plutôt que d'être paralysé à vie... Alors vous pouvez me faire une promesse ? Si je ne remarche pas, laissez la tumeur me tuer, d'accord ? Promettez le moi !" J'avalais ma salive, plongeant mon regard dans le sien. "Je sais que vous n'êtes pas comme les autres, vous me voyez comme un être humain. Je suis certain que vous pouvez comprendre ce choix, c'est pour ça que je vous le demande".